Unlikely Love

Chapitre 5

Ethan

Mardi 28 septembre.

Je pose enfin mon stylo et dans un soupir, pousse l'examen vers le bord de la paillasse en regardant autour de moi. Tous sont encore penchés sur leur copie. La seule qui ne l'est plus depuis longtemps, c'est la geek. 

Celle-ci, la tête appuyée sur son poing relevé, est en train de dessiner un amphibien avec une remarquable précision. La petite grenouille est si bien esquissée qu'elle donne presque l'impression d'être en vie.

-La vache, tu dessines super bien... Je lâche spontanément.

Joanne lève un regard surpris vers moi et me regarde par-dessus ses lunettes en fronçant un peu ses fins sourcils.

-Elle est où la vanne ?

-Y'a pas de vanne, je te fais juste un compliment.

-Merci. Marmonne-t-elle en replongeant sur son œuvre.

Cette fille est aussi aimable qu'un Pit-Bull, ma parole!

Depuis plus d'une semaine que nous sommes assis face à face, elle n'a lâché que quelques phrases et encore, du bout des lèvres. Pour m'envoyer chier sur les roses la plupart du temps. Même les autres parlent entre eux, au moins pour les expériences. Mais pas nous. Ou tout du moins, pas elle.

-Ça t'arrive d'être sociale et d'aligner deux mots de temps en temps ?

-Non, pas avec les mecs comme toi.

-Parce que tu crois que j'ai envie de taper la convers' avec une meuf comme toi ? Je m'offusque, piqué au vif.

-C'est pourtant ce que tu réclames là, non ? Réplique la fille en relevant la tête. Si tu veux discuter c'est avec tes potes, moi je n'ai rien à te dire. 

-J'ai rien à te dire non plus, mais on est coincé ensemble jusqu'à la fin de l'année je te rappelle. Alors tu pourrais faire un effort, au moins pendant les expériences. Anderson va finir par se rendre compte que nous travaillons chacun de notre côté.

-Et alors, t'as peur qu'il découvre ton véritable niveau ?

-T'insinue que je suis stupide ?

-Je n'ai pas dit ça. Contre-t-elle en pointant son crayon vers moi. Mais si y'avait un génie là-dessous, ça se serait !

-Il n'y a peut-être pas de génie là-dessous, mais y'a autre chose. Je commence en haussant rapidement les sourcils, aguicheur. Y'a un gros...

-Beurk, je ne veux surtout pas le savoir ! Grimace-t-elle en levant la main pour m'arrêter. Ça ne m'intéresse pas du tout ! Termine-t-elle en retournant à son dessin.

-Ah ouais ? Je reprends aussitôt, amusé par sa réaction. Alors pourquoi t'es constamment en train de me reluquer si ça ne t'intéresse pas ?

J'ai le plaisir de la voir suspendre subitement son geste, comme si j'avais réussi à la troubler. Au bout d'une longue seconde, Joanne relève la tête vers moi et plonge son regard dans le mien.

-De un, commence-t-elle d'une voix plate et égale, je zieute tous les gars qui croisent mon chemin. Tous.

Tu m'étonnes qu'elle bave devant la gente masculine. Moche comme elle est...

-Et de deux, reprend-elle, t'as un cul d'enfer. Donc, normal que je te mate. 

Eh ben pour être franche, elle l'est ! Je ne m'attendais pas du tout à cette réponse et la regarde avec des yeux ronds pendant quelques instants avant de me reprendre.