Chapitre 3

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Dimanche 6 août 2017 - Paris 16e

Mattéo avait pris l’habitude de se coucher tôt. Même en plein milieu des vacances scolaires, ses parents, et plus précisément Paul, éteignaient la lumière de sa chambre à 20h30. Rien ne laissait présager qu'une tempête allait bientôt se produire, et pourtant Paul n'arrivait pas à rester assis sagement dans son fauteuil. Un mauvais pressentiment l'envahissait.

***

Dans les vestiaires de la caserne, Luc luttait de toutes ses forces pour ne pas tout casser. Les pompiers avaient beau savoir au début de leur formation qu'il ne fallait jamais s'attacher à ses collègues, qui devenaient souvent au fil du temps des amis, il avait pourtant le coeur gros. Adeline était morte et elle ne reviendrait jamais.

— Luc, ça va ?

Un jeune homme aux cheveux noir comme l'ébène le sortit de ses pensées sombres. C'était son ami et collègue, Christophe Aurel.

— Non, ça ne va pas. - Luc marqua un temps d’arrêt, puis se tourna vers celui qui l'avait rejoint - Comment ça pourrait aller ? Tu m'expliques.

— OK, j'ai compris le message.

Clef à la main, Christophe inspira un grand coup avant d’ouvrir le casier d'Adeline. Ce qu’il découvrit le surpris. Elle qui se montrait généralement froide envers ses collègues, avait en réalité un coeur en or. Son casier reflétait son âme à l'état pur. Des photos d'elle entourée de Paul et Mattéo s'y trouvaient en plus de sa famille de cœur. Christophe ouvrit non sans difficulté la boîte qui prenait la moitié de la place et lorsqu'il vit son contenu, il se tint pour ne pas tomber.

— Christophe, ça va ?

Son collègue lui tendit la boîte pour réponse. Luc y jeta un œil et y découvrit pleins de lettres, de photos ainsi qu'un petit livre illustré fait-maison.

— Oh mon Dieu !

— Ouais. Elle gardait précieusement cette boîte et... Je crois bien qu'elle l'a achetée et remplie au cas-où il lui arriverait quelque chose.

Il ne croyait pas si bien dire. Lorsque Luc déplia une lettre qui leur était destinée, les larmes montèrent aux yeux.

Il était écrit :

Les mecs, je vous aime ! Si vous tenez cette lettre dans vos mains, c'est que je ne fais malheureusement plus partie de ce monde.

Par conséquent, j'ai sûrement dû vous dire que je vous aimais. Ne pleurez pas. Pas pour moi. J'ai vécu une belle vie. Une vie qui n'aurait pas pu être celle de mes rêves sans vous à mes côtés depuis mes 18 ans. Je sais que ça va être dur, mais je vais vous demander d'être fort. Je ne travaillerai peut-être plus avec vous, et je ne peux que comprendre votre douleur, mais imaginez ce que vont ressentir Paul et Mattéo en apprenant ma mort.

 Mon amour que j'aimais tant appeler Mon petit Poucet ne m'entendra plus chanter faux sous la douche et ne verra plus mon sourire. Quant à mon petit choupinou, ça lui brisera le cœur de savoir que son modèle ne reviendra plus.

 Vous avez d'ailleurs sans doute dû apercevoir un livre à l’intérieur de la boîte. C'est pour lui. Je voudrais que vous lui donniez de ma part. Je lui ai raconté mon histoire en tant que sapeur pompier et illustré mes actions lors des mes pauses. Ça lui fera plaisir, j'en suis sûre. Le reste est pour Paul, mon amour de toujours. Ça lui fera certainement mal, mais c'est pour lui. Donnez-lui la boîte, voilà ma demande.

Gardez cette lettre et vivez votre vie à fond. Si vous lisez ceci, c'est que la vie est trop courte, ou du moins elle fut trop courte pour moi.

Le bonheur n'est pas à un nuage prèsDonde viven las historias. Descúbrelo ahora