Twenty-Fourth Letter

561 74 14
                                    

Lorsque Lily avait admis qu'elle avait besoin de lui, Severus s'était précipité dans un "tout ce que tu voudras" qui semblait finalement comporter des conditions puisque, toujours pour le citer, "il était hors de question qu'il aide Potter". Elle ne s'était pas laissée aller à la colère. Ce n'était pas comme si elle ne s'était pas attendue à ce genre de réaction de sa part. Elle devait néanmoins admettre qu'il était étrange qu'il ne soit pas mentionné une seule fois le fait qu'elle risquait de se mettre en danger. C'était comme si elle ne risquait pas réellement sa vie à sortir une nuit de pleine lune pour rejoindre un loup-garou et son imbécile de meilleur ami. Elle n'avait pas le temps de pousser plus loin sa réflexion. Elle devait trouver le moyen de le convaincre de l'aider.

– Tu lui dois bien ça, insista-t-elle en le regardant se braquer un peu plus encore si c'était même possible.

– Je ne lui dois rien du tout, répondit-il d'un ton menaçant, prononçant distinctement chaque syllabe en la fixant comme pour la défier d'affirmer le contraire une seconde fois.

– Dumbledore a dit qu'il t'avait sauvé. Qu'il s'était interposé, lui rappela-t-elle sans se laisser déstabiliser, ne craignant plus de le perdre comme par le passé.

– Dumbledore est un imbécile ! cracha-t-il, suintant de ressentiment et de mépris. Potter a fait ça pour Black et Lupin. Pas pour moi.

– Dis-moi où ils sont ! Je ne te demande pas de venir !

– Pourquoi ? s'écria-t-il, sa voix se brisant de chagrin, Lily s'en voulant presque de lui donner l'impression qu'elle en avait quelque chose à faire de Potter.

– Je peux pas rester là, à rien faire alors qu'un élève est en danger. Même si cet élève c'est Potter, ajouta-t-elle aussi fermement que possible, essayant de lui faire entendre raison. S'il te plaît.

– Il n'est pas en danger, finit-il par lui dire calmement, trop calmement pour que ce soit un mensonge ou un moyen de la détourner de son objectif.

– Comment ça ? demande-t-elle sans le lâcher des yeux, cherchant à déceler le moindre signe qui indiquait qu'il mentait, sans succès.

– Je te dis qu'il n'est pas en danger. C'est le plus en sécurité d'entre nous, ajouta-t-il, sa haine et sa jalousie presque palpable.

– Comment...

– J'ai le droit de rien dire, la coupa-t-il en détournant les yeux.

– Alors montre-moi, insista-t-elle.

– Je ne peux pas retourner là-bas, admit-il presque trop bas pour qu'elle l'entende.

– Tu ne seras pas tout seul. Je serais avec toi, insista-t-elle, posant sa main sur la sienne, ne pouvant rester de glace quand il redevenait ce garçon doux, terrifié, capable de lui montrer ses faiblesses.

– Je peux pas, dit-il secouant la tête et serrant sa main comme des excuses silencieuses. Tu ne l'as pas vu, frissonna-t-il. Il devrait l'abattre.

Elle retira sa main d'un geste sec en l'entendant prononcer ses mots. Comment pouvait-il être aussi cruel ? Décider ainsi du droit d'exister ou non d'autrui. Il savait que Remus était une bonne personne. Que tout ça n'était pas de sa faute. Pourtant, il était incapable de voir au-delà de leur stupide rivalité enfantine. Incapable de se rendre compte que sa peur le rendait inhumain. Elle était révoltée et en colère contre elle-même de s'être laissée aller à l'aimer de nouveau. Il n'avait de cesse de piétiner son cœur. Il sembla comprendre qu'il était allé trop loin, ses yeux s'écarquillant, ayant lu quelque chose sur son visage qui le fit paniquer. Il tenta de la rattraper lorsqu'elle se leva. Elle se dirigea vers la porte, pressant un peu plus le pas en l'entendant se lever. Il ne parvint à lui barrer la route que dans les escaliers étroits en colimaçon. Quelques marches plus bas qu'elle, il leva un visage implorant vers elle. Cette fois, son cœur resta de marbre.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant