Chapitre 8

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   Eli

« My body is burning
It start to shout
Desire is coming
It breaks out loud »
Scorpion - Rock You Like A Hurricane

– Sérieux, qu'est-ce que tu lui as dit pour le mettre en rogne comme ça ?

Félix rit à moitié, à vrai dire, il semble presque inquiet.

– La vérité, ça ne lui a pas plu.

Le grand brun aux balafres souffle bruyamment tandis que nous nous mettons à dévaler les escaliers.

– Tu n'aurais peut-être pas dû, Alexander n'est pas quelqu'un de gentil, il est...

Félix ne finit pas sa phrase, observant, comme interdit, son aîné assis à la table de la salle à manger. L'adolescent semble presque pétrifié. De mon côté, je ne peux m'empêcher de rire intérieurement. Comme quoi, une petite remarque bien placée et voilà qu'il marche droit ! Toute once de colère semble avoir quitté son être lorsque je le vois assis-là, une mine presque joviale scotchée à son visage normalement si renfermé.

– Tu vois, je ne l'ai pas mis en colère.

– Ça, c'est le calme avant la tempête !

Au fond de moi, je ne parviens pas à prendre la remarque de Félix au sérieux. Que pourrait-il bien faire pour me blesser ? Me balancer de nouvelles horreurs en pleine tête ? Me plaquer de nouveau contre un mur tout en espérant que je prenne mes jambes à mon cou pour quitter la demeure MHK ?
En entrant dans l'impressionnante salle à manger, les yeux d'Alexander ne me quittent pas. Plus la moindre mine joviale ne semble traverser son minois, à vrai dire, plus aucun sentiment ne semble à cet instant précis l'habiter. Il se trouve assis sur cette chaise, comme vidé de toute émotion tandis que son regard demeure plongé dans le mien. Un regard d'une intensité monstre, si bien que j'ai bien du mal à trouver la force d'enfin détourner les yeux vers Félix, abasourdi.

– Assieds-toi, je t'en prie, m'autorise mon patron déjà attablé.

Je m'exécute, prenant place face au grand brun au regard toujours vide. Jetant un regard à mon patron assis en bout de table, je suis presque émue de voir un large sourire se dessinant sur son visage. J'ai comme l'impression que cela ne lui arrive pas souvent. Il faut dire que l'ambiance dans cette maison doit rarement être au beau fixe étant donné le caractère exécrable de son aîné ! En jetant un œil à Félix, assis à l'opposé de son père, à l'autre bout de la grande table, je constate que ce dernier ne quitte pas son aîné du regard. Comme s'il attendait qu'il ouvre enfin la bouche.

– Bien, Eli, et si tu nous parlais un peu de toi !

Alexander, resté silencieux jusqu'ici, laisse échapper un ricanement tandis qu'il se sert une assiette de poulet rôti tout juste déposé sur la table.

– Et bien... je sors de la Seattle U avec un diplôme en littérature française.

– En littérature française ? Tu es déjà allée en France ? J'ai toujours rêvé d'y aller !

L'entrain de Félix lors de sa rétorque me fait rire. Je ne peux m'empêcher de me demander comment il est possible qu'Alexander et lui puissent être frères. Ils semblent, pour ainsi dire, aux antipodes l'un de l'autre.

– Une foutue serveuse n'a pas le pognon pour se payer un tel voyage, grogne d'ailleurs ce dernier, tapotant sa bouche à l'aide de sa serviette.

– Fiston, s'il te plaît.

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