Chapitre 52

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Ils se tournèrent vers le jeune homme, resté debout, les mains dans le dos et le visage fermé. Il se secoua en déclarant qu'il lui fallait une douche.

- il est tout le temps comme ça avec Giovanni?

- oui papa, ça arrive tout le temps... il m'a raconté que quand il est venu avec nous en Norvège puis à Forcalquier, il a eu de la chance que ce connard soit 3 mois en formation, son remplaçant était normal lui, pas un putain de psychopathe, mais au retour, il n'a rien pu dire mais il lui a cassé trois cotes.

- et ben... souffla Martin en partant vers la salle de bain où il toqua.

- quoi?

- ouvre, s'il te plaît.

Jo s'exécuta.

- c'est quoi cette histoire de voyage? Demanda Martin, en refermant la porte et s'appuyant contre le lavabo sans plus de cérémonie.

Jo raconta.

- tu as envie de lui démonter sa gueule de raie, pas vrai?

- oui.

- tu peux être fier de toi, mon vieux, fier de ce que tu es, ce que tu fais malgré toute cette merde...

- c'est difficile...

- ça, je te crois...

- et si j'y arrive pas... si je craque?

- je n'ai aucun doute sur la force que tu as en toi... tu doutes mais tu t'accroches... tu es impressionnant... et je suis sur d'un truc...

- quoi?

- quand tu sortiras de cette merde, on verra un phœnix déployer ses ailes... elles sont cachées pour l'instant mais crois moi, elles sont là et elles seront magnifiques...

- merci... mille fois merci... de croire en moi...

- et tu sais quoi? Il est venu pour te les couper aujourd'hui pour que demain, tu te battes pas...

- je le sais.

- alors tu sais ce que tu as à faire, n'est ce pas?

- oui, Martin, je vais nager comme si ma vie en dépendait... pour que mon équipe puisse y aller, les mec méritent pas que je les plante... même si pour Nat et moi, c'est mort... Nat mérite pas ça non plus, mais...

- ma fille mérite quelqu'un d'exceptionnel, on le dit depuis toujours et c'est ce que tu es, tu n'as à rougir de rien...

- merci.

- viens là...

Il s'approcha et, stupéfait, laissa Martin le serrer dans ses bras. Il avait découvert les câlins avec sa chérie, les câlins avec une boule de poil et à présent ceux, tout en virilité, d'un papa et c'était vraiment réconfortant...

Martin lui prit la nuque entre ses deux mains et planta son regard farouche dans le sien.

- le traîne-savates, c'est lui, le minable qui a une vie de merde c'est lui, tu es un météore à coté de ce con, on est d'accord??

- oui.

- aller, mon vieux Jo, je ne veux pas te mettre en retard, je te fiche la paix... tu as remarqué la réaction de Daïquiri?

- non?

- Il s'est fait le plus hérissé possible et lui a craché dessus...

- je regrette ne pas avoir vu ça... rigola Jo, ça devait faire peur... enfin, moins que Nikita...

- demain, ça serait sympa qu'elle aille prendre un café avec lui, l'histoire qu'on le voit se faire dessus...

- hi hi, oui... je sais pas ce qu'elle fait...

- personne sait... tu as la même à la maison, non?

- oui. On s'est disputé la semaine dernière... je me suis fait décalqué...

- on fonde un syndicat?

- pas pour me plaindre...

- non, pour en rigoler après...

- volontiers...

- aller, dépêche toi, il faut que tu aies le temps de manger...

Mais Nikita était à la manœuvre en cuisine.

- le pauvre gosse, souffla t elle.

- un retour de karma voilà ce qu'on lui souhaite...

- tu as pu le réconforter?

- en mode papa, comme on avait dit, oui, je crois...

- on peut sortir de ça indemne, tu crois?

- non, pas plus que toi tu es sortie indemne de tes traumatismes... mais, tu as su en faire ta force... lui, je pense que ça sera pareil... ce minable est en train de le bâtir en acier trempé...

- fff... la vie n'est pas simple... ni tendre...

- et Cha, c'est la prunelle de ses yeux... ça y a pas de doute... elle est où d'ailleurs?

- je lui ai dit que tu gérais et l'ai envoyée avec son frère chercher le barbecue... c'est bien qu'ils puissent parler tous les deux...

- oui.

Quand l'équipe arriva, le repas était fini. Giovanni attrapa son sac de piscine et après une longue étreinte de sa belle, il fila.

- ça va, mec? Demanda un des nageurs.

- ouais, ça va... soupira Jo en se calant dans un coin de son siège dans le van, indiquant ainsi qu'il n'était pas disposé à faire la conversation.

Les autres équipes arrivaient également ou repartaient déjà, chacun venant se familiariser avec la piscine.

Aujourd'hui, rien ne détournerait Giovanni de son ennemi, le chrono... il avait depuis deux ans appris à canaliser la violence et les envies de meurtres que lui inspirait Grimaud... il avait tout enfoui en lui... pour mieux tout laisser exploser dans l'eau.

- tu vas bien? s'inquiéta leur coach, tu as l'air d'un fauve prêt à fondre sur ta proie.

- j'ai une rage de malade, articula le jeune homme mais ça peut servir, pas vrai?

- c'est ton suivi?

- j'irai pas, coach, j'irai pas aux acores avec vous, parce que je suis un 'traîne-savates', le billet sera pour lui... mais vous en faites pas, je vais nager pour gagner, l'équipe le mérite ce voyage, ne vous inquiétez pas...

- je peux rien faire pour toi mais je te promet qu'il n'est pas prêt d'en voir la couleur de ce billet...

- n'allez pas faire des histoires...

- tu m'as rien dit, moi, je reste sur l'accord pour ton départ, à ton tour de ne pas t'inquiéter, je peux être particulièrement stupide parfois...

- à voir... n'en parlez pas aux gars, s'il vous plaît...

- bien sur, allez...

Lâcher ses muscles, qu'il tenait en laisse depuis ce midi, laisser la rage le contrôler, le propulser en avant, c'était finalement grisant... mais dangereux... il fallait vite remettre la laisse, reprendre le contrôle... et là, c'était douloureux... quand ses mains frappaient le mur à l'arrivée, une envie animale de hurler le prenait...

NAT ET JO Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant