STRANGER THINGS 4 : Le Monde Renversé (abandonnée)

30. Discussion entre filles

Forêt de Shawnee, Illinois

Les trois jeunes femmes étaient exténuées et dépitées. Cela faisait près d'une semaine qu'elles étaient chez Murray et elles n'étaient parvenues à aucune amélioration de l'état d'Eleven : elle était aussi rouillée que le métal qui confectionnait la cabane. Eleven et Alison étaient avachies sur le canapé et Kali face à elles, sur le fauteuil délabré - qui fût un temps devait être beige -. Toutes les trois réfléchissaient sur les solutions qui leur restaient.

« Le test de la canette ne marche pas, commença Alison, tu n'arrives plus à faire de voyages astraux et tu ne saignes même plus du nez. On aurait dû accepter l'aide du Doc, non ?
- Non, répondit sèchement Kali, ce n'est pas de tests scientifiques et de machines dont Jane a besoin.
- Alors de quoi ? Même une feuille, elle n'arrive plus à la faire bouger ! Owens devrait peut-être l'étudier...
- Comment tu oses dire ça ?! s'offusqua Kali en se redressant. Après tout ce qu'on a vécu !
- Il n'est pas comme les autres, je le sais. On a tout essayé ! La canette, les photos du Shérif et des autres, l'énerver pour faire ressortir ses forces, mais toujours rien ! Qu'est-ce qu'il nous reste, Kali ? »

Eleven écoutait ses sœurs se disputer sans ne savoir quoi dire ou faire pour les rassurer. Ces derniers jours passaient avec elles furent difficiles. Non seulement, cohabiter dans un espace restreint entre filles n'était pas des plus simples, mais surtout, elle savait, qu'au fond, elles les décevaient. Savoir que les autres seraient déçus d'elle aussi la rongeait, effaçant à petit feu le peu de confiance et d'espoir qui subsistait encore en elle.

« On essaiera le bain de privations sensorielles, dit Kali.
- Et si ça ne marche pas ? » s'enquit Alison.

Elle se retourna vers Eleven, qui avait la tête baissée et appuyée contre ses genoux qu'elle avait ramené contre son buste, et avoua la théorie qui la tracassait depuis qu'elle avait appris l'histoire que la jeune fille avait vécu l'été dernier.

« El, regardes-moi, s'il te plaît » fit-elle d'une voix douce.
La jeune fille s'exécuta et exposa son regard embué de larmes, insufflant de la peine soupoudrée d'un soupçon de pitié à ses sœurs.

« N'as-tu jamais pensé que, quand tu t'aies faite mordre et que cette chose a pénétré tes chairs, le Flagelleur Mental en ait profité pour te déposséder de tes pouvoirs ?
- Qu-quoi ? bégaya Eleven, l'air boulversé. Non !
- Je ne veux pas te faire peur, mais elle n'a peut-être pas tort, ajouta Kali. Quand vous avez refermé le Portail, vous avez coincé le Flagelleur de l'autre côté...tes pouvoirs avec.
- Ce qui veut dire que si on le libère, El pourra récupérer ses pouvoirs !, s'exclama Alison.
- Le libérer ne veut pas dire qu'il serait enclin à lui restituer ses pouvoirs, la calma Kali.
- Mais ça, je pourrai l'obliger à le faire !
- Sauf que sans les pouvoirs de Jane, il nous est impossible d'ouvrir le Portail, Ali.
- Ah... c'est vrai. Dans tous les cas, on revient au même point, constata pitoyeusement la petite brune. On attend les autre et c'est parti pour le bain... »

[...]

Les filles avaient déjeunées dans le silence le plus complet, toujours installées sur le canapé et le fauteuil.

Eleven n'avait plus pipé un seul mot depuis qu'Alison et Kali avait exposé leur théorie. Si cette dernière s'avérait véridique, ils étaient tous fichus. Elle n'avait jamais été maîtresse de son destin. Depuis sa naissance. Elle se persuadait qu'elle avait brisé beaucoup trop de vies. Celle de sa mère en premier. Quand elle vit ses deux sœurs devant chez elle, elle avait senti un souffle lointain, froid et austère, lui rappelait qu'elle ne devait plus espérer ; jamais elle n'aurait droit au bonheur dans son intégralité. Bientôt, elle verrait ses proches tant aimés disparaître, sans qu'elle ne puisse rien faire. Elle n'aurait jamais dû entrer dans leur vie, elle qui ne répendait sur son passage que malheurs et douleurs.