Chapitre 2

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Je me retourne précipitamment en reculant les mains qui se trouvent devant mes yeux et je vois qu'il s'agit de Souleymane qui est mort de rire.

Souleymane : T'es une vraie peureuse, tu verrais ta tête, je suis plié.

Il continue de ricaner, alors que moi mon cœur commence tout doucement à s'apaiser. J'avoue que par moment je suis une grosse froussarde, mais j'aime pas qu'on me le fasse remarquer. Je lui donne un coup de poing dans l'épaule, mais ça le fait même pas bouger. Pire, c'est moi qui me fait mal à la main. Souleymane le remarque immédiatement et se mets à contracter.

Souleymane : Trop musclé pour toi ma petite.

Aissa : Ahah, très marrant, bon j'ai pas ton temps, je dois aller coiffer Camelia.

Je me remets à marcher vers l'arrêt de bus, faisant semblant d'être vexée. Souleymane me suit à la trace.

Souleymane : Camelia, c'est la caps de l'autre quartier de b*tard ça non ? La sœur de Anilson ?

Je réfléchis un instant, me demandant comment il fait pour toujours connaître tout le monde, dans ce quartier ou dans un autre.

Aissa : Ouais, c'est elle ? Pourquoi elle t'intéresse ? Je t'arrange un coup si tu veux.

Souleymane : Pourquoi t'es jalouse ?

Je m'arrête pour le fixer avec des gros yeux. Il pourrait presque sortir de mes orbites tellement j'ouvre grand. Souleymane rigole de nouveau et m'attrape par l'épaule pour m'obliger à remarcher. Faut dire que je suis le genre de meuf qui s'intéresse à aucun garçon, je m'en fou totalement. J'ai même jamais embrassé un mec de ma vie, donc quand on me fait ce genre de blague tout de suite ça me bloque. On peut penser que je suis une coincée, j'en ai rien à faire.

Souleymane : Pleure pas, je rigole. Je la touche même pas avec un bâton cette grosse p*te.

Une tantine passe au même moment et elle peut pas s'empêcher de nous regarder et nous tchiper. Je recule son bras de mon épaule.

Aissa : Arrête d'être toujours vulgaire comme ça, je comprends pourquoi mon oncle il t'aime pas, tu parles trop mal même devant les anciens.

Souleymane : Ouais, ouais.

Il en a clairement rien à foutre de ce que je lui dis, je sais même pas pourquoi il me suit. Franchement, se serait pas le frère de Hawa, je lui aurais jamais adressé la parole. J'arrive enfin à l'arrêt de bus et je vois une affiche qui explique qu'à cause de l'agression d'un chauffeur, aucun bus ne circule aujourd'hui.

Aissa : P*tain c'est une blague ?

Souleymane : Bah alors, ton langage Aissa, t'es vraiment vulgaire comme fille.

Je me retiens de le traiter, trop énervé par cette grève des chauffeurs. Je veux bien qu'ils n'ont pas à se faire agresser, mais ce que je comprends pas, c'est pourquoi ils doivent TOUS s'arrêter de travailler pour un seul type.

Souleymane : T'as pas entendu parler du chauffeur qui s'est fait tabassé parce qu'il a pas voulu laisser monter un mec avec son chien. Y paraît qu'il est dans le coma.

Aissa : C'est vraiment des sauvages les gens ... Non, mais attend ... Tu savais que y avait pas de bus ?

Le petit sourire furtif qui se dessine sur son visage me fait comprendre que oui il savait. Je suis à deux doigts d'exploser sur lui, sauf qu'il me coupe l'herbe sous les pieds.

Souleymane : Allez, c'est bon, c'était une petite blague. Viens, je te conduis là-bas, j'ai récupéré mon bolide.

J'hésite une seconde, si mon oncle me croise avec Souleymane, je vais me faire tuer, mais en même temps, j'ai pas le choix. Ce qui me fait vraiment peur, c'est que Souleymane fait parti des mecs en guerre avec ceux de l'autre cité, donc j'aimerais pas qu'il y ait une embrouille en arrivant là-bas.

