Chapitre 33

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« Pika-bou !, fis-je en découvrant mon visage défiguré par une grimace ce qui fit rire aux éclats Rosie qui tapaient des mains sur mes genoux.

-Encore !, s'exclama-t-elle les yeux brillants.

-Ca fait déjà la 53e fois que tu lui fais ça et elle s'en lasse pas,soupira Mathilde avachie dans le fauteuil.

-Tu comptes depuis tout à l'heure ? »

En seule réponse j'eus un haussement d'épaules. Nous étions la veille de Noël. Mes grand-parents avaient tenu à ce que cette année l'événement serait célébré chez eux, dans une résidence secondaire dans la campagne, tous ensemble, en bon et du forme. Malgré les réticences de leurs fils et par je ne sais quel moyen de pression parentale, Mycroft et Sherlock se retrouvaient ici à fêter ce qu'ils considéraient de « stupide ».

J'avais été aussi victime de cette manipulation quand Mycroft m'annonça la nouvelle après qu'il m'ait bien spécifié que tout était déjà réglé (y compris mes congés payés). Moi qui ne ratais jamais une occasion – fêtes, fériés - pour travailler (après tout je n'avais que ça à faire), Mycroft venait d'ébranler cette habitude annuelle. Et évidemment il me l'annonça quand ? Dans la voiture quand il vint me chercher après ce qui était mon dernier service. Une fois mon speech passé sur lui, une petite part de moi était assez ravie que cela arrive. Et me voilà, vêtue d'un ensemble pyjama de Grosminet, en pleine campagne anglaise, à occuper Rosie le temps que John passe quelques coups de fils.

« Argh je m'ennuie !, râla Mathilde dans son t-shirt Queens en laissant un peu plus glisser dans le fauteuil.

-Bien je te laisse t'occuper de Rosie et je vais aider Miss Holmes aux préparatifs de ce soir alors, lui proposai-je en me levant.

-Miss Holmes ?

-Oui.

-Mais c'est ta, enfin je veux dire, notre grand-mère ! On dirait que tu parles d'une étrangère.

-Et comment veux-tu que je l'appelles ?

-Grandma pardis !

-Pfff, ça vieillit plus qu'autre chose.

-Mais ce n'est pas ce qu'elle est, non ? »

Je souris à cette remarque.

« Certes tu n'as pas tort. Mais je ne sens pas à l'aise avec cette appellation. », dis-je en lui tendant Rosie toute excitée.

En sortant je faillis bousculer mon grand-père paternel.

« Pardon Mister Holmes, m'excusai-je en me collant contre la porte pour le laisser passer.

-Il n'y a pas de soucis Artemis, me fit-il avec un sourire candide. Mais appelles moi par mon prénom, ça ne me dérange pas le moins du monde.

-Bien Georges.

-Au passage tu n'aurais pas vu mon nœud-papillon ?, me lança-t-il avant que je m'en aille.

-Sur la cheminée. », lui répondis-je puis filais vers la cuisine ;

Arrivée sur les lieux et rassemblant mes cheveux en chignon coiffé-décoiffé rapide, « Grandma » me fit le topo et nous nous lançâmes dans les différentes préparations qui constitueront le repas de ce soir. Elle était d'une précision et d'une justesse mathématique dans tous les dosages. Le temps fila à toute allure que déjà je me retrouvais dans le salon, entourée de nouvelles personnes qui composaient ma famille. La maison décorée modestement – à cause des caprices des frères Holmes et pour la sécurité de Rosie -,tout le monde était sur son 31. Même Rosie dans sa petite robe rouge pailletée n'arrêtait pas de courir entre nos jambes. J'avais personnellement opté pour une combinaison de soirée noire,escarpins assortis, les cheveux en couronne et un léger maquillage pour relever le regard.

A la fin du dîner bien copieux (mes verrines de mascarpone et fraise avaient fait un tabac – merci Harriet), Mycroft tint à lever un verre de champagne à mon honneur. Tous les yeux se braquèrent surmoi, ce qui m'embarrassa fortement. Je sentis une bouffée de chaleur m'envahir et je ne savais pas où regarder. Je levais mes yeux en direction de ceux de mon paternel. De la fierté. De la tendresse. Voilà ce que j'y lus, aussi fou que cela puisse paraître.

