Reviens moi. // Mastu

3

Je reste sur place, impossible de bouger. Je pense qu'il l'a dit assez fort car Valentin débarque.

''Tu ne m'as jamais dit ça ! crie-t-il.

- Je t'ai dit de la merde,comme si j'allais aller chez elle pour récupérer des cartons. Tu crois tout ce qu'on te dit ! "

Les deux hommes commencent à se rapprocher et ce qui me sauve la vie c'est la porte qui claque. Tout le monde regarde Jasmine, les sacs en papier dans les mains. Elle les pose. A son expression du visage, nous pouvons voir qu'elle est en colère. Elle fronce ces sourcils.

''Hors de question ! Dalia reste avec moi à Paris !

- Elle aura un travail stable avec nous ! Elle sera bien entourée par ses amis, elle voyagera. Toi tu lui offre rien de cela.''

Jasmine le déteste depuis qu'il n'est pas venu me voir à l'hôpital pendant ma chimio. Elle,elle était tout le temps à mon chevet. Elle dormait même sur un lit à même le sol pour rester avec moi. Elle m'a tellement soutenu. Un seul des youtubeurs est au courant de mon état de santé et du pourquoi je ne veux plus parler à Théo : Maxime. Jordan, lui, est venu me voir une ou deux fois mais il pensait que c'était pour une appendicite qui s'est aggravée. Les Valentin, eux, n'ont même pas pris la peine de me demander pourquoi j'y étais mais ils venaient me voir très souvent. Théo, lui, on en parlera plus tard.

''Dalia n'est pas quelque chose à acheter avec des billets d'avion, des sweats Unicorn ou même avec un studio ! Moi j'ai toujours été là pour elle abruti ! Non, je ne l'emmène pas dans d'autres pays pour tourner des vidéos, mais je reste près d'elle même pour sa tournée ! J'ai pris des congés pour elle, moi ! ''

Elle insiste bien sur le dernier mot. Je pose ma main sur son épaule et elle me regarde. Elle part en claquant la porte. J'avais les larmes aux yeux.

''Dalia ?''

Valentin s'approche de moi mais je recule. Je ramasse les couvertures qu'il a fait tomber dans le couloir et les lui tend. Je lui donne aussi un sac de repas gras et refroidis. Je prends le mien et pars dans la chambre de mon amie. Je retiens mes pleurs, ma gorge était nouée. Je toque doucement à la porte fleurie et entre. Elle était là, debout, ses bras sur la tête. Elle tournait en rond. Je ne l'avais jamais vu  comme ça. Je repose le sac sur la table de nuit et elle se jette dans mes bras.

''Dalia ma chérie... chuchote-t-elle à mon oreille.

-Merci Jasmine,merci.''

Des cris traversaient les murs de la petite pièce. Des cris masculins. J'éclate en sanglots. Fort, très fort ,ce qui les fait taire. Elle me regardait. Des larmes ruissellent sur ses joues. Elle me sert plus fort encore.

''Dalia,ne pars pas avec lui. Il ne sait pas dans quel état tu es. Il sait pas réagir quand tu as des crises. Il ne sait rien de ta vie,notre vie ! Moi je sais comment te mettre en position, à quelle heure tu dois prendre tes médicaments et tout ce qui va avec !"

Elle touche mes doux cheveux et frotte mon dos. Sa veste sert de mouchoir à l'eau salée qui coule. On s'assoit sur le lit double et elle continue son discours.

'' Tu m'as aidée quand j'étais à la rue, tu m'as accueillie, offert un emploi et m'as pris sous ton aile alors que tu étais au plus bas. Je ne vois plus ma vie sans toi.

-Tu es partie à un moment. Trois sans savoir pourquoi.

-Je sais. Je sais Dalia mais l'amour m'a fait faire trop de mauvais choix.''

Je la regarde et hausse les sourcils.

''Valentin.''

Je pointe la porte du doigt.

''Oui ma puce, ce Valentin. J'ai dessiné tellement de fois ses tatouages du bout de mes doigts, j'ai trop prit de photos de nous, j'ai trop...J'étais juste si bien dans ses bras...''

Elle commence à pleurer à son tour. Je n'ai jamais su pourquoi elle était partie, maintenant j'ai compris la phrase '' Je serais près de toi même si tu ne le vois pas.'' Elle était à Angers,chez Valentin, son ex. Je les imagine très bien tous les deux. Sa peau marron contre une toute blanche. Ses longues tresses noires à côté de ses petits cheveux châtains bouclés. Merde, je suis passée devant ça. Je ne lui avais jamais reproché car elle était toujours avec moi et j'ai compris qu'elle avait comme ''besoin de vacances'' de notre côté.

Je rapproche le sac et lui donne une boîte. Elle l'ouvre et commence à manger. Je dépose tout son menu sur sa table et prend le reste dans ma chambre.

''Je suis dans la salle de bain si tu as besoin.''

Elle hoche la tête et continue de manger. Je ferme la porte doucement et pars poser le papier gras dans ma chambre. Je prend un pyjama au hasard et pars prendre une douche. La porte fermée à clé, je me déshabille. J'enlève une par une mes extensions violettes. Mon regard est planté dans le  miroir, ma bouteille de démaquillant dans la main. J'allume l'eau et rentre. Elle coule sur ma peau tatouée. Mon bras droit est décoré d'un Phœnix, d'un petit ruban noué et d'une constellation. Il est encré en entier, la seule partie de mon corps qui l'est. Après une dizaine de minutes, je range les cheveux dans la boîte spécialisée et lave mes dents. Je ne mangerais pas ce soir. Je pars poser le repas dans la cuisine un petit mot collé dessus.

'' Si vous avez encore faim.''

Je me prend un nouveau verre d'eau. L'autre est dans le salon et je n'ai pas envie d'y retourner. Je l'attrape et me retourne. Il était là, en face de moi, me regardant.