Chapitre 1: Un nouveau foyer

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2010, Sud Africa
Pretoria

Aussi loin que je me souvienne, la solitude avait toujours été ma fidèle compagne. Abandonnée très tôt, j'ai du apprendre à me débrouiller seule, ce qui a sans doute déclenché cette relation solitaire. Mais curieusement la solitude m'avait apporté beaucoup. Elle m'avait permis de me connaitre davantage, de me découvrir en profondeur. J'ai appris à écouter mes pensées et mes émotions, à développer une relation avec moi-même. Cette introspection m'avait aidé à comprendre mes forces et mes faiblesses, mes désirs et mes aspirations. Puis d'ouvrir les yeux sur les autres. Derrière les sourires factices et les masques soigneusement arborés, j'avais commencé à percevoir l'anxiété et le désarroi qui tapissaient dans l'ombre chez les individus que je croisais.

La solitude m'avait octroyé le don de l'empathie, de ressentir et de comprendre la détresse des autres. Néanmoins elle m'avait aussi rappelé l'importance d'etre présent pour eux, de leur offrir ne serait-ce qu'un simple sourire ou une oreille attentive. Parce que parfois, même derrière les plus beaux sourires, se cachaient des douleurs insoupçonnées.

Cependant, malgré cette acceptation de la solitude et la croissance personnelle qui en découlait, il se passait des moments où la douleur de l'isolement se faisait sentir. Dés fois j'eus l'impression que je m'engouffrai dans un abysse de ténèbres infini. Ça m'entravait, me consumait, et puis subitement l'étau se resserrait, me laissant immergé de tout ce sentiment de vide. Sensation qui m'étouffait, d'ailleurs, de jour en jour. Je ressentis parfois un besoin profond de partager des moments de joie et de connexion avec d'autres individus. Par moment je réagis comme si j'étais dépourvue de tout cet atmosphère de bienveillance et chaleureuse, un cocon familial en somme, même si je fus loin d'en manquer . J'avais une famille, une famille qui m'a été brutalement arrachée, me plongeant dans un gouffre infernal.

Mais tout cela fut avant.

Avant d'immerger involontairement dans les ténèbres, engloutissant les âmes errantes, celles-ci semblèrent attendre un phare lumineux, qui pourrait dissiper les ombres qui les enveloppaient. Leur présence énigmatique suscitait en moi une intrigue insatiable, m'invitant à plonger au plus profond de cet univers mystérieux. Leurs silhouettes portaient le fardeau de secrets insondables, désireuses de trouver une délivrance. Leurs yeux reflétaient la détresse et l'espoir, faisant naitre en moi une volonté irrépressible de percer leur mystère. Telle une exploratrice avide de vérité, j'avais continué à m'enfoncer dans l'obscurité, à la recherche de ce phare lumineux qui guiderait ces âmes égarées vers la sortie. Chaque pas que je franchissais révélait un indice, une parcelle de leur histoire qui se dévoilait peu à peu.

Dans cette aventure fascinante, j'avais découvert bien plus que des âmes perdues. J'avais trouvé ma propre lumière intérieure, celle qui illuminait le chemin des autres.

Ce fut un jour, une matinée qui restera encrée dans ma mémoire. Je me rappelais de chaque détail, chaque infime particule de mots échangés.

- Malia, accompagne-moi au bureau.

Cette annonce me prit au dépourvu, brisant ma concentration. En relevant les yeux de mon livre, j'aperçu Madame Meyer , la directrice de l'orphelinat. La cinquantaine se reflétait dans ses traits délicats, défiant le temps. Son chignon impeccable retenait ses cheveux grisonnants, et sans cela , il aurait été difficile de deviner son âge avancé. Bien que je voulais me plonger dans les détails de cette annonce, je fus curieux d'en savoir davantage sur ce sujet.

Je décidai alors de la suivre sans émettre la moindre protestation. Cependant, une inquiétude grandit en moi quant à la raison de sa convocation. Jusqu'à ce jour je me suis toujours comportée exemplairement, alors qu'aurait-elle à me parler ? Des questions se bousculaient dans mon esprit, m'obligeant à envisager divers scénarios. La perspective de devoir affronter les conséquences d'une quelconque faute de ma part me remplissait d'appréhension, mais je devais néanmoins rester calme et attendre de pouvoir prendre connaissance du motif de cet appel.
Soudain, comme si elle avait intercepté les tréfonds de ma pensée , droit devant moi, elle crut bon d'ajouter :

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⏰ Last updated: Mar 25 ⏰

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DANS L'OMBREWhere stories live. Discover now