Chapitre 11

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J'usai des dernières forces qui me restaient pour aller voir qui c'était tout en râlant et maudissant la personne sur le seuil de la porte dans ma barbe. Je jetai un œil dans le judas et vis Sherlock debout sur le pas de la porte, habillé de son trench noir ouvert au col. Je me frappais le front : merde ! J'avais oublié qu'il passait aujourd'hui ! Le hasard faisait mal son boulot. Je lui ouvrai la porte.

« Salut, dis-je faussement énergique.

-Salut, répondit-il. Tu ne réponds pas à ton téléphone ? Je t'ai appelé plusieurs fois pour te confirmer ma venue et quelques messages.

-Désolée mais je mets mon téléphone personnel de côté au travail.

-Mais tu n'étais de garde que samedi, or je t'ai contacté ce matin.

-Accident routier hier soir donc j'ai fait des heures sup' en raison du grand nombre de victimes. Tu n'as pas vu aux infos ?

-Ennuyeux », maugréa-t-il.

Je souris légèrement et le fis entrer en refermant la porte derrière lui, avant de constater le bazar qui régnait dans mon appartement miteux. Un simple studio très neutre et sombre, sans grande personnalité de part ses murs gris. Dès l'entrée se trouvait un espace que j'ai aménagé en salon, avec une table basse ronde métallique de couleur caramel sur le point de s'écrouler sous le poids de mes cahiers et mes livres de médecine. Un canapé de deux places en tissu beige ayant quelques tâches (récupéré dans un vide-grenier) remplaçait mon lit 2 fois sur 3. En face, une télévision bas de gamme que j'utilisais dans mes soirées solo ou avec Molly. Le sol était jonché de bout d'articles et de revues scientifiques. La cuisine siégeait à droite de la porte d'entrée avec le strict nécessaire : une gazinière, un four, un réfrigérateur, un four à micro-ondes, un lavabo et une table où traînait mon plateau d'échecs (oui, je me fais des parties seule, c'est très stimulant). De mur commun avec la cuisine, ma chambre contenait le désordre intersidérale que je m'épargnerais de décrire. Enfin, derrière le canapé, la salle de bains et les toilettes monopolisaient le mur de gauche avec leur lot de minimum syndical.

« Désolée pour... bah pour le bazar, balbutiai-je légèrement embarrassée.

-Non ça va aller, déclara-t-il en regardant autour de lui avant de s'asseoir sur le canapé. A vrai dire je me sens presque chez moi au221b Baker Street. Sur ce point tu ne ressemble pas du tout à Mycroft ».

Je laissai échapper un petit rire en repensant à l'état de son chez-soi. Je lui proposai une collation mais il déclina. Il me regarda un moment.

« Prête ?, finit-il par lâcher. Es-tu vraiment sûre de ce que tu comptes faire? »

Ses yeux qui tendaient désormais vers le gris m'observaient avec une certaine inquiétude mais je discernais quelque chose de bien plus sombre. Cela me déstabilisais. Et si ce n'était pas une si bonne idée au final ? Et si ça dégénérait ? Devrais-je laisser Sherlock s'en chargeait ? Ou tout simplement abandonner ? Non, si le hasard m'avait offert cette opportunité après tant d'années, c'était bien pour que je la saisisses.

Un silence plana où nous nous observâmes mutuellement durant de longues secondes qui me parurent une éternité.

« C'est une décision mûrement réfléchie, déclarai-je enfin. Un face-à-face père/fille se doit d'avoir lieu. Je n'aimerai pas le rencontrer sans une situation inopportune voir délicate ou qu'il quitte ce monde sans que je n'ai pu lui parler au préalable puis être rongée par les remords.

-Je reconnais du Watson dans tes paroles, soupira-t-il.

-Je suppose que c'est un reproche.

-Artemis, sache que la famille Holmes n'est absolument pas ordinaire. Nous ne sommes en aucun cas une famille classique et lambda britannique, m'annonça-t-il après un court moment.

-Ça je l'ai remarqué.

-Ne t'attend donc pas à une discussion débordante de sentiments et d'amour comme le sont les gens stupides et ennuyeux.

-Ça tombe bien alors, ce n'est pas ma tasse de thé. Je ne souhaite qu'une connaissance ainsi qu'une piqûre de rappel.

-Je pense tout de même que mon cher frère sera fou de joie à sa confrontation à nouveau face à ses responsabilités secrètes »ironisa-t-il en s'appuyant contre le dossier avec un rictus.

Bon, c'était pas comme si j'étais une gamine et que je serais à sa charge et dans ses pattes. J'étais une adulte désormais, je me débrouillais seule depuis bien longtemps tandis qu'un enfant de mon âge aurait encore besoin de ses parents. Ce n'était pas maintenant que j'aurai besoin de lui.

Quelques minutes s'écoulèrent à nouveau à nouveau dans un silence de plomb.

« Sinon on part quand ? », demandai-je.

Une notification de messagerie se fit entendre.

« Maintenant, déclara le détective en se levant. Notre chauffeur est en bas de l'immeuble.

-Vas-y, je te rejoins », dis-je en filant vers ma chambre pour m'habiller plus convenablement.

J'enfilai un slim noir et des baskets blanches, une chemise cyan et emboîtai le pas à Sherlock en refermant la porte derrière moi sans oublier mon sac. En bas nous attendais une berline noire flambant neuve aux vitres teintées. L'intérieur était tout confort, me rappelant lorsque j'allais en mission spéciale avec Moriarty. Oh stupide nostalgie !

Le trajet dura 23 min où je regardais le paysage londonien défiler sous mes yeux absents tandis que mon oncle paternel ne cessait de pianoter sur son téléphone – sûrement une autre affaire avec Scotland Yard.

Nous finîmes par passer sous le portail donnant accès à la demeure de mon paternel. Les souvenirs de mon unique venue ici refirent surface, formant un torrent dans mon esprit. C'était ici que tout a commencé, et c'était ici que tout allait s'éclairer.

[FR] Holmes a day, Holmes forever ... [OFFICIAL/!\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant