Chapitre 20 : Il faut partir

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« Tout s'écroule un jour ou l'autre

Même si l'on ne veut pas le reconnaître

Quand ce jour, frappe et force la porte

On n'est jamais prêt à se soumettre »

Il faut partir - Cléopâtre


Les semaines qui suivirent s'écoulèrent paisiblement, sans qu'aucun autre évènement ne vienne troubler la vie de Cassy au laboratoire. Régis avait fourni une explication plus ou moins alambiquée à Mme Fangin, qui paraissait s'en contenter, puisqu'elle ne s'était plus manifestée depuis lors. La fillette en éprouvait du soulagement.

Au fil des jours, Régis et elle étaient devenus totalement inséparables. Le jeune homme lui apprenait quantité de choses incroyables, sans jamais cesser de plaisanter. À ses côtés, Cassy assista à la capture et à l'entraînement de plusieurs pokémon, destinés à faire avancer les recherches de son grand-père.

En dépit de toutes les questions qu'il se posait sûrement, il n'avait pas cherché un seul instant à en apprendre plus au sujet de sa nouvelle amie. En revanche, il prenait soin de la préserver des conversations épineuses qui pourraient rapidement l'entraîner sur une pente glissante.

Cassy lui était si reconnaissante qu'une nuit où elle ne parvenait pas à dormir, la tête trop pleine des pensées qui s'y bousculaient, elle décida de quitter sa chambrette. Elle marcha sur la pointe des pieds, afin de ne pas troubler le silence profond qui régnait sur le laboratoire, jusqu'à la porte de Régis, à laquelle elle toqua doucement.

Comme elle n'obtint aucune réponse, elle réitéra prudemment son geste. Elle ne voulait pas risquer de tirer le professeur Chen du sommeil, car il se demanderait sûrement ce qu'elle faisait debout à une heure aussi tardive.

Le battant finit par pivoter et Régis apparut dans l'encadrement, les cheveux aplatis et les paupières mi-closes. Tout en étouffant un bâillement dans le creux de sa main, il s'écarta pour permettre à Cassy d'entrer. Elle s'assit en tailleur à l'extrémité de son lit, tandis que lui-même se glissait sous sa couverture encore tiède, à laquelle elle l'avait arraché.

Il ne prononça pas un mot, attendant qu'elle lui explique d'elle-même la raison de cette visite incongrue, mais Cassy ne s'exprima pas. La tête penchée vers l'arrière, elle fixait le plafond en s'agitant nerveusement de gauche à droite.

— Qu'est-ce qu'il y a ? se résolut à s'enquérir Régis d'une voix molle. Tu as fait un cauchemar ?

— Pas vraiment.

— Écoute, Cassy, je veux bien...

— Kathy, l'interrompit-elle. En fait, mon vrai prénom, c'est Katharina. Et si le Roucool n'a pas trouvé la maison où j'ai prétendu vivre, c'est parce que j'ai grandi à Sinnoh et que je n'ai jamais mis les pieds à Parmanie. Quant à mes parents, ils... Je n'en ai plus. C'est pour ça que je suis venue ici : j'étais seule, je ne savais pas où aller, alors je me suis enfuie dans une autre région.

— Je ne comprends pas... Pourquoi toutes ces cachotteries ? Ça n'a jamais été un crime d'être orpheline. Il y a hélas trop d'enfants qui n'ont pas de famille, et même si c'est triste, ce n'est pas la fin du monde pour autant.

— Ce n'est pas le problème. Quand mes parents ont disparu, j'ai été confiée aux bons soins de l'infirmière du Centre Pokémon. Elle était très gentille, assurément, mais... j'étais comme séquestrée. Le moindre de mes faits et gestes était surveillé, et c'était à peine si j'étais autorisée à mettre le nez dehors. J'ai réussi à m'échapper, mais depuis, je vis dans la peur constante d'être retrouvée.

Entre infini et au-delàWhere stories live. Discover now