Chapitre 7 - L'ennemie

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Lucas ne dormit pas cette nuit là. Lorsqu'il se rendit aux écuries au petit matin, il scella lui-même son cheval, en compagnie de son fidèle ami. Ils ne virent pas l'homme caché dans le grenier à grain, au dessus des montures, et partirent rapidement. Reconnaissant leur prince, les gardes les saluèrent à leur passage, et s'écartèrent sans aucune hésitation.

Ils chevauchèrent côte à côte en silence durant une bonne partie de la journée, profitant du calme et de la beauté de la forêt. Cette partie là n'était pas dangereuse. Il l'avait nettoyé quelques années auparavant, et les bandits et les mécréants s'étaient dirigés plus au Sud et à l'Est du pays, là où les patrouilles étaient moins fréquentes, et les bois plus denses.

— Par où traverserons-nous la grande rivière ? Finit par demander Valentin.

— Nous devons rester discret. Nous ne pouvons la traverser par le pont de Crourois. Il nous faut passer par un autre endroit.

— Vous avez des suggestions ?

— Faisons un détour par les Terres de l'Ouest. Le Roi Ildor est neutre dans ce conflit. Nous ne sommes que deux. Nous pourrons la franchir sans craindre d'être arrêtés.

Il leur fallu deux jours de plus pour arriver à passer en territoire ennemi. La forêt qui s'étendait sur une petite partie des terres d'Ovra était encore plus épaisse qu'à Arcin. Ils avançaient avec difficultés, mais en se cachant aisément parmi les branchages.

— Il faut nous arrêter pour la nuit, Valentin. Laissons les chevaux se reposer. Nous sommes à la lisière des plaines rocailleuses, nous les atteindrons demain.

Ils mirent pieds à terre, et dissimulèrent les chevaux derrière un amas de rochers comme il était fréquent d'en trouver dans ce pays maudit. Un faible feu dont l'intensité était savamment maitrisée les réchauffa bientôt.

— C'est étrange, ne trouvez-vous pas, commença Valentin en attaquant un bout de pain durci, que nous n'aillons croisé personne en nous enfonçant aussi loin dans ces terres. Il se passe quelque chose ici.

— En effet. Ça n'est pas normal, concéda Lucas, dont la vigilance et la tension s'étaient accrues en même temps que l'obscurité grandissait.

— Je vais prendre le premier tour de garde. Dormez sur vos deux oreilles.

— Réveillez-moi dès que la moitié de la nuit se sera écoulée, je vous remplacerai.

Mais ce ne fut pas Valentin qui réveilla Lucas. Des voix et des bruits de pas se laissèrent entendre un peu avant minuit. Lucas se redressa d'un bon, tous ses sens en alerte. Le feu s'était éteint. Il s'approcha sans bruit de Valentin qui s'était assis dos à lui, entre les racines d'un gros chêne et lui posa une main sur la bouche, étouffant son cri de surprise. Posant un doigt sur sa propre bouche, le prince lui intima l'ordre de rester silencieux. Il apercevait la lueur de torches à travers les buissons. Les gardes d'Ovra n'étaient pas loin, mais ils ne semblaient pas venir dans leur direction. Une main sur son épée, il se tapit prêt des rochers où se trouvaient leurs montures, prêt à bondir sur la première personne qui s'approcherait de trop prêt de leur cachette. Grâce aux notions des différentes Langues qui lui avaient été enseignées du fait de son rang, il comprit certaine bribes qui lui parvenait. Alors, il ne resta plus aucun doute, il s'agissait bien de soldats, mais ils n'étaient pas là pour eux.

— Trouvez la à tout prix ! Elle ne doit pas être loin ! Hurla l'un d'entre eux.

— Ils avancent droit devant eux, vers le Sud, vers Arcin. Chuchota Valentin. Pensez-vous que nous soyons en danger ?

— Mieux vaut-être prudent, mais tant qu'ils ne bifurquent pas vers nous, il semblerait qu'ils ne soient pas au courant de notre présence, à moins que vous ne m'ayez caché quelque chose et que vous soyez...

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleWhere stories live. Discover now