Chapitre 32 - Valentin

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Lucas se retrouva propulsé dans un monde un peu trop magique à son goût, mais stupéfiant. Il avait assisté à une centaine de transformations en à peine quelques jours. Il semblait bien qu'ici, la métamorphose fasse partit intégrante de la vie courante. Ces gens là menaient une vie simple, à l'écart du reste du monde. Tiliana passait la plupart de son temps avec les Sans Peuples, et le reste avec les métamorphes. Il ne la voyait que peu, ce qui commençait à l'agaçait. Il se sentait... frustré.

— Ne vous en faites pas, elle n'est pas très loin, le rassura Amanda.

— Je vous demande pardon ?

— Je vois bien comment vous vous regardez tous les deux, et je connais Tiliana depuis qu'elle est enfant. Elle ne peut pas me cacher ce genre de sentiment. Tenez, goutez ça, dit-elle en lui tendant une petite brioche fourrée à la viande qui était déposée sur le rebord d'un four collectif, c'est un délice.

— Vous essayez de changer de sujet de conversation, et vous avez réussi, répondit-il en croquant dedans, c'est un vrai délice. La chaire chaude fondit sur sa langue, se mêlant à la douceur de la mie, et il soupira de contentement.

— Venez, je vous ramène chez moi. Vous y serez mieux pour réfléchir à ce livre, car c'est pour cela que vous êtes venus nous solliciter, et vous n'en avez pas encore résolu l'énigme.

Elle le raccompagnait vers le centre du village, lorsqu'ils passèrent devant une écurie au toit de bois, attenante à l'unique forge du village.

— Où est mon cheval ? Demanda-t-il, en se rappelant qu'il n'avait rendu visite à l'animal qu'une seule fois depuis leur arrivée.

— Il est ici. Vous souhaitez aller le voir ?

— Si cela ne vous gêne pas...

— Non, je vous vois plus tard dans ce cas, dit-elle en s'éloignant de son pas étonnamment vif pour son poids.

Sa monture se trouvait dans un box spacieux. On lui avait donné du foin propre et de la paille lui servait de litière. Il flatta les flans du bel animal qui l'en remercia d'un hennissement.

Pensif, il caressa sa crinière. Il avait le livre, et il ne savait pas s'il avait connaissance de tout ce qui pouvait l'intéresser, mais au moins d'une partie. Et après ? Que pouvait-il faire maintenant ?

Il n'entendit pas la jeune fille rentrer derrière lui, et un long frisson le parcourut lorsqu'il sentit les deux mains fines se poser sur ses épaules.

— Comment va Krigan aujourd'hui ?

La voix douce brisa le silence ambiant.

— Il va bien. Tu as fini tes visites matinales ? L'interrogea-t-il d'un ton ironique.

— La jalousie est vraiment un trait de caractère terrible chez les hommes, le taquina-t-elle en passant sous l'encolure du cheval pour se placer de l'autre côté de la monture.

Il la suivit et Tiliana se retrouva adossée au fond de la stalle. Lucas l'embrassa à pleine bouche, profitant du soupçon d'intimité que l'endroit leur conférait, après plusieurs nuits passées seuls dans leurs lits respectifs. Le cheval renâcla, et le jeune homme la laissa se dégager de son étreinte, mais il garda son regard accroché au sien. La jeune fille eut la sensation de se noyer dans le bleu intense de ses pupilles.

— Quelle est la signification de l'énigme ? Lui demanda-t-il une nouvelle fois, à brule pourpoint.

Elle détourna immédiatement la tête, et essaya de se faufiler entre lui et l'animal pour trouver une porte de sortie, mais il la retint par le poignet, et lui bloqua le passage d'un mouvement de hanche.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleDonde viven las historias. Descúbrelo ahora