Chapitre 16

11 1 0
                                    

En arrivant chez ses parents, le samedi suivant, Claire vit tout de suite que sa mère avait son air des mauvais jours. A peine fut elle installée dans le salon avec Diane – Jean et Mona n'étaient pas encore arrivés –, que Bella de Milian la prit à parti :

– Tu es contente de toi, j'imagine ?

– Qu'est-ce que tu veux dire, maman ? répondit-elle en s'efforçant de conserver un visage impassible.

– Tu le sais très bien, Claire ! Agnès m'a tout raconté !

Claire, devinant sans peine ce qui allait suivre, la défia du regard :

– Tu déblatères sur moi avec tes amies ?

– Apprends, Claire, que je ne déblatère pas, comme tu dis mais je me fais du souci pour toi et lorsque quelqu'un peut me donner des renseignements, il faut bien que je l'écoute puisque tu ne me dis rien ! Et puis, où achètes-tu tes habits, Non mais regarde cette robe !

Claire baissa les yeux et adressa à sa mère une œillade innocente.

– Elle est très jolie, cette robe ! C'est une amie qui l'a dessinée et cousue pour moi. Je la trouve splendide ! Puis, elle ajouta plus sérieusement :

– Je te dis beaucoup de chose sur moi, mais ça ne t'intéresse pas.

Jean intervint :

– Claire, maman a raison... Tu pourrais garder une robe comme celle-ci pour une autre occasion...

Sa mère l'interrompit :

– Claire. Je ne peux pas prendre au sérieux ton association de... C'est ridicule et tu le sais très bien. Tu te rends compte que les gens du monde pensent que tu te prostitues ?

Les mots de sa mère résonnèrent étrangement aux oreilles de Claire qui réussit à articuler :

– Qui dit que je me prostitue ?

– Mais tout le monde ! Agnès a pris le thé, le mois dernier avec Béatrice de la Contrie et elle a dit que tu avais été vue dans des tenues si vulgaires que les gens qui t'ont reconnue pensent que tu te vends ! Tu te rends compte ! Claire de Milian en escort-girl ou je ne sais quoi ! Comment crois-tu que je doive le prendre ? Avec un sourire ? Et si ce n'était que Béatrice, mais Jeanne Beauregard en a aussi entendu parler et je peux t'assurer qu'elles étaient rouges de honte en évoquant ta conduite et ta tenue !

– Maman a raison, renchérit Jean, beaucoup de mes amis pensent que tu n'es pas fréquentable, Claire. Tu devrais faire attention à... tes tenues...

Sa mère, elle, était blanche de rage et Claire aurait souri de son indignation si la pensée d'Alex n'avait pas traversé son esprit : il fallait absolument qu'elle lui parle !

– L'habit ne fait pas le moine, maman ! se força-t-elle à dire, l'air dégagé. Ce n'est pas parce que mes vêtements sont un peu différents que je me prostitue. Si tes amies et leurs... informateurs ne sont pas capables de le comprendre, je ne peux rien pour eux, que veux-tu ?

– Ce que je veux ? bafouilla sa mère, ce que je veux, c'est que tu te conduises en jeune fille respectable, voilà ce que je veux ! Je veux que tu épouses quelqu'un de notre milieu ce qui va devenir impossible si tu continues à provoquer tout le monde de cette manière ! Parce que si tu crois que les hommes pourront s'intéresser à une fille qui collectionne les aventures et se fait même payer...

– Maman !

L'avertissement qui perçait dans la voix de Claire dut alerter sa mère car elle se tut aussitôt. La tension dans la pièce était palpable : elles se faisaient face dans le salon bleu et Bella avait crié si fort que personne, au rez-de-chaussée, ne pouvait ignorer leur échange houleux. Diane les observait, les yeux agrandis par la surprise et Claire se demanda ce qu'elle pensait de tout cela. Elle avait toujours réussi à composer avec les exigences de leur mère et celle-ci la laisserait sans doute tranquille tant qu'elle n'aurait pas obtenu son doctorat de droit comparé.

La fille du SelectWhere stories live. Discover now