La fille du Select

Chapitre 12

A sa surprise, Alex se tenait devant elle. Heureusement, il ne m'a pas vue avec Ken, comment ai-je pu coucher avec ce type répugnant ? Bon, contrairement à ce que j'ai dit à Isa, il va falloir que je trouve une excuse pour ma conduite, au Select...

Faisant l'impossible pour se ressaisir, Claire lança d'une voix calme :

– Tiens ! Alex ! Quelle surprise ! Comment vas-tu ?

– Je... très bien. Je suis venu avec Côme.

Elle s'étonna de l'entendre bredouiller mais il était sans doute en train de penser à Séléna... Je dois avoir l'air naturelle, très naturelle...

– Ah oui. Côme. Il est bien ce garçon. Et... tu t'amuses bien ?

– Non. J'avais envie d'aller me promener dans le bois.

– Mmmh. Ça peut être risqué tu sais ! C'est un endroit où l'on rencontre des personnes qui vendent des services sexuels...

Elle avait pris un ton moralisateur pour se moquer de lui. C'avait été plus fort qu'elle parce que ce n'était pas du tout de ça qu'elle devait lui parler pour l'instant !

– Je comptais rester sur les allées fréquentées rétorqua-t-il.

– D'accord. Allons-y.

Elle se détourna et le précéda dans l'allée. Il se mit à sa hauteur et Claire se creusa la tête à la recherche d'une idée géniale pour parler de leur rencontre au Select. Par malheur, la présence d'Alex à ses côtés avait tendance à rendre son cerveau aussi puissant qu'un chamallow. Comme il restait silencieux elle se demanda s'il ne faisait pas tout simplement la tête.

– Tu viens souvent ici ? finit-il par demander.

– Oui. Comme je te l'ai dit l'autre jour, j'aime beaucoup le bois de Boulogne. Enfin, j'y vais souvent. Toi aussi ?

– Non. Non, en fait. J'habite dans le Marais et j'aime me promener au Halles. C'est moins sauvage mais j'aime la ville.

– Moi aussi. Le bois de Boulogne est un simulacre de forêt. Le jardin, derrière les Halles est moderne, policé, mais moins hypocrite.

Ils avançaient dans l'allée qui s'assombrissait à mesure qu'ils s'éloignaient du club. Un peu plus loin, Claire distinguait des arbres et quelques taillis. Alex reprit avant qu'elle n'ait eu le temps de rassembler ses idées :

– Tu n'aimes pas l'hypocrisie ? Tu m'as reproché de l'être dans le parc, chez tes parents.

– Oui. Je me suis emportée... J'imagine que fréquenter des prostituées n'est pas dans tes habitudes. Maman m'a dit que tu as rompu tes fiançailles il y a peu. Tu n'allais pas bien sans doute.

Elle était sur le bon chemin, il fallait qu'il lui fasse des confidences, ensuite, elle pourrait lui en faire aussi...

– Non. En effet. La rupture a été... douloureuse, confirma-t-il surpris de pouvoir se confier à elle.

– Je suis désolée.

Elle s'était arrêtée dans l'allée déserte et lui prit la main sans réfléchir. Le contact de ses doigts contre les siens fit naître une vague de chaleur au creux de ses reins. Comme ce soir-là, à l'hôtel. Pour la première fois, elle avait pu toucher Alex, le caresser, l'embrasser comme elle en avait rêvé tant de fois et il avait été bouillant de désir... Ses confidences l'émurent. Osant lever les yeux vers son visage, elle croisa son regard qui lui parut brûlant à la lueur jaune des réverbères éclairant l'allée. Elle le lâcha et reprit :

– C'est elle ou c'est toi... Je veux dire... je suis indiscrète n'est-ce pas ?

– Non. C'est moi. Je me suis aperçu qu'elle ne m'aimait pas.