Premiers pas au dojo

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Vendredi, 16h30. J'étais rentré en vitesse chez moi, j'avais faim. Ma mère devait encore être au boulot et mon frère finissait plus tard que moi. Toute la journée, je n'avais pensé qu'à l'entraînement de judo que j'avais le soir même et les profs m'avaient repris plusieurs fois alors que j'avais la tête ailleurs. J'étais extrêmement pressé de faire mes débuts, mais j'étais aussi très stressé, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. En plus, la plupart des personnes commençaient le judo très jeune. Moi, j'avais onze ans et j'avais peur d'être un peu ridicule. Je m'étais empressé de prendre une gourde d'eau et un sac pour filer vers le gymnase. Il était à dix minutes à pied de chez moi mais je n'avais certainement pas envie d'arriver en retard dès le premier cours.

Arrivé au gymnase, je m'étais rendu dans la petite salle vitrée pour retrouver Rémi. Il m'y attendait et avait préparé le fameux judogi sur un cintre à côté du tableau d'inscription.

"- Salut Marc, ça va ?

- Ça va, je suis un peu stressé.

- T'inquiète pas, c'est normal la première fois, mais je te rassure, ils sont très sympas. Le cours regroupe des jeunes de tous les âges. Je crois que les plus jeunes doivent avoir sept ou huit ans et les plus âgés la quinzaine. Tiens, ton kimono, dit-il en me brandissant avec fierté le cintre avec la tenue. Il est un peu usé, mais ça ira pour tes débuts. Vas-y, prends-le.

- Merci Rémi. Est-ce que tu sais par où on passe pour aller au dojo ?

- Bah bien sûr que je sais, c'est pas comme si je bossais ici, dit-il ironiquement. Tu prends la petite porte rouge au fond du gymnase. Tu vas arriver dans un long couloir et au fond à droite, il y a les vestiaires masculins. Le dojo est en face, tu peux pas le rater. C'est bon pour toi ?

- Super, je te remercie. Salut !

En sortant de la petite salle, j'avais vu sur l'horloge qu'il était déjà 16h51. Il ne fallait pas que je traîne, le temps de me changer. En arrivant dans le couloir qui menait au dojo, j'étais fasciné par toutes les coupes et les médailles qui étaient entreposées de part et d'autre du couloir. J'étais enfin rentré dans le vestiaire et j'avais timidement dit bonjour aux garçons déjà présents. Comme me l'avait dit Rémi, il y en avait de tous les âges. Les plus jeunes avaient des ceintures jaunes ou oranges tandis que les plus âgés étaient plutôt "ceinture bleue" ou "ceinture marron". Alors que la plupart d'entre eux étaient en train de se donner des coups de ceinture ou de pantalon de manière puérile, je m'étais changé dans un coin du vestiaire et avais enfilé mon kimono avec une ceinture blanche que Rémi m'avait prêtée. J'étais tout de suite sorti une fois prêt et étais rentré dans le dojo où il n'y avait encore personne. J'avais tout de suite été saisi par la grandeur de la salle, que je m'imaginais beaucoup plus petite. Le tatami était très grand, séparé en quatre grandes zones de combat. Celles-ci étaient faites de tapis jaune citron tandis que le contour était bleu saphir. J'étais agréablement surpris par toutes ces couleurs chatoyantes. J'étais alors en train de regarder le portrait d'un vieil homme accroché sur le mur en face de moi lorsqu'Alicia était arrivée. Elle était également en kimono, avec une ceinture rayée orange-verte et avait les cheveux attachés en un chignon au sommet de sa tête. Je l'avais saluée et lui avait demandée qui était l'homme sur ce portrait qui attirait ma curiosité.

"- Lui, c'est Jigorō Kanō, c'était un japonais. C'est lui le fondateur du judo. D'ailleurs, le judo est souvent vu comme un sport violent, mais au contraire, en japonais, cela signifie "voie de la souplesse", et contrairement à ce que tu as dû voir dans le vestiaire avec ces crétins de garçons, le judo repose sur un Code moral très important : Politesse, Courage, Sincérité, Honneur, Modestie, Respect, Contrôle de soi et Amitié. Un bon judoka est capable de réunir toutes ces conditions. Par exemple, avant de débuter un combat, on salue toujours son adversaire, c'est le Respect. On salue aussi Jigorō Kanō avant d'entrer sur le tatami et lorsqu'on en sort. Bon allez, trêve de bavardages, la prof va bientôt arriver. Elle s'appelle Christine, mais tout le monde l'appelle Kiki."

La prof ? Je m'étais toujours imaginé un grand homme costaud, les cheveux légèrement blanchis et un air sévère. C'est peut-être ça qui me faisait un peu peur, mais finalement, il n'en était rien. Effectivement, comme l'avait prédit Alicia, j'avais vu une femme arriver, assez petite, les cheveux noir de jais tressé en une longue natte et portait un kimono bleu avec une ceinture noire brodée "Kiki". Elle devait avoir la cinquantaine, mais paraissait très en forme pour son âge. Elle avait les yeux qui pétillaient et un grand sourire. Cela m'avait rassuré un peu.

"- Allez, tous en place ! dit-elle d'une voix forte.

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À suivre...

J'espère que ce chapitre très centré sur le judo en lui-même vous a plu, j'ai vraiment apprécié l'écrire. Peut-être y avez-vous appris des choses. N'hésitez pas à faire des remarques.

Ceinture noireWhere stories live. Discover now