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Cela faisait désormais plusieurs dizaines de minutes que nous déambulions dans les ruelles de mon nouveau village, nous passions devant tout un tas de lieux connus d'Octavia, qui ne se gênait pas pour me raconter des petites anecdotes sur chacun d'entre eux et s'en amusait beaucoup. Nous avions vu les commerces les plus basiques, et lorsque nous passions devant la pharmacie une fine pluie nous surprit, ce qui nous poussa à accélérer le pas. La petite pluie se transforma très vite en orage et nous fûmes obligées de courir à grandes enjambées sur les pavés clairs du village, qui nous conduisirent jusqu'à l'hôtel où nous arrivâmes une quinzaine de minutes plus tard totalement trempées de la tête aux pieds.
Une fois à l'intérieur, on se précipita dans son studio afin de se sécher et on s'exécuta non sans rire.

La journée était passée à une vitesse folle, Octavia m'avait présenté la jeune femme qui la remplacerait cette semaine et qui se nommait Anya, elle semblait un peu plus âgée que nous mais nous nous sommes plutôt bien entendues. Nous avions ensuite joué à des jeux de société et discuté de choses et d'autres, interrompues de temps à autres par les nouveaux clients.
Le soleil était sur le point de se coucher quand une envie de cigarette me prit, je récupérai donc mon paquet dans mon sac et montai sur le toit. Une brise légèrement fraîche venait remplacer la pluie lorsque je poussai la porte, une odeur agréable d'après pluie vint titiller mes narines et je ne pus m'empêcher d'inhaler cet air à plein poumons. J'allai m'accouder à la rambarde, regardant le soleil sombrer doucement, mais des bruits de pas vinrent rapidement interrompre ma contemplation. Une longue chevelure brune s'introduisit dans mon champ de vision et sa propriétaire s'appuya contre la rambarde, imitant ma position. Je l'ignorai et ouvrit mon paquet de cigarettes, je me saisis de l'une d'elles et la plaçai entre mes lèvres. En fouillant mes poches je me rendis compte que je n'avais pas pris mon briquet, je m'insultai mentalement avant de me tourner légèrement vers la gauche. De la fumée émanait de devant son visage aux traits fins, ses yeux étaient perdus dans le paysage et elle répétait les mêmes gestes de manière quasi robotique : elle tirait sur sa cigarette, la dégageait de ses lèvres à l'aide de sa main droite, exhalait la fumée et la plaçait de nouveau entre ses lèvres.

- Tu pourrais me dépanner d'un briquet s'il te plaît ? demandai-je poliment.

Elle resta immobile quelques secondes avant de me tendre l'objet. Je la remerciai et allumai ma cigarette avant de le lui rendre. Ce fut le moment où elle termina la sienne, elle l'écrasa dans le cendrier du salon de jardin et tourna les talons. Je soupirai, ne dira-t-elle donc jamais un mot à mon égard ? À cette pensée je tirai sur ma cigarette à peine entamée, quand une voix me sortit de mes songes.

- Bonne soirée, dit-elle doucement.

Le bruit de ses pas s'éloigna encore en diminuant d'intensité jusqu'à totalement disparaître. Au bruit de la porte qui se referma, je laissai échapper un souffle que je ne savais même pas avoir retenu.

La couleur de son âme (Clexa AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant