Un boss encombrant

37-Dîner Parental

Je repasse une fois de plus les plis de ma robe droite noire arrivant aux genoux. J'inspecte ma coiffure dans le miroir du couloir. J'ai opté pour un détaché de mon tissage bouclé châtain qui m'arrive au milieu du dos et mon maquillage reste sobre: de l'eleyeliner, des yeux marron pailleté et du gloss. Inspiré, expiré, je ne fais que ça depuis trente minutes. Je suis affreusement stressée de rencontrer la famille de Davis depuis tous ces mois. C'est comme je m'y étais attendu, la semaine est passée trop vite. Je n'ai pas pu profiter de mes moments sans Davis. Entre les appels incessants de mes parents, les visites intempestives de mon frère, les retrouvailles avec Ethan, les tentatives de communication de Chloé et le stalk de Neil, j'ai pas eu une minute à moi. La semaine m'a complètement exténuée et là, je me retrouve face à une autre épreuve morale, une rencontre avec les parents de Davis dont je ne sais rien.

_Ils ne vont pas te manger, me confie une voix derrière moi.

Un sourire crispé se dessine sur mon visage et mon reflet le renvoie à mon interlocuteur. Stacy est vraiment une jeune fille géniale et elle a toujours les bons mots pour moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle.

_C'est bon, vous êtes prêts ?, lance Davis en apparaissant au bout du couloir.

Il jette un coup d'œil à sa montre de luxe comme pour nous indiquer qu'il nous reste peu de temps. Mon ex-patron porte un costume deux pièces bleu marine bien coupé qui lui va comme un gant et une chemise blanche légèrement ouverte sur son torse hâlé et imberbe. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules. Je le détaille de haut en bas et de bas en haut en m'attardant malheureusement sur la vision de son torse qui me donne envie de le caresser. Inconsciemment, je me passe la langue sur les lèvres pour les humidifier et je sens le regard brûlant de Davis peser sur moi. Merde ! Où sont mes bonnes résolutions ? Apparemment, elles se sont envolées avec mon impassibilité quand j'entends ma voix légèrement éraillée bredouiller une réponse affirmative à Davis. On se prépare à quitter la maison mais le regard du père de mon enfant qui a l'air de chercher quelque chose me stoppe dans mon élan d'ouvrir la porte d'entrée.

_Tu cherches quelque chose Davis ?, lui demandai-je intriguée.

_Où est ton sac ?, me répond-il par une autre interrogation.

_Bah dans ma main, l'exhibai-je n'y comprenant strictement rien.

_Non, ton sac d'affaires pour demain.

_Demain...., répétai-je à haute voix pour comprendre la situation.

_Nous dormons chez mes parents ce soir. Pourquoi crois-tu que j'ai demandé au voisin de venir nourrir Black en notre absence ?

_Je n'avais pas compris, rétorquai-je incrédule . Mais pourquoi...

_Bref, on a pas le temps, m'interrompt-il. Je te prêterai des affaires.

_Des vêtements à toi !?, blêmis-je.

_Oui, pas la peine de faire cette tête, je n'ai pas la galle, lève-t-il les yeux au ciel devant mon visage tout à coup devenu livide. Tu me parais bien agitée tout d'un coup, tu es sûre que ça va ?, s'enquiert-il en se rapprochant de moi.

Il pose une main sur mon front et je frissonne à son contact, me prouvant bien à moi-même qu'il me fait de l'effet même si je produis un effort monstre pour l'ignorer.

_Je...ça va, me reculai-je d'un bon mètre. Allons y.

Davis hausse nonchalamment les épaules et s'avance jusqu'à la porte d'entrée. Toute la petite famille se dirige vers sa petite limousine et nous y grimpons. Ses parents vivent dans une maison à l'extérieur de la ville, un peu dans les bois. C'est à environ une heure de route de cette maison. Je n'ai pas particulièrement hâte de rencontrer la future grand mère et le futur grand père mais j'essaie de m'accomoder. Les enfants m'ont raconté de terribles choses à leur sujet. Surtout concernant la mère de Davis. J'ai entendu dire que c'était une vieille femme acariâtre qui détestait tout le monde et qui irritait aussi tout le monde. Ses petits enfants ne se souvenaient pas l'avoir vu sourire une seule fois. Elle se contentait simplement de répéter à son fils le manque d'éducation de sa progéniture et d'obliger Tyler qui prenait des leçons de piano à jouer un morceau. Ces informations ne me rassurent guère , bien au contraire. Je m'en trouve plus stressée.