Hypernova [B×B]

⋆Avant-propos

ACTE I scène 1

La pièce était éclairée d'une lumière tamisée qui permettait de distinguer plusieurs silhouettes tout de blanc vêtu, les unes à côté des autres, assises sur de hauts tabourets, dos au reste du monde. Ils semblaient vivre leur vie sans se soucier de ce qui se passait autour d'eux, comme déconnectés du monde, comme s'ils n'étaient pas vraiment avec nous. Ils discutaient joyeusement, riaient, semblaient complices et unis. Derrière eux, un grand voile étoilé, des photos et des vidéos défilaient, des lettres, des mots, des phrases, une vie entière.

GASPARD - Ô triste souvenir du passé, souviens-tu de ce que l'on était ? Souviens-toi, nous n'étions rien, le futur a fait de nous ce que nous sommes au présent, soignant les blessures que tu nous avais infligé !

LIVIO - s'approchant de Gaspard, lui frôlant la joue en souriant faiblement. Se tourne vers les autres, la tête haute, le regard fixé vers l'horizon
Ce passé, et quel passé... Nous tenant compagnie comme un meilleur ami, il était toujours là, au milieu de nous, nous empêchant d'avancer vers l'avenir, il était le poison s'immisçant dans nos veines

LILAS - pose sa main sur l'épaule du brun qui retourne s'asseoir avec le blond, comme s'ils ne formaient qu'un, la lumière dévie, n'éclaire plus que la jeune femme, elle se laisse tomber au sol, sa longue robe blanche formant un cercle autour d'elle
Douloureux est notre passé, compliquée est notre histoire, la fin en sera peut-être heureuse, qu'il le sait, le destin ? Foutaise ! Personne ne sait, personne n'est assez fort pour tout contrôler, et pourtant, pourtant nous pensions l'être, nous, êtres brisés par la peur, l'angoisse, le doute, l'espoir, la désillusion, la vie.
Laisse les larmes couler le long de ses joues
Nous ne changerons pas l'histoire, nous l'expliquerons tel quel, partagerons avec vous notre souffrance. Un concours de circonstances, un défaut dans la machine, le destin, la fatalité, la faute à pas de chance, la vie, appelez cela comme vous voudrez, nous, on se contentera de dire que la vie donne ses plus durs combats à ses meilleurs soldats*
Continue de pleurer recroquevillée sur elle-même

KILLIAN - se lève, jette un dernier regard vers les autres, s'approche de la jeune femme et la sert contre lui comme un petit enfant frêle et vulnérable. Regarde ceux qui lui font face, se met à sourire puis soupire
Aucun de nous n'a pu sortir indemne de cette expérience que la vie nous a imposé. On a tous fait comme on a pu, angoisse, manque de confiance en soi, addictions, mutilation, suicide, lâcher prise. Le fond est plat vous savez, tellement plat qu'on finit par s'habituer, qu'on s'installe confortablement, en attendant que ça passe, mais vous savez, si le fond est si plat ce n'est que pour une seule raison, c'est pour nous permettre de taper du pied un grand coup et de remonter, doucement, sans vouloir retourner dans cet endroit vide, sombre et froid. On était fragiles, brisés, abimés, on a fait de nos fêlures un puzzle à assembler. On a rassemblé nos blessures, on les a enfermés, on a tout fait pour s'en débarrasser, et ensemble, on était plus forts que la vie, plus forts que la mort.
Aide la jeune fille à se relever, essuie tendrement les perles d'eau de ses joues, puis ils s'en vont, retournant s'installer sur leurs trônes, le regard fixé vers ce mur étoilé, semblant se perdre dans son immensité

LAURE - Cinq êtres que tout opposait, seule la douleur nous rassemblait, ensemble on se comprenait. Si toi aussi, vous aussi, comme nous, vous ressentez cette faiblesse, que tout ça vous touche, qu'une flèche vous transperce le cœur chaque fois que vous osez en parler, n'écoutez peut-être pas notre histoire. Il me reste une chose à vous dire, vous, qui êtes ici et qui connaitrez tout de nous d'ici quelques mots, quelques phrases, tout de notre douleur dessinée à l'encre, dansant sur le papier blanc, s'entremêlant à notre futur, à notre présent, ne nous jugez pas, la souffrance fait parfois faire des choses que l'on n'imaginait pas. Et puis, à vous, qui partez, attendez, je dois vous dire, on doit vous dire...
Se retourne vers les autres, qui se lèvent d'un mouvement, tous rejoignent la jeune fille, à nouveau, les voilà qui forment une ligne, une musique se lance, douce, chasing cars.

