Chapitre 3 : Plans sur la comète

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- Qu'est-ce que je vais lui dire ? Et quand ? Où ça ? Quel est le meilleur moment, la meilleure occasion ? Est-ce qu'elle serait sensible à une atmosphère romantique ? Je pourrais toujours trouver des bougies, des pétales de rose et pourquoi pas des chocolats... Mais comment les apporter au collège ? Est-ce que je vais me ridiculiser ? Si elle me voit avec un énorme sac rempli de ce genre de choses, oui je serais la risée du collège. Oh, et si elle pensait que c'était un cadeau ? Un cadeau... Tu crois que je devrais lui offrir quelque chose ? Son père m'avait dit qu'elle aimait les roses, non ? Je lui offre des fleurs ? Mais comment arriver discrètement au collège avec un bouquet de roses ? En sortant d'une limousine... quand on s'appelle Adrien Agreste et qu'il y a déjà tous les regards sur soi ??? Oh non... Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ?

Cela faisait à présent cinq – longues, très longues – minutes que Plagg entendait le litanique questionnement d'Adrien. Après plusieurs tentatives pour le raisonner, il en était réduit à se remplir la bouche de Camembert pour justifier son silence mutique (et en réalité tout bonnement agacé) devant la manifeste panique du jeune homme.

Adrien s'aspergeait le visage d'eau froide pour la cinquième fois, essayant de réveiller sa peau fatiguée. Il avait très peu dormi cette nuit. Entre plusieurs essais infructueux de sommeil, il avait dû gérer son excitation face à la prometteuse découverte qu'il avait faite... puis rapidement, il avait réalisé le besoin viscéral qu'il avait de parler de ses sentiments à Marinette. Mais à cette jolie décision s'opposaient plusieurs difficultés.

Premièrement, jusqu'à présent Adrien n'avait jamais manifesté (du moins volontairement) le moindre attachement amoureux envers Marinette. Pire, il l'avait sollicitée pour quelques conseils lorsqu'il pensait ressentir quelque chose pour son amie Kagami. La jeune fille avait fait preuve de tellement d'empathie qu'elle l'avait accompagné à cet étrange rendez-vous à la patinoire qui s'était soldé par une nouvelle mission pour Chat Noir. Il avait soudain l'impression de passer pour un indécis, ou une princesse en détresse tombant amoureuse du moindre étranger croisant sa route... Comment justifier de la profondeur et la véracité de ses sentiments après cette expérience ?

Deuxièmement, s'il lui était facile d'exprimer ses sentiments en tant que Chat Noir, le héros, fort, courageux et sûr de lui, il en était totalement autrement sous son identité civile. En réalité, Adrien était un grand timide. Comment parler de son amour à la jeune fille qui lui plaisait tant, alors qu'il était incapable de dire à son propre père qu'il souhaitait passer plus de temps avec lui ?

Troisièmement, Marinette étant une fille plutôt populaire et entourée, il serait délicat de trouver un moment seul avec elle pour discuter sereinement. Le fait que sa meilleure amie soit, de surcroit, une graine de journaliste aussi talentueuse que curieuse (le mot harcèlement s'imprima soudain dans l'esprit du jeune homme) n'allait pas jouer en sa faveur... Il était à peu près sûr qu'Alya sauterait sur la moindre occasion de rapprochement avec Marinette pour lui soutirer la plus infime information quant à une évolution de leur relation.

Quatrièmement, Marinette, aussi charmante et irrésistible qu'elle puisse être, avait un gros défaut : une incapacité notoire à rester de marbre face à lui. Depuis leur première rencontre, force était de constater que leur communication était de plus en plus complexe. Dès qu'il apparaissait devant elle, Marinette semblait tendue, avait du mal à soutenir son regard, semblait parfois même souffrir de diarrhées verbales. Un sentiment de malaise tel qu'Adrien s'était souvent demandé si elle lui avait totalement pardonné l'histoire du chewing-gum. Ou si elle ne le trouvait pas tout bonnement insupportable... A ces interrogations, son meilleur ami Nino, accessoirement le petit copain d'Alya ET ami d'enfance de Marinette, avait éclaté de rire.

Cinquièmement, et si Marinette ne ressentait rien pour lui, si elle le rejetait ? Alors qu'il venait de se rendre compte des sentiments qu'il éprouvait pour son amie, Adrien réalisa qu'il la considérait son amitié comme étant très précieuse à ses yeux. Pouvait-il prendre le risque de la perdre définitivement, en tant qu'amie comme potentielle petite amie ? A la pensée de ce mot, il sentit son cœur accélérer.

La révélationWhere stories live. Discover now