« Chapitre 57 : Machiavélique »

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- Tu devrais ramener ton shampoing à toi, dit Michael à voix basse en passant ses bras autour de ma taille et en posant sa joue sur ma tête. 

   Je viens de sortir de la salle de bains après m'être douchée après la piscine et suis allée le rejoindre dans le salon. J'ai enfilé un de mes jeans noirs et un sweat à capuche gris de Michael, pour changer.

- Quoi, tu veux que mes cheveux sentent les fruits des bois ou un truc du genre «vanille intense»? je demande sur le même ton en passant à mon tour mes bras autour de lui. J'aime bien ton shampoing à toi. C'est quoi, le parfum? Est-ce que les shampoings pour hommes ont des parfums, déjà? Ou c'est juste des machins de type «essence de virilité», des trucs comme ça? 

   J'entends Michael sourire. 

- Je disais juste ça comme ça, pour faire la conversation. J'aime bien quand tu mets mon shampoing, ça fait très «bonjour, je suis Linn Pritchard, ça fait une semaine que je vis dans les pulls de l'amour de ma vie Michael Gray et que je lui vide toutes ses bouteilles de shampoing car j'ai une routine capillaire qui consiste à me laver un coup les cheveux tous les deux jours puis tous les trois jours et ainsi de suite et...

   Ah. D'accord. Je sens mon rythme cardiaque s'emballer un peu et resserre mes bras autour de Michael pour me donner de la consistance d'une part, mais surtout pour qu'il ne puisse pas voir ma tête.

- Mais c'est qu'en plus d'être beau, riche et d'avoir des poneys, ce jeune homme dispose également d'un sens de l'humour à en décorner les bœufs, mesdames et messieurs...  

- Un sens de l'humour à en décorner les bœufs? C'est pas plutôt «oh, regardez il y a du vent à en décorner les bœufs dehors»? 

- Mes compétences linguistiques ne sont pas le sujet de cette conversation, Michael, je réponds sans même savoir quel est le véritable sujet de cette conversation.

- Non?

- Non.

   C'est à son tour de me serrer encore un peu plus contre lui, de telle sorte à ce qu'il n'y ait plus la moindre parcelle d'air pouvant passer entre nous. Je vis ma meilleure vie, je ne peux pas m'empêcher de penser en souriant probablement un peu bêtement dans le vide.

- Non? me redemande Michael.

- Qu'est-ce que tu as bu avant, pendant cette réunion? 

- Rien. De très fort, en tout cas.

- Aha. 

   Pendant quelques minutes, on reste comme ça, l'un contre l'autre. Je crois que je n'ai jamais été aussi contente d'exister que maintenant. Je trouve que malgré quelques couacs liés à des facteurs externes, notre petit duo tient plutôt pas mal la route. J'espère qu'il pense pareil. J'espère vraiment qu'il pense pareil. 

   Je pèse rapidement le pour et le contre, puis décide que la meilleure chose à faire est certainement de lui poser explicitement la question. Et de manière générale, je crois qu'il serait bien qu'un peu de clarifications sur... oui, sur notre relation, je suppose, soient à l'ordre du jour.

   Mais au moment où je m'apprête à ouvrir la bouche, il recule et va s'adosser contre le rebord de la fenêtre. Lui et les rebords de fenêtre, c'est une grande histoire d'amour. Comme un papillon de nuit serait attiré par une ampoule.

   Je... au début, je n'y portais pas plus attention que ça, mais au fil des mois, j'ai l'impression que Michael fuit dès qu'il fait ça. Pas forcément qu'il fuit quelque chose ne lui allant pas dans la pièce - je l'espère, en tout cas, mais sans vouloir m'avancer cela m'étonnerait que maintenant, aujourd'hui ce soit de moi qu'il ait tout à coup marre. Non, plutôt de la vie en général.

Michael Gray » Peaky Blinders AUWhere stories live. Discover now