Balón Jímenez

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"C'est pas vrai ça ! Je ne peux pas croire tout ce que tu me racontes là, mon fils !" s'écrit madame Ndongo.
Choquée, la dame est au bord des larmes..
Jusqu'ici nous sommes au moment où je prends le chemin de sa maison afin de trouver une solution à mon problème. Je lui ai tout raconté, dans les moindres détails. Omettant Biensûr l'épisode de la nuit passée et des joints aromatisés.
"-- Comment comptes-tu donc nous tirer de cette situation, maintenant que ma fille est embarquée dans cette situation ?
-- Pour l'instant, je ne peux rien te garantir tata, mais je connais quelqu'un...
-- Tu connais quelqu'un ?Sois plus explicite s'il te plaît.
-- Je connais quelqu'un qui est en mesure de localiser et de libérer Bella. Mais c'est que..
-- Il y a quoi mon fils ? Quelles sont ces conditions ?
-- Ce n'est pas quelqu'un de très fréquentable, et ses tarifs sont pour le moins exorbitants.. Et tout mes avoir sont bloqués, comme je viens de te l'expliquer..
Mais je te promet que (à ce moment précis, madame Ndongo me coupe la parole d'un ton ferme).
--Il a besoin de combien ?
-- Tata..
--Je ne peux pas me permettre de mettre en jeu la vie de mon unique enfant pour une maudique somme d'argent. De combien a-t-il besoin ?
-- 05 millions de fcfa. (soit 10 mille dollars).
-- D'accord.
Après un bref instant, madame Ndongo se lève du salon et se dirige vers la suite parentale, à l'étage.

Je reste installé, muet. C'est la meilleure attitude pour le moment.
Cinq minutes plus tard, la femme d'âge mûr revient, elle porte une grosse enveloppe kaki entre ses mains.. On dirait...
Elle s'installe juste en face de moi, puis extrait des liaces de billets de 10.000 fcfa de la dite enveloppe. J'avoue que je suis ébloui. Elle compte une cinquantaine de liaces de 100.000 fcfa. Après les comptes, tata retire ses lunettes et pousse l'enveloppe juste à ma hauteur :
"-- Prends cet argent. Tu sais bien qu'il n'y a rien de plus important que ma fille dans ce monde à mes yeux. Je ne veux que le meilleur pour elle, quelqu'en soit le prix.
-- J'en suis conscient, tata.
-- Bien, ramènes la moi s'il te plaît".

Je me lève, avec un air reconnaissant et regagne la porte, d'une allure décidée.
Bien évidemment, le surhomme capable de démenteler la puissante organisation de César Ambassa et de sauver Karel et Bella de ses griffes n'existe pas. Mais comment le dire à une mère en quête de réponse et de solution ? Je préfère penser raisonnablement qu'après ma fuite en Colombie, ce sectaire n'aura plus aucune raison valable de retenir mes amis captifs. D'autant plus, que leurs parents sont des personnalités influentes.
En réalité, je n'avais pas planifié ce qui vient de se passer, j'ai juste tiré profit d'une situation sans issue apparente. Et le kidnapping de Bella a confirmé l'idée qui me trotte depuis le coup de ce matin, à hôtel de l'air : Ambassa compte sur du bleuff pour m'attirer à lui. Sinon pourquoi se donner la peine de trimballer des otages dans une grande ville comme Douala ? Pourquoi ne pas simplement tuer tout le monde, vite fait bien fait ? Ce n'est que de l'intimidation !

J'espère que madame Ndongo me pardonnera lorsqu'elle verra sa fille rentrer saine et sauve à la maison.

Je dois maintenant contacter celui qui se fait appeler Broli. C'est le plus grand revendeur de drogue et d'armes du centre ville, il est la preuve vivante que le grand banditisme peut mener à une ascension sociale : je l'ai côtoyé à travers les nights clubs durant mes années folles pré-universitaires. J'étais "son bon petit".

Broli est très certainement mon contact le plus difficile à joindre. La vie du crime induit naturellement une vigilance aux limites de la mesure. Pour lui parler, je dois envoyer un message "Aigle blanc" à un numéro intermédiaire. Si tout est clean, je reçois un numéro de téléphone anonyme par message sur lequel je peux le joindre dans les cinq minutes suivantes, pas une de plus.

Cela fait presqu'une demie heure que je flâne dans les rues, avec mon enveloppe kaki remplie de billets violets. Pas d'inquiétude, je suis quand même un initié du krav maga...

Je repère un glacier au prochain carrefour, je vais m'y installer afin d'entrer en contact avec Broli.

Quelques minutes plus tard,

"Piiip piiiip, veuillez copiez cette sonnerie en appelant le 72500..piiip poooope.."
Le téléphone décroche, un silence répond à l'autre bout du fil.
"-- Bonjour Broli (Je rétorque).
-- Oui, mon petit. Je vois que tu es de retour au bled..
-- Oui, boss.
-- Alors qu'est ce qui t'amène à moi ?
-- Je souhaiterais entrer en contact avec ta relation en Colombie...
-- Hahaha (Broli laisse s'échapper un moqueur toussautement).
Je vois que tu as laissé les drogues douces mon petit, tu es maintenant au niveau supérieur.
-- Je suis très sérieux.
-- D'accordddd. Admettons que j'accepte. Pour quelle raison est ce que je te donnerais son contact ?
--01 million de frfca pour son numéro de téléphone, c'est honnête, je pense.
-- (court silence) hum.. D'accord. Quand j'aurai l'argent dans mon compte, tu auras son p***** de 06.
Je tiens juste à te mettre en garde petit, ces gens ne rigolent pas. Et quelque soit le trou de la planète où tu te trouve, saches que le cartel de Cali peut t'atteindre.
--.... J'ai compris.

Je raccroche, et me précipite au premier point mobile money du coin.
J'y dépose les 01 million sur le numéro indiqué, comme prévu.
Maintenant, il faut espérer que Broli respecte la loi du business et soit loyal.

Un peu plus d'une heure plus tard, la fin d'après midi.

Alors que je me suis assis sur un banc public, démembré, short et babouches aux pieds, avec un air de sans abri, j'entrevois un motard à vive allure qui se traverse la rue, faisant gémir sa machine. Il arrive à ma hauteur et dérape dangereusement. Là, le conducteur de l'extrême freine :
" Se llama Balón Jímenez, es el numéro dos del cartel de Cali. Sea más prudente".
L'individu me lance un boup de papier, sur lequel je perçois des chiffres, un numéro téléphonique.

Un individu en moto qui s'exprime en espagnol et qui roule comme dans une partie de GTA 5 (Grand Theft Auto), Broli n'aura jamais cessé de me surprendre.

Merci Jésus, maintenant que j'ai ce numéro, je n'ai qu'à me chercher une bonne chambre d'hôtel et lorsque je serai en état, je contacterai ce chef mafieux.. Ce fameux Balón Jímenez..

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