LIVIO - La lumière ne s'épuise jamais, elle s'éteint parfois, mais se rallume toujours, s'il y a bien quelque chose d'éphémère, c'est la souffrance. Elle n'est pas aussi forte que la rage de vaincre, que l'amour aussi. Vous verrez, vous trouverez la force. Vous saurez aller mieux, seul, à deux, ou peut-être nous tous ensemble. Il ne faut pas que vous perdiez espoir, il ne faut pas, il y a toujours une issue de secours, une porte qui nous mènera vers d'autres chemins, je vous le promets, et la clef du bonheur, ne perdez pas de temps à la chercher, elle viendra à vous, lorsque vous sentirez que c'est le moment d'entrer dans une nouvelle pièce de votre vie. Ne soyez pas peureux, tout va bien se passer, il n'y qu'à regarder notre passé froissé, si l'on a réussi, alors pourquoi pas vous ?

GASPARD - Pensez aux étoiles, on ne les voit pas toujours mais elles sont là, quelque part, à veiller sur chacun de nous. Laissez l'imprévu vagabonder dans votre vie, je vous assure, il fait parfois de belles surprises, il ne laisse rien au hasard.

LILAS - Et quelles belles surprises ! On n'a jamais rien vu de plus brillant, de plus beau, de plus fort. Croyez en vous, en l'imprévu, prouvez à la vie que vous avez toujours un tour d'avance. La vie est un jeu, et même si elle a toutes les cartes en main, rien ne vous interdit de tricher pour mieux gagner !

Ils se mirent à sourire, à se serrer les uns contre les autres, heureux, forts, vainqueurs. Ils avaient pris leur revanche, et c'était sûrement écrit dans les étoiles. Ils quittèrent la scène, main dans la main, sans un regard pour les deux autres personnes qui avaient tout entendu, tapies dans l'ombre et qui marchèrent jusqu'au centre de la pièce tout de noir vêtus.

LOAN - Nous sommes de ces anges déchus, nous sommes de ceux qui avons déçu. Notre histoire a nous n'avait pas connu de désespoir, et puis, tout a basculé. Cette histoire qu'ils vont vous raconter, n'est pas la plus heureuse, elle prône des valeurs, des valeurs fortes, le courage, la loyauté, la tolérance

AYUMI - Contrairement à nous, ils ont su accepter, ils ont su être la meilleure version d'eux même afin de se sauver, et de s'entraider. Nous les avons laissé tomber, n'acceptant pas ce qu'ils étaient, qui ils aimaient. C'est avec amertume qu'ils nous ont vu quitter leur vie, plaie douloureuse, page tournée, livre refermé. Si comme nous, vous n'acceptez pas leur histoire, leur passé, et leur avenir, arrêtez-vous, ils ne doivent plus être malheureux. Ils ne le méritent pas.

La lumière s'éteint, laissant les deux personnages, l'un regardant le ciel, l'autre le sol, se soutenant, serrant fort l'index de l'autre. Les larmes dévalant les joues de la jeune fille, la haine pulsant dans les veines du garçon. De nouvelles personnes se retrouvent sur scène, vêtus de vêtements gris, se tenant l'un près de l'autre, le sourire aux lèvres.

LINDA - regarde l'homme près d'elle amoureusement
Si seulement c'était possible d'expliquer au monde entier que l'amour existe toujours...

YANN - Bien sûr que c'est possible, il suffit qu'ils viennent au rendez-vous du Vendredi et du Lundi !

LINDA - Crois-tu qu'ils le feront ?

YANN - La regarde avec amour et lui sourit
Bien sûr qu'ils viendront, l'amour a toujours été le plus grand rêve des Hommes

LINDA - Et s'il ne l'était plus ? S'ils ne visent plus que la lumière et la grandeur ?

YANN - Je n'ai jamais autant brillé que depuis que je suis tombé amoureux de toi mon amour, il ne faut pas douter des autres, ils sont comme nous, de simples êtres à la recherche de leur âme sœur, si nous ne vivons pas pour aimer, alors pourquoi nous vivons ?

LINDA - Regarde le public en perdant son sourire
Le monde vit pour tant de choses ! Si tu savais mon amour comme tout n'est pas rose...

Ils se tombent dans les bras l'un de l'autre, le rideau se referme doucement sur eux, la lumière s'éteint brusquement avec le bruit d'un cœur qui bat la chamade.

*Lorage A voix haute