Chapitre 34 (2)

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Le rappeur avait vu juste. Si les jours suivants se déroulèrent sans anicroche aucune, l'approche de la séparation ravivait peu à peu les appréhensions des deux jeunes gens, jusque là étouffées par le simple désir de profiter de l'instant présent. Or, aucun des deux ne se risqua à aborder le sujet de leur relation : cet équilibre précaire avait été si laborieux à obtenir !

Les trois amis se rendirent sur la baie de Santa Monica sur les coups de dix-sept heures pour contempler l'océan une dernière fois sans avoir à affronter les rayons trop agressifs du soleil.

« Je vais me baigner ! » annonça Athénaïs, enthousiaste.

Elle jeta négligemment ses lunettes de soleil et sa robe dans leur sac de plage, pressée de se retrouver dans l'eau. C'était une habitude qu'elle partageait avec son frère. La course à celui ou celle qui piquerait la première tête était un rituel auquel Nathan et elle se prêtaient depuis leurs premières vacances en famille jusqu'à présent. Si la jeune femme avait gagné les premières années, il avait fallu moins d'une décennie pour que son cadet de trois ans la battît à son propre jeu.

L'eau était très bonne, un rafraîchissement bienvenu au milieu de cette journée de chaleur estivale. Elle fut vite rejointe par ses compères. Ils se délassèrent ainsi une bonne demi-heure puis remontèrent. Une fois allongée sur sa serviette de bains, l'atmosphère chaude et calme de la plage eut raison d'Athénaïs qui se laissa aller à la somnolence. Soudain, la main de Ken parcourut de ses doigts son flanc, ce qui l'éveilla. Elle bascula vers lui qui continua à lui prodiguer de légères caresses.

« Là, on peut rien faire, c'est sûr. » marmotta-t-elle.

Ken eut un rire silencieux avant de l'embrasser.

« Pas envie de te quitter, murmura-t-il.

— Il va bien falloir, pourtant, soupira Athénaïs. Mais bon, pas encore maintenant... »

Elle se redressa pour voir ce que faisait Mamadou. Il s'était endormi.

« Il dort ? » s'enquit Ken.

Elle opina de la tête. Un petit silence s'étira entre eux.

« Dis,... Comment tu vois les choses, à Paris ? »

La fameuse question. Il se demandait quand Athénaïs la mettrait sur le tapis.

« Pourquoi les choses changeraient-elles ?

— Le cadre est un peu particulier, ici. ll n'y a aucune contrainte. C'est un peu comme des vacances. C'est comme dans le Bachelor où tout est parfait. C'est normal que tout aille bien. Mais quand on retourne à la réalité...

— Pourquoi les choses changeraient-elles ? répéta Ken. Je t'aime et tu m'aimes, non ? »

Cette fois-ci, Athénaïs ne répondit pas, une mine grave sur la figure, ce qui inquiéta l'homme. Il détailla son visage soudainement fermé pendant que son mutisme se prolongeait.

Non... Tout ceci n'était quand même pas... Ken chercha une réponse à la crainte qui l'assaillait brusquement dans les yeux en amande de son interlocutrice. Et si tout cela n'avait été qu'une parenthèse ? se questionna-t-il, le coeur battant. Une vaste comédie ?...

« Athé', tu me fais peur.

— Faut qu'on parle mais...

— Qu'on parle de quoi ? l'interrompit Ken.

— De certaines choses mais pas maintenant...

— Pourquoi ? Pourquoi pas maintenant ? »

L'impatience poindrait dans le bougonnement de Ken. Athénaïs voulut calmer le jeu :

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant