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L’arrière dont il parlait était un petit bureau, peut-être pas si petit que ça mais il était encombré de nombreux livre en capharnaüm, formant des longues colonnes qui menaçait dangereusement de s’écrouler d’un moment à l’autre. Nath avait déposé ses cartons qui ne contenais que des feuilles de format A3, et s’affairait à faire de la place au milieu de la salle tout en évitant l’écroulement.

- Voilà, installez-vous, je ne savais pas que vous viendrez sinon j’aurais mis un peu d’ordre ici, c’est un véritable Bazard.

Il avait emménagé le centre de la pièce avec des petits tabourets et au milieu, il avait entassé des livres pour nous servir de table de fortune. L’atmosphère était très tendue, de mon côté uniquement parce que maintenant que j’étais là, ça ressemblais plus à une tête à tête qu’a autre chose.

- J’ai du thé, du café, du jus d’orange et c’est tout. Vous prenez quoi ?

- Rien de tout ça, j’aurais aimé de l’eau…

- Ne bougez pas je reviens. Quelques secondes plus tard, il revint avec deux bouteilles d’eau sur un plateau qui contenait aussi des petits gâteaux fourrés.

- Ces fours sont fait maison, je les ai achetés à la place du marché… j’aurais aimé vous faire gouter les glaces qui les accompagne, mais je pense que nous serons mieux ici.

- Oui, merci

- Goutez et donnez-moi des nouvelles, vous allez adorer

- Je n’ai pas très faim…

- D’accord, on fera comme la dernière fois, à force de discuter on finit par avoir faim…

- Vous en avez des théories…

- Qui s’avère être vrai le plus souvent

- Si vous le dites…

- Alors ce livre, vous dites que vous le connaissez ? j’ai cru comprendre que c’était une œuvre vraiment spéciale d’après le registre… très peu connu et peu propagé

- C’est exact, l’auteur n’avait fait que quinze exemplaire en tout et pour tout.

- Comment savez-vous cela ?

- J’étais là le jour de la sortie officiel

- Wow… j’aurais aimé rencontré l’auteur, cet œuvre semble empreint de tellement d’émotion

- C’est vrai, Je ne l’ai pas rencontré personnellement, il a tenu à rester anonyme. Nous avons échangé par mail.

- C’est impressionnant. J’ai tenue à vous le faire lire parce que ça m’a rappelé pas mal des chose… sachant que vous ne venez plus à l’arrière du centre, je voulais vous l’apporter personnellement

- C’est gentil, vous n’auriez pas du

- Vous dites souvent ça… je pensais qu’entre amis c’était naturel de se faire du souci pour l’autre, de se démener pour l’autre…

- Nuance, nous ne sommes pas amis

- Et nous sommes ?  Il me regardait d’un air sournois, et il souriait de son petit sourire en coin qui le rendait si…

- Nous sommes infirmière et patient

- …Qui mange des biscuits autour d’une table fait de livre

- Qu’est-ce que vous voulez ?

- Je vous l’ai dit, je ne veux rien que ce statut d’ami, mais j’ai l’impression que c’est impossible à obtenir de vous. Votre présence ce soir mademoiselle Orianne est tout ce dont je pouvais rêver… vous allez le trouver idiot mais je me suis attaché à vous d’une manière que je n’arrive pas à m’expliquer. Vous êtes celle qui m’a empêché de sombré, même dans votre mutisme, vous m’avez aidé parce que vous êtes la seule qui m’aie tenue compagnie. Je ne me souviens pas de tout, mais aujourd’hui je peux aisément dire que je m’appelle Nath et que je suis un amoureux transi de la littérature. Je vous remercie mademoiselle Orianne

Comme toujours quand il se lançait dans ses tirades, il prenait la peine de me fixer intensément et moi comme une gamine ayant peur de se faire attraper en plein dans une bêtise, je ne soutenais pas son regard. Alors il ressentait comme moi un certain attrait qui le menais chaque fois à moi… peut-être était-ce ce même attrait que je ressentais, ce même besoin de l’entendre parler, raconter. Nos deux âmes aurait-il trouvé du réconfort l’un dans l’autre ? ne sachant pas quoi dire, je me saisis du gâteau fourré, mais mon poignet me fit comprendre que c’était une mauvaise idée… je me l’était sans doute foulé.

- Vous avez mal mademoiselle laissez-moi voir

- Non ça va je vous dis, ce n’est rien de grave je m’en occuperais à la pension

- Vous en êtes sûr ? je peux vous donner un baume si vous voulez…

- Ça va j’ai dit… donc vous vous êtes souvenue de quoi exactement ?

- Oui, c’est vrai, hier alors que je rangeais dans les armoires, je suis tombé sur ce livre et en le lisant, je me suis souvenue que je savais dessiner. J’ai donc pris une feuille et j’ai laissé libre cours à mon imagination et ça a marché, j’ai fait un portrait parfait. Puis la dernière fois, je me suis souvenu de mon… père. Le rêve que je faisais ou les gens se criait dessus s’est éclairci. Je me suis rappelé que j’avais des diffèrent avec mon père mais je ne sais pas exactement à quel sujet.

Lorsqu’il parlait de ses souvenir, il prenait une expression sérieuse, comme s’il me racontait une histoire extérieure. Comme si sa propre vie lui était étrangère.

- Mais bon, je crois que tout est lié à une tragédie quelconque. C’est la clé de mes souvenir je le sais… je le sens.

- Vous vous souviendrez, vous êtes vraiment sur la bonne voie.

- Et… moi je ne sais même pas quelle question vous poser, alors que j’en ai des milliers

- N’en posez pas alors…

- Juste une seule… puis je promets ne plus vous en poser, pour la soirée…

- Bon, essayez quand même…

- Qui est Orianne ?

Sa question me laissait perplexe. Y répondre, serait donner la réponse à tout. Une pauvre femme, fille d’un riche homme politique qui avait perdu sa dignité aux yeux de tous et qui s’était fait rejeté de la société a laquelle elle appartenait. Pour ne pas dire tous ces mots qui était d’autant plus difficile à sortir, je me souvins d’un passage que je répétais tous les temps à la fac.

- L’enfant du monde n’a pas besoin de tisser des liens. Son plus grand trésor c’est sa mémoire qu’elle emporte partout. Elle vit au jour le jour et aux yeux de tous, elle n’est personne.

Son regard s’illumina, et un autre sourire radieux fendit ses lèvres comme si c’était la réponse exacte qu’il voulait entendre.

- Vous de citer un passage de « parfum de lys » la parole de…

- …Emzat à Obel sur son lit de mort, oui c’est ça.

- Ce livre… j’ai l’impression qu’il enferme une grande partie de l’histoire, sans savoir quoi…

- Lisez-les encore, il se peut qu’il vous réponde

- A vous, il vous a répondu ?

- Je ne l’ai pas lu jusqu’au bout… je me suis arrêté au diagnostic de sa tumeur cérébrale

- Je vois… pourquoi ne l’avez-vous pas fini ?

- En fin de compte, je veux bien manger ces gâteaux. Il eut un sourire de circonstance, puis rapprocha les gâteaux de moi

- Je ne m’attendais pas à plus de votre part pour être franc, ce livre est magique, j’en suis sûr.

Nous avions mangé ces gâteaux, partagé son repas et rangé des milliers de livre. Mon poignet avait quelque peu enflé, mais ne voulant pas attirer l’attention sur lui, je dû faire semblant, faire comme si j’allais bien. Après tout, simuler, c’est mon point fort.

Lorsque je décidais enfin de rentrer à la pension, il était 22H passé, et en bon gentleman il se proposa de me raccompagner. Après mainte insistance, je fini par abandonner ma résistance comprenant que ça ne me servait à rien. Sur la route du retour, le petit monde peuplant Norway était en chaleur. Je ne suis jamais sorti un vendredi soir et j’étais émerveillé devant tant d’ambiance. Je ne savais pas qu’il y avait une autre vie en dehors de la pension et du centre. Je ne savais pas que les gens vivaient normalement, avait des vies heureuses alors que moi je broyais constamment du noir. Apparemment la vie battait son plein, sans moi.

Dès l’entrée de la pension me parvenait les discussions animées de ceux qui y était quand je l’avais quitté. L’assemblé s’était agrandi et la boisson coulait à flot. La perspective de dormir avec tous ces bruits ne me plaisait pas mais j’avais un congé et je n’étais qu’à mon deuxième jour.

- Merci d’être venue mademoiselle Orianne, en votre compagnie je passe toujours des moments exceptionnels.

- J’ai passé une agréable soirée aussi merci, j’espère que vous vous rétablirez rapidement…

- Moi aussi je l’espère

- Au revoir Nath

- Au revoir mademoiselle l’infirmière, prenez soin de votre poignet surtout.

- Je tacherai

Il avait plongé ses iris coloré dans les miens qui étais inexpressif et sombre, et j’avais à nouveau senti la décharge électrique qui se répandais de mon ventre à ma poitrine. Loin d’être douloureux comme il devrait l’être, c’était très agréable. La petite fossette sur le coin de sa lèvre me faisait pensais à un petit garçon innocent. Cette nuit-là, je m’endormis directement. Et contrairement à toutes mes nuits, je ne fis aucun cauchemar ni aucun rêve. J’eus une nuit simple et paisible, bercé par les rires des convives et par la fraicheur qui entrait de la fenêtre que cette fois sans crainte, j’avais laissé ouverte.

La Maladie d'amourWhere stories live. Discover now