« A Artemis ! », entonna le reste de la table, leur verre à la main.

Mon cœur s'enveloppa dans une couverture douce de chaleur. C'était un moment qui me réconfortait : j'avais fait le bon choix.

Après cet épisode, le rangement de la cuisine et quelques verres, je sortis prendre l'air de la nuit. Mathilde s'était écroulé dans le fauteuil de notre grand-père, épuisée et rincée (3 verres de champagne, elle ne tenait pas l'alcool cette petite nature). 4am. Une petite brise vint ébouriffer mes mèches ce qui me procura un frisson. Je vis Sherlock et Mycroft fumer une cigarette près de la clôture. Je les rejoignis en allumant la mienne aussi.

« Je vois que ça se rebelle par ici, lançai-je sur un ton de plaisanterie.

-Nous n'avons pas la même conception de « Noël » que nos parents, aspira l'aîné.

-Je vois, mais vous avez au moins fait votre demande au Père Noël ?, lâchai-je avec un nuage de fumée.

-Le quoi ?, s'exclama le détective. Artemis, d'où est-ce que tu sors de telles sottises ? »

Je lui décochais un regard sous-entendant mon ironie qui laissait à désirer quand la voix de Miss Holmes nous surprit derrière notre dos.

« Vous fumez ?! »

Nous fîmes volte-face, objet à conviction dans le dos, pris au dépourvu.

« Non !, nous défendit mon paternel.

-C'est Mycroft ! », fîmes moi et Sherlock en pointant l'accusé.

Ma grand-mère nous regarda l'espace d'un instant pas convaincue.

« Les garçons j'aurais besoin de vous à l'intérieur, et sans revendications », déclara-t-elle à mes deux compagnons de tabagisme.

Les fils répondirent à l'affirmatif. Dès qu'elle referma la porte, Sherlock lâcha un gros nuage de fumée, maugréa quelque chose dans sa barbe et s'en alla après avoir éteint sa cigarette. Mycroft retira son manteau me le mit sur mes épaules nues devenues toute srouges.

« Ça serait bête de tomber malade, Dr Holmes », me dit-il avant de suivre le pas de son cadet.

Je restai ainsi, seule, sous le toit lumineux de la nuit. En 22 années d'existence, j'avais vécu tellement de choses. Je revoyais mon orphelinat, le couple Watterson, Moriarty, Moran, Henry, Molly, John, Harriet, Rosie, Sherlock, Mathilde, Mycroft, Miss et Mister Holmes.Tous ces gens qui avaient eu un rôle-clé dans nombre d'événements. Après tant d'années de solitude et d'errance, voilà que je trouvais un semblant de stabilité. Cette pensée me fit chaud à ma pompe sanguine que mes lèvres s'arquèrent en un sourire tendre. Je tenais bel et bien de la famille Holmes et de la famille Watson.

Au bout de quelques minutes, j'arrivais au bout de ma cigarette et finis par rentrer, le cœur léger. Après tout, demain c'était Noël, on pouvait faire un effort. Je déposais le manteau à l'entrée et me dirigeai vers ma chambre quand je vis une petite boîte bien emballée sur mon lit.

Tiens, qui a bien pu mettre ça ici ?, pensais-je en m'approchant pour la saisir.

C'était une petite boite cubique d'environ 7 cm de côté. Elle était parfaitement bien emballée dans un papier cadeau rouge, une fleur en ruban vert par dessus. Une petite pancarte blanche y était accrochée avec « To Artemis Holmes » écrit au feutre noir. Ecriture filée. Ça ne pouvait pas être mes grand-parents. Ni les frères Holmes. Tout était bien trop parfait.

Ma curiosité me poussa à la déballer. Mon sang ne fit qu'un tour. Mon cœur rata un battement. Je me sentis tout à coup vidée de mon sang. Non... Non.. Non... C'était impossible... illogique...irrationnel... Toute tremblante, mes doigts se resserrèrent sur l'objet. Tout s'arrêta autour de moi. Comment était-ce possible ?!

Au fond de la boîte il n'y avait qu'un post-it jaune. Il y avait une note dessus, de la même écriture avec le même feutre :

« Happy Christmas, did you miss me ?

~Moriarty <3 »

[FR] Holmes a day, Holmes forever ... [OFFICIAL/!\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant