Hypernova [B×B]

⋆ Chapitre trois : Jamais loin de mes démons

Livio se sentait différent d'avant, pourtant, rien n'avait vraiment changé, il faisait la fête, allait en cours, couchait avec des filles, et détestait Gaspard déraisonnablement. Il ne comprenait pas vraiment d'où venait cette haine d'ailleurs, il la ressentait en permanence lorsqu'il était près de lui, mais il ne savait pas l'expliquer. Jusqu'au plus loin qu'il se souvienne, Gaspard ne lui avait jamais fait de mal, ni rien dit qui ait pu le blesser, mais il le détestait. Un peu comme il détestait le Metal sans en avoir vraiment écouté. Il se faisait un avis préfabriqué sur Gaspard, comme s'il ne voulait pas voir plus loin que cette image qu'il lui avait attribué, comme si derrière cette étiquette de jugement, se cachait quelque chose de majestueusement beau mais mortellement dangereux.

Il cherchait véritablement à comprendre d'où lui venait cette haine, mais vraiment, il ne trouvait pas, peut-être parce que Livio interprétait toujours mal ses émotions. Il avait parfois du mal à savoir ce qu'il ressentait réellement, comme s'il n'était pas vraiment vivant, un spectre spectateur de sa propre vie avec pour rôle principal un double de lui-même. Sa colère ne le quittait presque jamais, elle était toujours tapie quelque part, prête à bondir au moindre écart, prête à embraser la mèche qui allait jusqu'à son cœur et qui le consumait petit à petit, jusqu'à ce que la flamme s'éteigne. Elle le submergeait souvent, le laissant dériver dans les abysses de son autodestruction, le laissant se noyer parfois dans sa tristesse et son inquiétude. Il disait parfois qu'il ne lui restait plus rien que la colère et la tristesse, que c'était ça qui le faisait se sentir vivant, ça, qui lui prouvait qu'il respirait encore, luttant contre ses démons sans s'arrêter.

Il se perdit dans la contemplation du ciel à travers la fenêtre du salon. Il n'avait eu cours que le matin, et maintenant il ne savait que faire. Killian lui avait dit qu'il voyait Manelle et Ayumi sortait avec Jeremy. Il se sentait parfois seul, trop impuissant face à lui-même. Il ne savait jamais comment s'arrêter, peut-être parce que Gayane n'était plus là pour l'apaiser. Il avait toujours été très anxieux, assez peu confiant et très colérique, mais depuis qu'elle n'était plus là les choses s'étaient empirées. Livio ne parlait jamais d'elle avec Killian, c'était leur règle d'or, ils ne devaient pas parler de leur plus grande souffrance. Killian l'avait sincèrement aimé, et Livio l'avait toujours admiré, il savait qu'il ne se remettrait jamais vraiment de cette perte qui avait laissé en lui un profond vide qui fut remplacer par un terrible chaos, mais Livio le savait, le chaos était destructeur, et l'un deux devraient disparaître pour que l'autre puisse s'épanouir. Il ne savait pas à qui parler, il ne savait plus qui voir, à qui faire confiance, savoir à qui il pouvait dire qui il était vraiment.

Parfois, il imaginait Gaspard être cette personne, et puis il se disait que non, parce qu'il le détestait, mais si seulement il arrivait à savoir pourquoi... Il retrouva dans ses messages le numéro de cette fille qui s'appelait Lilas. Il voulait la revoir, oublier Gaspard et aussi ses idées noires. Il ne voulait plus se remettre en question.

« Est ce que ça te dirait qu'on se revoit ? »

« Excuse-moi mais qui es-tu ? »

« Livio »

« Ah, on peut se retrouver au Milord si tu veux ? »

« D'accord »

« 17h30. Table 7 »

Il se mit à sourire, cette fille voulait absolument cette table, pourquoi ? Qu'est ce que ça changeait ? Elle semblait avoir tout préparé, comme si elle avait prévue que le brun la contacterait. Il se souvenait combien elle était magnétique, splendide, intrigante. Livio avait lu en elle comme en lui, il s'était reconnu, elle aussi cachait des secrets, elle aussi souffrait en silence entre deux bouffées de Lucky Strike. Il avait attendu dix-sept heures avant de partir sur son scooter. C'était son père qui le lui avait offert après avoir cédé aux nombreuses demandes de son fils unique. Il n'aimait pas particulièrement savoir que Livio risquait sa vie lorsqu'il s'en servait, mais il faisait parfois confiance à son fils, et à ce sujet, il était complètement certain que Livio savait être prudent.