Freya

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Les vagues pourraient nous emporter, sans que j'ai envie qu'elle ne doive me lâcher.
Comment n'ai-je pas pu voir avant l'évidence de ce qu'elle provoque en moi ?
Je ne résiste pas, et mes doigts jouent avec les siens sans qu'elle semble opposer une quelquonque résistance. Alors en quelques secondes, je me retrouve face à elle, fixant ses lèvres, son regard détaillant les miennes.
Le sable tourbillonant sous l'effet du vent semble nous envelopper pour mieux se laisser emporter. Plus que quelques millimètres, je ne vois plus le reste de son visage, juste sa bouche sur laquelle je veux poser la mienne.
Mes doigts effleurent sa joue, glissant vers cette comissure à laquelle j'ai du mal à résister.
Tout mon corps lui crie de recommencer ce baiser, et alors que je m'apprête à faire le dernier pas, elle baisse mes bras et recule.
Un regard cette fois-ci captant le mien, celui apeuré, celui effrayé d'aller trop loin et d'être blessée.

Mon cœur cogne de douleur quand elle finit par s'éloigner, et l'océan noie mes pieds.
Ma mâchoire tremble, mes doigts enfoncés dans mes paumes, et mes larmes finissent par se mêler aux gouttes d'eau salées.

Cette douleur qui s'insinue, au fond je l'ai bien mérité. Je n'ai rien dit quand elle avait besoin que je lui avoue que depuis longtemps, elle a marqué son empreinte quelque part en moi.
Cet endroit que j'ai retenu de résonner quand Bella émettait l'hypothèse que je puisse lui plaire. Celui que j'ai fait taire à chaque fois qu'elle posait son regard sur moi, ces soirs où elle semblait avoir mal de le voir lui, s'approcher de moi. Combien de fois j'avais voulu la rattraper, pour lui dire de ne pas s'inquiéter? Que de toute façon elle trouverai bien mieux qu'une fille abîmée et un peu paumée ?
Cette résonance que j'ai bâillonné quand il l'a frappé alors que mon cœur venait de s'arrêter et que ma colère menaçait d'éclater.

Alors, aujourd'hui, je ne peux que mériter qu'elle s'en aille loin de moi, parce que quand elle en avait besoin je n'avais jamais été là.
Pourtant j'ai envie d'hurler, que rien ne nous retient plus pour qu'on laisse enfin parler ce qui ne demande qu' à être avoué. Mais au lieu de ça, je laisse l'eau monter jusqu'à mes genoux, et regarde les vagues de plus en plus déchaînées.
En reculant, mes traces de pas s'effacent doucement comme peut être, elle efface ce qui pourtant ne nous a jamais autant relié que maintenant.
La bague tourne sous mon pouce, celle qu'il m'a offert comme pour s'excuser de m'avoir plaqué contre le mur en levant la main et menaçant qu'elle s'abatte sur moi.
Je tire lentement dessus et la jette dans cette eau glacée. Et puis je fixe, cette autre en dessous, bien cachée, que j'ai toujours gardé.

Celle qu' Élie m'avait laissé pendant cette soirée pour fêter mon anniversaire avec toute la bande. Un cadeau chacun, sauf le sien. Elle avait prétexté l'avoir oublié et bizarrement mon cœur s'était serré. Pourtant alors que tout le monde repartait, son ombre avait glissé juste à la fenêtre à côté de la porte refermée.
J'avais attendu de ne plus entendre ses pas dans le gravier et puis quand j'ai ouvert, il y avait une petite boîte déposée :" Ce n'est pas grand chose, et puis ça fait des mois, tu as peut être oublié . "
Quand j'avais ouvert, j'avais plaqué ma main sur ma bouche. Une simple bague , banale pour n'importe qui, sur un stand de brocante. Sauf que ce jour là, j'avais dis à Bella qu'elle me rappelait celle de ma grand mère morte peu de temps au paravant. J'avais trouvé ça un peu bête de faire cette comparaison alors je n'avais pas osé l'acheter.

Aujourd'hui, elle a perdu toute ses couleurs, un peu déformée, mais je n'arrive pas à me dire qu'il me faudrait l'enlever. Je réalise simplement toutes ces choses qu'elle a fait pour moi, et je me dis que oui, encore une fois , je ne la mérite vraiment pas.

"Trop près de Toi" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant