Partie 5

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Deux jours que je n'avais pas touché une goutte d'alcool, j'en avais la tremblote. J'obtins des affaires de rechange et du liquide pour partir. Pour plus de prudence, on me transféra sur la ville de Marrakech. Un chauffeur me déposa à l'aéroport pour décoller dans la matinée. J'étais de nouveau clean aux yeux de la société, un nouveau départ, un RESET.

Il était temps d'enregistrer les bagages, les lieux étaient bondés. Le retour s'annonçait difficile pour les touristes au teint hâlé grâce à la magie du soleil marocain. Ces beaux bronzages feront des jaloux le lundi devant le distributeur de café. Et moi que ferai-je de mes longues journées brumeuses et pluvieuses à Paris ? Je flânerai à Odéon sûrement, à la recherche de mes vieilles connaissances. Toute cette diaspora marocaine qui soi-disant étudie pour revenir apporter la lumière au pays.

La queue au contrôle de police était interminable, j'en aurai bien profité pour aller au petit coin avant d'entamer la galère. Les dernières paroles du moustachu me revenaient sans cesse à l'esprit, elles s'étaient imprégnées dans mon cerveau comme des chinois à la conquête du monde. Ce fameux mektoub dont je bénéficiais : je devais faire acte de réparation et aider les plus démunis de mon pays au lieu de constamment fuir. Pourquoi pas ? C'est évident que je serai plus utile libre qu'en prison. Mais bon l'heure était à la recherche du vide. Partir pour mieux revenir. J'avais réellement besoin de me retrouver avant d'apprendre à sentir les besoins des autres.
Au retour de la salle d'eau, soudain, une femme m'interpella, une femme vêtue de blanc de la tête au pied, son visage était radieux.

— Monsieur vous avez fait tomber un billet de votre veste !

— Ah, merci, les gens honnêtes sont bien rares ! lui rétorquai-je.

Elle s'avança vers moi avec un charme monstrueux, sa démarche était d'une élégance ensorcelante, j'en étais déstabilisé. Son visage ovale était délimité par un voile d'une blancheur éblouissante, le contraste avec ses yeux noirs ténébreux me donnait la chair de poule. Le temps s'était rallongé du moment où elle s'était baissée pour prendre le billet et sa marche déterminée pour me le rendre : je n'ai pas bougé d'un iota. Sa main frôla la mienne et elle me remit le billet. Elle s'approcha de plus près encore et me murmura à l'oreille.

— Justice.

L'instant d'après j'étais à terre. Je venais de prendre un coup de couteau en plein sternum ! Je ne vis rien venir ! Elle prit soin de reprendre la lame, sa technique était imparable. Je n'osai dire un mot et la laissai quitter les lieux calmement. Au fur et à mesure qu'elle prenait le large, je sentais mon corps se vider de son sang. Dans cet aéroport bondé, j'étais sereinement en train de passer de l'autre côté. Jamais je n'aurais imaginé finir de la sorte.

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⏰ Last updated: Sep 19, 2019 ⏰

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Fils à papaWhere stories live. Discover now