Cristaux ensanglantés

Chapitre 34

Le jour était sur le point de décliner. L'air était froid, et la température avait baissé rapidement, prenant tout le monde par surprise. Presque tout le monde. Mak savait bien que sa reine appréhendait cette bataille, et que le temps ne serait malheureusement pas de leur côté ce soir.

Tous s'étaient retrouvés sur la place publique du village. Leurs visages étaient fières, et leurs coeurs durcis. Dans leurs yeux, ne coulait que la victoire. Ils n'avaient pas le droit d'échouer. Et quelque part, ils ne le pouvaient pas. Pour la première fois, ils se battaient pour préserver ce qu'ils étaient. Et s'ils mourraient au combat, leur honneur serait à jamais magnifié.

Mak sourit en posant un regard d'une infinie tendresse sur Elsa, qui avait troquer sa robe contre un pantalon en cuir noir, et une chemise blanche, tenue traditionnelle des loups. Non sans peine, la louve avait réussit à lui ôter cette maudite robe qui l'aurait gênée durant la bataille. Après maintes et maintes protestations plus ridicules les unes que les autres, la reine avait enfin cédé, sans omettre évidemment qu'elle avait l'horrible sensation d'être un garçon dans cet accoutrement.

La louve leva les yeux au ciel, en pensant que rien ne la ferait ressembler à un garçon, les inquiétudes de sa belle étaient bien exagérées. La jeune femme se gratta la tête, soupira, et s'éclipsa silencieusement dans cette hutte de malheur, pendant qu'Elsa donnait ses dernières directives, sous le regard attentif de toute la tribu.

Mak entra d'un pas déterminé, posa un oeil méprisant sur son père, et demanda:

- Ta décision ?

Mordok grogna en posant exactement le même oeil sur sa fille.

Il se leva, dépassant la jeune femme d'au moins trois têtes, grogna encore, et répondit:

- Aujourd'hui est un bon jour pour se battre.

La louve sourit.

- Merci...

Mordok fronça les sourcils.

- Je fais ça pour la tribu. Ça ne fais pas de toi ma fille. Tu es, et tu resteras toujours un bâtard.

Mak fut profondément touchée par les paroles de l'homme, mais malgré tout, ne montra rien, et rit simplement en ouvrant la porte de la cage.

- C'est parfait, nous pensons la même chose l'un de l'autre. Garde ta haine pour les Ficede, et ne pense même pas à t'approcher d'Elsa.

L'homme grogna en sortant de la cage, il est clair qu'il y avait pensé.

Elsa se figea en voyant Mordok sortir de la hutte, mais un regard de Mak la rassura.

- Et pourquoi est-ce-que je ne peux pas venir?

S'exclama Anna, en tapant du pied.

- Anna, nous avons déjà eu cette discussion. J'ai été formelle, tu restes ici avec les enfants.

La princesse croisa les bras, et fronça les sourcils d'un air boudeur devant la décision sans appel de sa soeur.

- Moi aussi je veux venir !

Entendit Elsa plus bas. Elle sentit qu'on tirait son pantalon. Elle baissa les yeux, et vit la petite Kelys la regarder avec des yeux suppliants. La reine sourit, s'accroupit devant l'enfant, et déclara:

- Non ma puce, pas cette fois. Tu restes ici avec Anna.

- Mais je peux me battre !

S'énerva la gamine. Elsa grimaça, elle avait presque oublié le caractère de cette gosse. Malgré tout, une idée lui vint.