Un sourire.

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Peut-être, dans les rues bondées un matin,
Croiserez vous cette femme en tailleur bleu,
En talon, une pochette à la main,
Qui marche, tête baissée, l'air soucieux.

Quand soudain, bousculée, son visage s'est relevé,
Dévoilant les rides d'une femme pressée.
Face à elle, étrange apparition, une jeune fille,
Qui doucement, angéliquement, lui sourit.

Violent éclat que ce sourire, divin,
Il paraissait ne jamais vouloir prendre fin.
Les étoiles semblaient fades, délavées,
Aux côtés de cette image enchantée.

Et pourtant toute la mélancolie, le désespoir,
S'échappaient de ce geste, trahissaient la tristesse,
Les larmes coulées, vulgaires traîtresses,
Sans la moindre saveur face à ce sourire d'espoir.

Puis la fille s'est envolée, ange éphémère,
Sans dire un mot sur cette peine qui la dévore,
Comme une fée, elle est partie, créature de folklore,
Rejoindre une réalité bien plus amer.

Et dans son tailleur bleu, ses chaussures à talons,
Tandis que la femme s'éloignait, songeuse,
La vie lui semblait aussi fade que ces étoiles menteuses.
Cette rencontre sonnait comme une trahison,

Et sur le vaste ciel bleu, sur les tours d'acier,
Sur les visages, les regards des passants,
Sur tous les cœurs - cœurs fermés -
Sur le monde, ses passions, ses tourments ;

S'effaçait le quotidien,
S'effaçaient la vie, les soupirs :
Ne restait plus que les doux lendemains,
Ne restait plus qu'un sourire...

Dredre

À tous nos sourires... Parce qu'il le faut : sourions nous.

Poesya III. Delirii InsulaeWhere stories live. Discover now