Aissa : Bon ok, mais tu conduis pas comme un fou.

Je le suis jusqu'au parking et je vois une voiture toute neuve. Une golf 7. Souleymane remarque tout de suite comment je regarde sa voiture.

Souleymane : C'est mon nouveau bébé, la femme de ma vie. Elle est belle hein ?

Aissa : Y en a qui se font plaisir ici.

En même temps, c'est l'un des principaux dealers du quartier. Suffit de voir les cadeaux qu'il achète à Hawa et sa mère qui se balade avec des sacs de luxe. Dans cette famille, ils savent rien faire dans la discrétion. Je rentre dans sa voiture et il mets la musique. Ninho à fond dans mes oreilles, je le regarde conduire comme un vrai malade tout en chantant comme si c'était lui le chanteur. Je prends mon téléphone et j'envoie un message à Hawa. ''Ton frère c'est vraiment un cas.'' elle me répond aussitôt  '' ???'' et quand je vois que Souleymane essaye de lire à qui j'écris, je réponds simplement ''Je t'appelle ce soir pour t'expliquer.''

Souleymane : T'es parti te plaindre à Hawa, bande de sorcière, vous êtes en train de me critiquer.

Je lui tire la langue pour seule réponse. Faut dire que Hawa elle aime tellement son frère, elle pourrait même être son avocate si un jour il finit par tomber. Heureusement que j'ai Anissa qui aime bien se foutre de la gueule de Souleymane avec moi de temps en temps. On arrive enfin à la cité où vit ma cliente et heureusement, les teneurs de murs sont pas là. Je descends de la voiture et fait le tour pour me mettre devant la vitre côté conducteur.

Aissa : Merci de m'avoir conduit.

Souleymane : T'inquiètes. Appelle-moi quand ta fini pour que je viennes te chercher.

Je lui dis oui de la tête et j'avance jusqu'à l'immeuble de Camélia. Je sonne à son interphone et je monte jusqu'à son étage. Elle voulait que je lui face des tresses. Heureusement, j'ai réussi à la convaincre d'en faire des grosses, sinon j'aurais jamais fini. Il est vingt-trois heures quand j'ai enfin fini.

Camelia : P*tain je slay. C'est quand que t'ouvres un vrai salon, je serais ta première cliente.

Aissa : Un jour j'espère. Je mets les sous de côté pour pouvoir le faire.

C'est vrai qu'avoir mon propre salon, se serait trop un rêve pour moi, même si de base la coiffure c'était pas une passion. J'aimerais bien être ma propre patronne. Camelia me paye ce qu'elle me doit et je sors enfin de chez elle. En bas de chez elle, je vais pour appeler Souleymane et je vois que mon téléphone est éteint. Plus de batterie. Aujourd'hui, c'est vraiment pas ma journée. Je vais pour remonter chez elle, sauf que je sens une ombre derrière moi et je me retourne. Deux mecs s'approchent de moi, ils ont sûrement quinze/seize ans, mais j'aime quand même pas le fait qu'il soit proche comme ça.

Gars 1 : T'es pas une meuf des Lilas toi ?

J'essaye de pas faire la peureuse, même si je suis pas sereine.

Aissa : Oui et ?

L'autre gars fini par m'attraper par le bras.

Gars 2 : Évite de faire la meuf aussi.

Aissa : Lâche moi t'es un malade toi ou quoi ? Je suis ta pote pour que tu me touches ?

Et alors que je sens que la confrontation est inévitable, une voiture arrive à tout allure jusqu'à nous et s'arrête pile devant nous trois. On se retourne tous vers la voiture en question quand on voit que ...

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Voilà pour le deuxième chapitre un peu plus court que le premier, j'aime bien m'arrêter toujours sur des moments avec un peu de suspens (:

Encore une fois, n'hésitez pas à laisser votre avis et la suite arrivera très vite.

Passe lui les menottes !On viuen les histories. Descobreix ara