❁𝒑𝒍𝒂𝒊𝒔𝒊𝒓 𝒇𝒖𝒈𝒂𝒄𝒆 𝒆𝒕 𝒔𝒖𝒑𝒆𝒓 𝒉𝒖𝒊𝒕❁

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Je tournais ma tête en direction de la fenêtre. Il faisait beau aujourd'hui.

Le paysage défilait à toute allure laissant dans son sillon une simple photographie floue.

L'homme était grand, blond au yeux d'un brun sombre. Il émanait quelque chose de lui qui ressemblait drôlement à un air paternaliste.

"Nous sommes arrivés, tu vas voir tu vas t'y plaire."

Je ne m'étais jamais plue nul part. J'avais cette impression au cœur que les choses allaient changer, mais j'ignorais encore si cela allait être en bien ou bien en mal.

Mais cet homme grand ne l'était peut-être pas qu'en taille. Peut-être était-il aussi un grand homme. Je ne saurais encore trop dire.

J'extirpai d'une main souple le grand sac de sport qui contenait les seules traces de ma vie passée.

Je jettais un dernier coup d'oeil en direction de la Ford Mustang et me retournais en direction de la grande porte rouge où m'attendait déjà l'homme grand.

"Bienvenue chez toi." Il avait dit cette phrase tout en écartant violemment les bras.

Il était un véritable soleil.

Et quelque part au fond de moi, j'espérais qu'il soit également mon soleil, ma nouvelle lumière.

Celle qui me sortirait des ténèbres où m'avait jetée mon père.

Aima était allongée sur son grand lit blanc.

Son visage était tourné en direction du vieux tourne disque qui tournait dans le vide dans un coin de la pièce.

Elle n'avait pas le courage de se lever pour changer de disque. Son corps était comme ankilosé par toute la fatigue qu'elle accumulait depuis des années.

Elle pensait à tout ce qui l'avait mené jusqu'à ce moment précis. Et la jeune femme se rendit compte d'une chose, il fallait qu'elle saisisse chacune des opportunités qui se dresseraient sur sa route.

La jeune brune décida finalement de se lever. Son corps la faisant légèrement moins souffrir.

C'était d'un geste las qu'elle releva le bras de la vieillerie. Elle extirpa lentement le disque de Kodaline pour mettre à la place l'un de ses nombreux disques de musique classique.

Les notes de la fille aux cheveux de lin de Debussy résonnèrent enfin dans la chambre et les yeux sombres de la jeune femme se fermèrent. Elle semblait apaisée, là, droite au milieu de la pièce bien vide.

Aima pu enfin respirer convenablement. Elle profitait simplement de la musique. Ses doigts trop fins se mouvaient inconsciemment au son du piano. Comme bercés eux aussi par la douce mélodie.

Il était cinq heures de l'après-midi.

Elle ne rouvrit les yeux que lorsque le disque fût usé. Aima n'avait l'impression de vivre que lorsque la musique emplissait sa tête, ses oreilles. Que l'orchestre venait vibrer jusque dans son corps et l'emmenait loin, bien loin du lieu où elle se trouvait et de l'instant présent.

Vivre était un plaisir fugace. Et elle n'en prit réellement conscience qu'à cet instant. La vie est un vinyle, il se terminera forcément un jour, mais si quelqu'un où quelque chose était là pour le démarrer, alors il continuera de subsister une trace de lui.

La pièce était grande. Grande et vide. Mais la grande fenêtre, au grand balcon apportait la vie manquante à la chambre.

La lumière venait gentillement chatouiller le visage de la jeune femme désormais presque allongée sur le vieux parquet.

Il n'était pas comme dans son ancienne maison. Il n'était pas lustré. Et en quelque sorte ce simple constat rassura Aima. Elle n'était plus là-bas.

Dans la grande maison à la porte blanche. Dont les mains du propriétaire étaient tachées de sang.

Son père était un homme influent, sans doute trop. Il se croyait au dessus des lois. Bien trop riche pour ne serait ce que s'encombrer de tous ces textes. Se croyant tout permis et que tout lui était dû car son nom était plus intéressant et important que l'homme minable qui se cachait derrière.

Les mains de la jeune fille jouaient inlassablement avec une vieille pellicule. La représentant elle avec sa mère. Elles souriaient. Elles étaient belles. Elles étaient rayonnantes. Elles étaient toutes deux vivantes.

Une larme solitaire vint lentement glisser sur sa joue pâle, la perle de tristesse s'échoua lamentablement et dans un Ploc discret sur le papier glacé.

Son regard brun se posa sur la commode esseulée dans un coin de la pièce. Un vieil appareil photo trônait, là, aux côtés d'une Super 8 que lui avait légué son grand-père. Il lui manquait beaucoup.

La jeune femme ne l'avait que peu connu mais ce qu'elle avait découvert avec lui avait suffit à animer cette flamme en elle, cette même flamme qui lui répétait jours et nuits qu'il fallait chaques secondes œuvrer pour sa liberté.

Un bruissement la sortit de sa contemplation. Un oiseau venait de se poser sur la rambarde rouge de son balcon.

Elle se redressa lentement, l'animal ne semblant pas encore l'avoir remarqué. Ses pas étaient légers, muets.

Malheureusement, le grincement sonore de la fenêtre fit s'envoler le petit volatile bleu. Les yeux couleur de douceur d'Aima suivèrent longuement le chemin tortueux emprunté par l'oiseau.

Elle souffla légèrement et s'accouda aux barreaux rouges. Elle n'observait rien en particulier. Son regard ne s'attardant sur aucun détails. Il vagabondait à sa guise. Passant du balcon bleu d'en face à la pelouse parfaitement tondue du voisin de gauche.

La jeune brune semblait complètement perdue et ce n'est que lorsqu'une voix l'appela du rez-de-chaussée qu'elle reprit enfin conscience.

Elle était bien là. Et malgré la fait qu'elle regrettait l'abscence de sa mère, la jeune femme savait que cette dernière aurait souhaité que sa fille soit heureuse. Qu'elle soit libre. En clair sa mère aurait souhaité qu'Aima vive comme elle l'entendait.

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