Further Than Earth, Closer to Home

VI : Éloge de la photographie

Depuis des années je collectionne les instants précieux de la vie ou les paysages mondains dans une petite boîte noire capable de tenir entre mes mains. Je l'emmène à chaque endroit, chaque jour, à la recherche de l'image qui me fera vibrer ainsi que les générations à venir. Du coucher de soleil au dessus de la ville, à la plus insolite des situations, absolument tout est utilisable, du moment que le coeur y demeure. J'ai longtemps décidé que cet objet serait l'extension de ma mémoire. Personne ne sait quand celle-ci sera faillible ni quand il me deviendra impossible de faire confiance à mes propres souvenirs. Je refuse de perdre certaines images de mon esprit alors je les capture discrètement et les conserve précieusement. Parfois, je me surprends à imaginer ma vie sans cet appareil. Elle m'y semble dénuée de sens et trop superficielle. Manier cette boite me permet d'avoir une certaine emprise sur le monde qui m'entoure, ses composants éphémères et permanents, de comprendre comment celui-ci fonctionne pour pouvoir mieux l'embellir. Embellir certes, mais sans altérer sa véritable nature. Je ne crois ni aux mots ni en leur pouvoir. Ils sont trompeurs et malhonnêtes, dépourvus d'authenticité et accessible à peu. Les images quand à elles ne cesseront d'être plus éloquentes. Elles l'ont toujours été et le seront toujours. Leur pouvoir est immensément grand et universel, chose qui me passionne grandement depuis toutes ces années. Je vis pour ces images. Mes doigts ne produisent rien et nos yeux ne mentent jamais. La vérité s'absente souvent de nos jours et j'ai pour vocation de la rétablir en stimulant notre sens dominant à chaque instant.