STRANGER THINGS 4 : Le Monde Renversé (abandonnée)

23. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Maukdale, Illinois

« Tu le penses vraiment, hoqueta Joyce.
— Oui. Nous le pensons tous les trois.
— En effet, je pense que c'est très plausible. J'ai longtemps étudié ce que vous appelez le Monde à l'Envers.
— Moi, j'aurais fait la même chose, à sa place.
— Vous, on vous y aurait jeté, nuance.
— Erica, pour la millièmes fois, sois polie !
— C'est pour détendre l'atmosphère.
— Ça ne marche pas.
— Si, un peu. Plusieurs d'entre-vous la trouvent drôle, moi y compris.
— Merci, la mangeuse d'émotions. »

Murray avait expliqué sa théorie. Joyce n'en revenait pas. D'ailleurs, personne n'en revenait. Aucun d'entre-eux n'avait eu l'audace d'espérer qui restait une chance pour le Chef Hopper.

« Vous pensez qu'il est où, maintenant ? Coincé de l'autre côté ou chez les Russes ?, interrogea Robin.
— Je penche pour les Russes.
— S'il a été avec eux, il n'a probablement eu aucune chance. Ils ne sont pas très commodes, remarqua Steve.
— Certes, mais ils savent qu'il détient des informations sur Eleven, le labo et ses expériences, ainsi que sur le Monde à l'Envers. S'il est bien avec eux, il y a des chances qu'il soit toujours en vie. Par contre, je n'ai pas dit qu'il était en Thalasso. Il doit en baver. Le connaissant, il n'a as dû dire un traître mot. Et même si c'était le cas, nous ne serions plus là pour en discuter.
— Vous pensez qu'ils pourraient nous attaquer ?! Qu'ils voudraient récupérer El ?!, s'affola Joyce.
— Oui, il y a de grands chances, confirma simplement Rupert.
— Et vous, Sam ?
— Je pense que oui. J'avais mis cette hypothèse de côté. Avec les dégâts qu'ils ont subi, je ne pensais pas en entendre parler de si tôt. Mais s'ils ont Jim, les choses sont alors totalement différentes.
— C'est rassurant, tout ça.
— Qu'est-ce qu'il lui ferait, s'ils l'avaient ? »

La voix d'Eleven se fit tremblante. Max passa un bras rassurant autour de ses épaules.

« Nous ne le savons pas. C'est un dur-à-cuir, il s'en sortira.
— Et s'il n'y été pas ? Et si vous vous trompiez ? On risquerait nos vies pour rien, intervint pour la première fois Will.
— Je pense que ma théorie est bonne. Je peux le sentir.
— C'est la vodka qui parle ou vous avez aussi des supers-pouvoirs ?
— Je ne le savais pas aussi agressif, ton fils.
— Je ne veux pas être désobligeant, ni casser vos espoirs, mais je ne veux pas non plus que l'on se retrouve à nouveau en danger. On a assez subit, vous ne pensez pas ?
— Je sais, mon chéri, et je suis d'accord. Mais imagine un instant qu'Hopper soit là-bas ? Ou s'il n'y est pas, qui nous dit que le calme persévéra ? Si ce qu'ils disent est vrai, nous ne serons bientôt plus en sécurité nul part. »

Will regarda sa mère avec une expression déchirée. Il ne voulait pas la décevoir en lui avouant qu'il avait peur de réveiller en lui ses plus vieux démons et que le cauchemar reprenne comme s'il ne s'était jamais arrêté, même si l'idée d'y mettre fin le tentée sacrément.

« Will, commença Mike, on s'en est toujours plutôt bien sorti, tu ne trouves pas ? Cette fois, si nous attaquons les premiers, je suis certain que tout le monde s'en sortira indemne.
— Vous oubliez un souci. C'est bien pratique que les deux plans se rejoignent, mais cette jeune fille n'a plus ses pouvoirs, et Alison risquera sa vie pour un inconnu.
— Si cet homme, qui a l'air sacrément cool, est important pour Eleven, alors il l'est pour moi aussi. Et je ne dis pas ça parce que je ressens ses sentiments. Pour ce qui est de mon état de santé, personne, je dis bien personne, n'a le droit de dire quoi que ce soit.
— C'est vraiment ce que tu veux ? Tu ne lâcheras jamais l'affaire ?
— Jamais. Ce qu'ils nous ont fait subir, ils ne le feront plus. Les Russes ne prendront pas la relève. Ils ne détruiront plus aucune vie, ni famille. Je veux venger la mort de mes parents. Ils comprendront tous, armées, scientifiques, qu'ils doivent cesser le massacre.
— Tu as connu tes parents ?, questionna Eleven.
— Oui, peu de temps. Mon père faisait parti d'une équipe, celle avant Brenner, et ma mère a fait comme la tienne. Ce qui n'était pas prévu était qu'ils tomberaient amoureux. Ma mère est tombée enceinte de moi. Mon père était jeune, mais il a réalisé à temps qu'il n'était pas du bon côté de la science, et il a sorti ma mère de là. Ils ont réussi à fuir à Florence, en Italie. J'avais cinq ans quand ils nous ont retrouvés.
— Que s'est-il passé, ensuite ?, demanda Jonathan.
— Ils ont exécutés mes parents devant moi, et m'ont emmenés avec eux. Ils ont couvert l'affaire en faisant passer mon père pour un scientifique devenu fou, qui aurait craqué et abattu sa propre famille, avant de mettre fin à ses jours. »

Alison ne laissait pas paraître sa peine, mais on avait le loisir de lire sa haine dans ses yeux. Kali trouva, qu'à ce moment précis, elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, et elle comprit qu'elle avait pris sa décision depuis trop longtemps et qu'elle ne reculerait devant rien. Kali se promit d'en faire de même.

La petite brune sentit de la peine et de la compassion émaner de tous, même d'Erica. Elle rompit ce silence accablant, qu'elle trouvait trop lourd à ressentir.

« Pour ce qui est du Monde à l'Envers, si j'arrive à contrôler celui que vous appelez le Flagelleur, on pourra s'en servir pour les arrêter. Ce n'est plus lui, le danger.
— Tu es sûre de toi ? Et si tu es trop faible et que tu flanches au moment crucial ? On fera quoi si tu n'y arrives pas à temps ? Même El, en possession de tous ses pouvoirs, n'arrivera jamais à le détruire, et on se retrouva attaqué de tous les côtés. »

Pour la première fois, Alison prêta attention à ce garçon qui avait su survive des jours de l'autre côté, et ce qui la frappa ne fut pas ses émotions, qu'elle aurait pensé en proie à des tourments et à des lamentations, mais un tourbillon noir qui l'emporta dans le néant. Son nez se mit à saigner de ses deux orifices, et ses yeux brillants de panique s'écarquillèrent.

« Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? » balbutia-t-elle, avant de s'écrouler sous les regards éberlués.