Chapitre 4 : Un nouveau duo.

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Summer :

        Les jours après la rentrée ont été ennuyants. Je n'ai pas recroisé les frères, ni dans le bus ni dans l'enceinte du lycée.

        Nous sommes vendredi soir et je suis épuisée. Cela fait des mois qu'ils ne s'entendent plus, mais refusent catégoriquement de comprendre que rien ne s'arrangera plus. Pendant ce temps, je ne peux que regarder, et surtout entendre.

        Je me suis installée comme à mon habitude dans les rangées médianes de la classe. Si je me mets devant il n'y a aucun doute sur le fait que je me fasse interroger et si je me mets au fond, je devrais supporter les remarques salaces des garçons en manque.

         Le professeur est des plus assommant. L'histoire de l'Amérique durant le XVIIe siècle ne m'intéresse même pas un peu et la fille d'à côté qui se cure le nez depuis dix minutes sans sembler trouver ce qu'elle y cherche me déprime. Je continu de tracer des traits au marqueur sur la couverture de mon cahier alors que le professeur explique les modalités de notation de notre semestre. Mon attention ne se porte pas plus qu'à l'habitude sur ce qu'il expose, je sais pertinemment que je serais parmi les meilleurs résultats et tête de classe. Depuis mon entrée dans le cursus scolaire, j'excelle, ce n'est pas demain la veille que cela va changer.

         Je remarque en relevant la tête discrètement que la classe s'agite de manière anormale. Mes yeux parcourent rapidement les élèves qui arborent des visages outrés et c'est à ce moment-là que je décide de m'attarder sur ce que l'adulte s'évertue à dire.

        Mr. Schroeder ce fait toutefois violemment couper par la porte qui s'ouvre dans un fracas qui fait sursauter la moitié de la classe. Essoufflé, un des frères qui m'ont accompagnés dans le bus lors de la rentrée entre dans la classe. Ses vêtements ont l'air débraillé et son visage respire l'extase. Le professeur étudie le visage du jeune homme, probablement trop longtemps car le saligaud se racle nerveusement la lèvre et toque hasardeusement sur la porte, comme pour s'excuser de la maladresse dont il a fait preuve précédemment.

        L'homme à la barbe mal taillée ayant visiblement compris d'où venait, ou en tout cas ce que venais de faire l'étudiant, détourne la tête dans un geste d'inconfort palpable. Il congédie gracieusement le débraillé au fond de la classe et lui fait jurer de se tenir tranquille pour le reste du cours.

         Il reprend avec dynamisme son laïus et commence à épeler les étudiants pour former des groupes. Je comprends avec frustration qu'il compte évaluer notre semestre à partir d'un travail de groupe. Mes mains commencent à s'agiter et je ne peux m'empêcher de gratter mes petites peaux dans un geste d'anxiété profonde. Je hais les travaux de groupes. Personne à part Bella n'a jamais pu me supporter alors mes collaborations se finissent perpétuellement de la même façon : je suis impliquée – au contraire de mes camarades, je deviens alors frustrée de leur manque d'assiduité, nous nous disputons vigoureusement et par peur des conflits, je finis par accomplir l'entièreté du travail seule. Le seul aspect bénéfique étant que je suis sûre de m'assurer la meilleure note de ma classe.

        Ainsi, plus les duos sont désignés plus je stresse. Mon inquiétude atteint son comble lorsque je comprends qu'il ne reste plus que deux élèves qui n'ont pas été appelés. Moi et l'incongru du fond de la salle.

         Comme je m'y attendais, Mr. Schroeder s'empare de sa liste et annonce le dernier duo : moi et le jeune homme appelé Aiden Baker. Son nom de famille me confirme ce que j'avais d'ores et déjà deviné : Kyle et Aiden sont bien frères.

         Je regarde le fond de la classe furtivement et je peux croiser le regard sévère d'Aiden. Je me re concentre sur ma table et fixe le vide, essayant de faire diminuer la rougeur qui est apparu à vitesse grand V sur mes joues. L'homme aux cheveux grisonnant sur l'estrade en face de nous reprend son allocution, agacé par les bruits incessants et les chuchotements tout sauf discrets des adolescents immatures.

In Love With A GangsterWhere stories live. Discover now