Prologue

157 26 21
                                    

Il tournait en rond. Il ne pouvait faire que cela, enfermé tel un fauve. Il était leur prisonnier, leur bouc émissaire, leur bouquet mystère.

Il n'arrivait plus à ce souvenir pourquoi. Pourquoi était-il là ? Il était dans la Fausse, la cage des fauves. Et il savait que les lions arriveraient bientôt mordre et arracher sa chaire.

Il avait été enfermé à tort. Accusé d'une chose qu'il n'avait pas commise, et pourtant, sa dure sentence allait bientôt s'abattre sur ses frêles épaules.

Il n'était qu'un petit garçon, mais ils n'avaient pas eu pitié de lui.

Demain, ses bourreaux seraient acclamés, sa dépouille huée. Sa mort ferait des heureux, soulagerait les cœurs. Après tout, à leurs yeux, il n'était qu'un assassin, un meurtrier, un sorcier. Quand bien même, il n'était en rien coupable de leur mort.

Et pourtant, il devait accepter ce fardeau en silence. Il n'avait pas le droit de pleurer. Alors qu'à l'intérieur, il hurlait à s'en briser les tympans et sans discontinuité tant la douleur de la perte l'étreignait.

Ça y est. Il se souvenait.

Il était Aishu, ce petit garçon aux cheveux écarlates, dont les parents avaient été tués mystérieusement et sans vergogne. Depuis toujours traité de démon, il n'avait fallu que cela à leurs yeux confirmer qu'il en était bien un.

Après tout, son nom lui-même révélait sa nature. Il signifiait le malin, le mal.

Il n'avait rien voulu de cela, Aishu. Il n'avait rien fait pour naître ainsi, avec ces cheveux écarlate.

Il se laissa tomber à terre, face à son pot où reposait une chrysanthème. Chaque soir, il priait le dieu du bonheur de faire rayonner sa vie à nouveau, mais il n'avait jamais reçu de réponse.

Dans sa culture, la chrysanthème jaune, comme celle face à lui, représentait beaucoup. Elle était pour certains un moyen de parler au dieu de la joie, de lui offrir nos pensées les plus profondes. Mais elle signifiait pour la plupart le bonheur et l'immortalité.

Et bien qu'il priait avec ardeur, c'était comme si le dieu de la joie, Kilakta, était silencieux à ses sollicitudes, à ses appels de détresse.

Il n'avait comme compagnie que cette chrysanthème qu'on lui avait autorisé comme dernier vœu avant son exécution. Cette chrysanthème avait toujours suivi sa route. Elle n'avait jamais fané, comme l'espoir dans son cœur brisé.

Il vit par le trou en haut du mur, quadrillé de barreaux, que le jour prenait fin. Ses teintes orangées venaient lui faire un dernier salut en éclairant sa cellule miteuse et minuscule. Après tout, il n'y avait là que silence, et il semblait être le seul détenu. Il avait eu beau hurler bon nombre de fois, il n'avait là aussi reçue aucune réponse, sauf celle du gardien qui passait aux heures de pointe.

Il s'assit dos au couloir, face à son mur de pierre et à sa fleur qu'il avait posée contre, à même le sol. Et il commença à prier Kilakta, pour la dernière fois de sa vie, car cette dernière, demain, ne serait plus qu'un sombre souvenir.

Chrysanthème [TERMINÉ - PREMIÈRE VERSION]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora