XXI. BAD MEMORIES

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Cela devait faire une bonne demi-heures que Yoonoh peinait à se justifier face aux remarques et arguments des adultes selon lesquelles il aurait pu procéder autrement que par la violence à la défense de son petit-ami, tout ceci sous les rires de celui-ci. Le grand brun finit par soupirer et baissa la tête, vaincu, sous les regars sévères de son père et de Taeyeon. L'ambiance était assez tendus ce qui n'empêcha pas Taeyong de rire. Yoonoh avait toujours trouvé le roux magnifique quand il riait, il se sentait contaminé par ce rire et avait envie de le faire à son tour. Et c'est ce qui arriva: les deux plus jeunes étaient là, à rire aux éclats, sous la grimace désapprobatrice des deux plus vieux qui peinaient à ne pas faire de même.

"Bravo, c'est comme ça que tu montres l'exemple à ton cadet, soupira Taeyeon ne retenant plus son sourire.

__ Roh ça va, lâcha Taeyong semblant s'être calmé. Je crois qu'il a compris la leçon. Puis à partir de maintenant, je le tiens en laisse, se moqua t-il en venant attraper le cou du brun qui se remit à rire.

__ Attention, il est difficile de se promener avec un loup au bout de la laisse. C'est bien moins obéissant qu'un petit chiot.

__ Je vous remercie pour la comparaison père."

Taeyong gloussa face à l'air blasé de son petit-ami.

"Je crois qu'on peut mettre fin à cette réunion. Yoonoh-ah, prends soin de Taeyong...

__ Ça veut pas dire frapper ceux qui lui font du mal j'ai compris.

__ Bien, moi je vais devoir y aller. J'ai beaucoup de travail. Yoonoh, on y va ?

__ Il ne peut pas rester, demanda Taeyong en faisant la moue. Je vous le rends dimanche soir.

__ Taeyongie, j'ai des cours à suivre.

__ J'en vois pas l'utilité, tes résultats sont excellents. Puis à cause d'eux ont peut même pas avoir des sorties après les cours, bouda le roux en croisant ses bras sur son torse.

__ Avoir quelqu'un dans sa vie c'est très demandeur Yoonoh. Je vais mettre fin à tes cours. Mais tu dois promettre de maintenir tes notes et d'arrêter de te battre.

__ J'y veillerai, s'exclama joyeusement le roux tandis que le brun hochait la tête."

Monsieur Jung hocha alors la tête et quitta l'appartement après de derniers aurevoirs. Accroché au bras de son copain, le sourire jusqu'aux oreilles Taeyong tira Yoonoh dans sa chambre en vitesse.

"Que Dieu préserve l'innocence de mes oreilles et de mes yeux, soupira Taeyeon en partant s'enfermer dans sa chambre à son tour."

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Des cris, des coups, des pleures, des murmures, encore des cris, des lumières rouges et bleus, encore et encore. Il faisait chaud et Taeyong peinait à respirer au travers de ses larmes. Il le voyait se faire embarquer, accroché fermement à la jambe de sa grande-mère. Ça avait juste été la fois de trop, le coup de trop. Une urgentiste s'approcha du petit noiraud voulant inspecter ses plaies mais il la repoussa, criant désespérément le nom de son grand frère.

"Taeyong ?"

Le roux ouvrit les yeux, sursautant. Il nageait littéralement dans sa sueur, tremblait tandis que les larmes roulaient sur ses joues.

"Taeyong ? Ça ne va pas ? Tu as fait un cauchemar ?"

Le roux se tourna vers Yoonoh. La chambre était plongé dans le noir mais grâce à la lumière des lampadaires derrière sa fenêtre, il parvenait à discerner son air inquiet. Il sourira tristement et vint se blottir contre son torse nu, chaud et réconfortant.

"Non, c'était plus des souvenirs qu'autre chose, répondit-il après un long silence. Je t'en ai pas parlé la première fois, mais j'ai un grand frère. Il s'appelle Taeho. On a huit ans d'écart et c'est lui qui a hérité de tout ce que mes parents avaient. Il était majeur et a donc pu même avoir ma garde, le roux marqua une pause et soupira passant une main nerveuse sur son visage. C'était un grand manipulateur. À cause de lui, j'ai longtemps pensé que j'étais le responsable de la mort de mes parents mais c'était aussi lui qui me disait qu'ils veillaient sur nous et qu'ils étaient en vie dans nos cœurs quand je pleurais. Il me faisait croire que sans lui je ne pouvais pas vivre, qu'il était la seule personne en qui je devais avoir confiance et que je devais aimé. Et parce qu'il me disait tout ça, parce qu'il m'avait convaincu, je l'ai aimé aussi fort que mon cœur d'enfant pouvait le faire."

Taeyong se tut et profita des douces caresses de son amoureux sur son crâne. Il avait envie de retomber dans les bras de Morphé, fermé les yeux et oublier toute cette histoire. Pourtant, il avait terriblement envie de se confier à Yoonoh, la seule personne, avec Taeyeon, en qui il a totalement confiance. Il devait mettre un terme à cette histoire. Il devait se libérer de celle-ci et sûrement que Yoonoh serait le mieux placer pour l'aider à cela. Il déglutit et inspira profondément, plusieurs fois. De son côté, Yoonoh était inquiet, qu'est-ce qui avait pu si mal tourner pour mettre son amour, son bébé, son âme sœur dans cette état ? La colère refluait mais il se contenait. Pour Taeyong, pour lui qui détestait le voir ainsi. Alors il se contenta de serrer Taeyong dans une étreinte paradoxalement aussi forte que douce.

"Il se servait de mon amour pour faire tout ce qui lui plaisait. Comme faire le sale boulot, il grimaça et ferma les yeux tentant d'échapper à tous ces mauvais souvenirs qui lui couraient après. Mes parents n'étaient pas très riche et Taeho a dépensé tout l'argent en peu de temps pour des choses si futile comme la drogue, l'alcool et les jeux de pari. Quand on avait plus assez d'argent, il vendait mon corps contre ces saletés, avoua t-il d'une petite voix, la gorge serrée. J'avais dix ans. Quand je me plaignais, il me frappait et me répétais que ce n'est que comme ça qu'on s'en sortirai que je devais lui faire confiance et continuer à l'aimer. Je pensais que si je l'aimais encore plus tout irait mieux. Je me suis déchiré le cœur pour lui. J'ai tout fait pour le satisfaire. C'est horrible, c'est dégueulasse, souffla t-il se retenant de s'arracher les cheveux. Je n'allais plus à l'école depuis longtemps et je ne comprenais pas les mœurs, je ne savais pas ce que ça voulait dire que d'aimer quelqu'un qui a le même sang que soi dans les veines, je ne savais pas ce que ça voulais dire que d'être violer, être mineur. Je ne comprenais rien, je suivais aveuglement Taeho. Ça a été dur quand grand-mère a tout découvert. Elle a dénoncé Taeho. Quand la police est arrivée en face de notre immeuble, il a pensé que c'était moi qui les avait appelé. Il m'a roué de coups comme jamais il ne l'avait fait, son regard vide brisa le cœur du plus jeune qui aurait tout donné pour avoir les responsables de ses souffrances sous les mains. Il aurait pu me tuer s'ils n'étaient pas intervenus. Tu comprends mieux pourquoi je suis suivi psychologiquement depuis autant de temps, pourquoi tout le monde me prend pour un taré, face au silence de son amant il rit amèrement hésitant à continuer. Tu ne le sais sûrement pas mais j'ai été interné en asile psychiatrique, le même que Ten, le copain de Johnny.

__ Taeho, commença Yoonoh après dur moment de blanc. Tu l'aimes toujours ?

__ Non ! Non, bien sûr que non. Je ne suis plus aussi naïf qu'avant, en y repensant, je souffre réellement. Je ne peux pas aimer quelqu'un qui me fait du mal encore moins mon frère, je ne suis ni masochiste ni souffrant du syndrome de Stockholm. Du moins j'essaie de m'en convaincre...

__ Taeyong, je comprends mieux beaucoup de choses. Je te promets de faire des efforts et je te promets de te donner l'amour que tu mérites."

Au murmure de son petit-ami, Taeyong sourit attendri, il retenait ses larmes depuis un bon moment alors il ne put les contenir plus longtemps au contact des lèvres du brun contre les siennes.






























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