Chapitre 25 - La colère du Roi

42 4 0
                                    

Le point du Roi s'abattit sur la table comme un coup de massue. Sa peau avait pris une teinte rouge écrevisse, et les occupants de la pièce s'étaient reculés à bonne distance de lui. Ils étaient habitués aux colères de leur souverain, mais c'était la première fois que sa fureur atteignait une telle proportion. Il écumait littéralement de rage. Le jeune soldat qui était venu lui annoncer la nouvelle était aussi pale qu'un fantôme, et attendait la suite avec appréhension.

— Donc, si je récapitule, vous me dites que mon fils, et la Sans Peuple ont disparu, et que personne ne sait comment, ou l'endroit où ils se trouvent. Ma parole, ne suis-je entouré que d'incapables ?!

Son hurlement fit écho dans les couloirs du palais, et s'entendit jusqu'au cuisine où les serviteurs arrêtèrent leurs activités en échangeant de longs regards apeurés.

— Votre majesté, les soldats qui gardaient la prison cette nuit se sont endormis, ils seront réprimandés pour cela. La dernière chose dont-ils se souviennent, c'est Son Altesse leur apportant un pichet de vin, après qu'il soit allé interroger la prisonnière dans sa cellule, rapporta l'homme d'une voix tremblante.

Les ongles du Roi s'était presque incrusté dans le bois tant il serrait le rebord de la table.

— D'après vos dires, s'il s'est rendu dans sa cellule, elle a très bien pu lui dérober ses clefs, ou il est possible qu'il y soit retourné, et qu'elle ait réussi à le prendre en otage avant de s'enfuir, qui nous dit qu'elle ne le retient pas quelque part, ou pire ! Qu'elle l'ait emmené à son frère. Nous devons les retrouver ! Et vite ! Qui sait ce qu'il pourrait arriver à mon fils !

Cette hypothèse laissa sceptique certain des conseillers, mais personne n'osa le contredire, et la plupart essayèrent même de se convaincre que la situation était réellement celle décrite par le Roi.

— Organisons les recherches, mettez tous nos hommes en alerte ! Je veux que rien n'interrompe les fouilles tant qu'on ne les aura pas trouvés. Ramenez mon fils ! Quand à la fille, prenez là morte ou vive ! Capitaine Cédric Fremont, vous serez en charge de l'organisation des équipes !

Le jeune homme sortit des rangs et s'inclina aussi bas que sa lourde armure le lui permettait afin d'accepter avec un sourire suave l'honneur que le Roi lui faisait en lui confiant cette mission.

— Vous avez carte blanche, et toutes les ressources nécessaires seront mises à votre disposition pour que vous puissiez mener à bien cette tache ! Allez, maintenant !

Il sortit de la salle à reculons, et trébucha sur Astride qui attendait dans le couloir. Elle s'affala par terre sur le sol dur, et il faillit l'écraser en lui marchant dessus. Il pesta un bon coup, n'accordant que peu d'égard à son statu. Il savait que le Roi ne tenait pas sa fille en grande estime, alors pourquoi aurait-il fait attention à elle ?

Astride attendait de pouvoir voir son père depuis près de deux heures. Ses jambes commençaient à la faire souffrir après ce long moment passé debout, à piétiner sur place, mais elle ne comptait pas abandonner son poste. Elle avait appris la disparition de Lucas et de Tiliana lorsque sa gouvernante était venue la réveiller de très bonne heure. Au début, elle avait été effrayée, puis, un doute l'avait submergé. Du haut de ses huit ans, elle avait imaginé un nombre incalculable de scénarios, et tous se terminaient de la même façon, par un mariage.

Une heure de plus passa. Elle vit les officiels sortir de la pièce les uns après les autres, jusqu'à ce que seul le Roi reste dans la grande salle. Alors, elle s'arma de courage, et franchit le seuil de la porte. Son père était accoudé au rebord d'une fenêtre, le regard perdu dans le vague, un verre de vin à la main. Sa respiration était lourde et hachée. Il ne s'était pas encore calmé. Elle hésita à annoncer sa présence, mais elle n'arriva pas à articuler. Alors elle s'avança et tira sur l'un des ourlets de la cape du Roi. Il baissa la tête sur la petite fille. Son regard ne s'illumina pas, il était aussi froid qu'une porte de prison.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleWhere stories live. Discover now