Jour solitaire

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La fenêtre est fermée depuis plusieurs jours. Le gobelin n'est pas là. Je me demande où il est. Sa chanson ne me manque pas. Or me voilà qui la fredonne dans ma tête, malgré moi. Je tente de la remplacer par une ritournelle plus gaie, en vain. Je fouille mes souvenirs, mais ne parviens à extraire qu'un gouffre obscur dans lequel résonnent des pas hésitants et pourtant si familiers. Il est là. Il a toujours été là.

Je m'interroge sur ma condition : ai-je moi aussi toujours existé dans cet état de mort ajournée ? Ou de vie suspendue ? Peu importe, les deux renvoient à cette même condition de néant qui n'en finit pas.

Ma seule distraction : ces pensées qui fusent, exaltées sans doute par l'étroitesse de cette prison corporelle inerte.

Des pensées indociles à mon goût, qui me ramènent systématiquement à ces « voleurs de baisers »... qui sont-ils donc ? Pourquoi m'en garder ? À quoi ressemble un baiser volé ? Ai-je vraiment envie de le savoir ?

Si je pouvais savoir sans subir, alors mille fois oui.

Mais pour comprendre que le fruit est empoisonné, ne faut-il pas y avoir goûté ?




Journal d'une comateuseOnde histórias criam vida. Descubra agora