Chapitre 5 : désenchantement

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Le combat fut bref, à la grande frustration de Chat Noir qui aurait bien profité d'un peu plus de temps avec sa Lady. Ce fut donc avec un pincement au cœur qu'il la salua, la voyant s'éloigner d'immeuble en immeuble.

« Je me demande quels détours elle peut bien faire pour revenir chez elle » pensa le jeune homme en se rendant compte que leur combat avait fini à deux pâtés de maison de la boulangerie Tom et Sabine.

Alors qu'il rentrait chez lui, Chat Noir sentait son cœur peser lourdement dans sa poitrine. La journée avait été éprouvante émotionnellement. Beaucoup de stratagèmes, de stress, de bégaiements, et un cerveau qui ne s'était pas arrêté de fulminer... pour une voie sans issue.

« Je n'ai même pas réussi à lui parler de mes sentiments » se dit-il avec amertume.

Alors qu'il se glissait sous une douche chaude et salvatrice, il sentit grandir en lui la désagréable impression d'être incomplet. « Il me manque quelque chose » songea-t-il en rinçant doucement ses cheveux. Alors qu'il attrapa son gel douche, sa position lui rappela la façon dont il avait agrippé Marinette après sa chute dans les escaliers. Le nœud qui se forma instantanément dans son estomac lui ouvrit les yeux : Marinette lui manquait considérablement. Il n'avait pas eu le temps de profiter pleinement des rares moments passés avec elle, rongé par l'angoisse et les différents scénarii qu'il avait envisagés.

Lentement, Adrien se dit que finalement, après le souper, il serait peut-être envisageable d'aller rendre une petite visite à son amie. Histoire de s'assurer qu'elle allait bien. Uniquement. Après tout, l'attaque d'akuma avait eu lieu près de chez elle. C'était de son devoir de super-héros de vérifier que les habitants alentours étaient en sécurité. Adrien ne put s'empêcher de sourire en se demandant s'il y avait d'autres camarades de son collège qui résidaient dans le quartier de Marinette et dont il aurait dû se préoccuper.

Plagg avait rassasié sa passion dévorante pour le lait pasteurisé, Adrien avait convaincu son père et Nathalie qu'il avait des devoirs à terminer, et personne ne semblait présent dans les environs pour surprendre sa transformation et son absence. Alors Chat Noir prit le relai, et se lança avec ferveur par la fenêtre de la demeure Agreste dans les rues de Paris.

Lorsqu'il atterrit sur la terrasse de Marinette, il eût un léger doute. Il n'avait croisé Marinette que quelques fois en tant que héros masqué, il n'était pas tout à fait certain de ne pas la mettre dans l'embarras en débarquant à sa fenêtre en pleine soirée.

Il risqua doucement un regard dans la chambre de la jeune fille, se maudissant intérieurement pour son manque de bienséance, et la découvrit au téléphone, confortablement allongée sur le ventre en plein milieu de son lit, les pieds battant une mesure inaudible et le menton solidement vissé sur la paume de sa main.

Chat Noir soupira, se demandant ce qui était pire : écouter la conversation de celle qu'il aimait (espérant secrètement distinguer son prénom parmi les quelques mots qu'il percevait de l'autre côté de la vitre), ou débarquer en plein milieu de sa conversation téléphonique. Il choisit de patienter un peu, essayant de ne pas (trop) focaliser sur les phrases aux intonations douces et amusées de la jeune fille.

- Je ne sais pas Alya, il était très gêné... tu me connais, je n'aurais jamais pu lui demander plus de détails. Tu sais comment je suis quand il est près de moi.

Chat Noir se tendit. « Il ? Et si c'était de moi dont elle parlait ? » ; son cœur rata un battement. En dessous, il entendit Marinette soupirer.

- Je ne pourrais jamais lui dire ça ! se plaignit-elle. Tu as vu comment ma langue fourche ?! Avant même la fin de ta phrase, j'aurais attrapé une crampe, ou renversé quelque chose, ou tamponné quelqu'un, ou me serait pris les pieds dans mes propres chaussures...

La révélationWhere stories live. Discover now