Chapitre 1

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"Maxime Maxime Maxiiiiiimeeeee! Aller cul sec !!"

"Eh les gars on se ca-calme oooohhh !! Je vais rentrer, parce que je vais vomir là."

J'ai raté la marche. Ouais je l'ai raté. Mon esprit s'est embrouillé, entre alcool et tristesse j'ai oublié la marche. Je me suis éclaté la tête par terre, mais je me suis relevé en rigolant. Il n'y avait pas de sang qui coulait, seulement mon cœur qui saignait. C'est beau hein ? C'était pas beau à voir pourtant. Enfin, faut que j'arrête de me plaindre, faut voir le positif dans la vie, et la le positif c'est que ça m'avait bien remis les idées en place : je me sentais toujours aussi con, et là je l'étais réellement.

Je venais souvent dans ce bar, tard le soir. Je me suis fait quelques amis, les amis du soir, ceux qui dès que le soleil se lève ne sont plus là pour sécher tes larmes. La nuit tard le soir quand on était tous un peu bourrés, ils étaient là pour m'épauler. Ils me racontaient les fameux mensonges, les phrases que tout le monde dit : " tu verras, ça ira mieux." "tu laisses pas abattre Maxime, un jour tout s'arrange." Tout s'arrange alors ? Je pense pas. Je pense surtout que quand on a bien merdé comme moi rien ne s'arrange. Rien ne s'arrange parce que ça ne sert à rien, parce que rien ne sera plus fort qu'avant, parce que ce sera plus pareil.

Je noyai ma peine dans l'alcool ces derniers temps, je ne sais pas si ça allait mal, mais ça n'allait pas bien. C'est tout ce que je savais à ce moment-là. Je traînais un peu partout, ou alors j'étais seul dans mon petit appart, assis sur mon canapé à essayer d'oublier mes démons. C'est peut être triste dit comme ça mais, quand on est triste au fond de soi, qu'on a une belle vie ou non, qu'on ai des amis ou pas, ce n'est pas ça qui nous fait tenir. Ce qui me faisait tenir ? Je ne sais pas. J'aurai peut-être dû me tirer une balle depuis longtemps, mais il me manquait l'audace. Il me manquait le courage, parce que pourtant j'avais l'envie. Mais comme d'habitude je pensais aux autres, et enfin de compte c'est peut être ça qui me faisait tenir, ou alors c'est peut être parce qu'il faut tenir ? Il faut tenir la corde qui nous relie à la vie, mais que si tu la lâches elle t'amène à la mort. C'est complexe en fait. JE suis peut-être complexée.

Ce soir-là , je rentrai chez moi, totalement perdu, bourré, déboussolé. Je marchais dans le noir qu'était cette nuit remplie de tristesse encore une fois. Les lampadaires éclairaient très peu mon chemin et le silence qui régnait dans celui-ci me rendait fou. Malgré tout, les rues étaient belles, autant le jour que la nuit. Il y avait toujours une bonne ambiance dans le quartier, ça me donnait un petit sourire que je ne pouvais effacer.

Je me sentais bien dans cet appart, j'étais seul, certe mais bon, ça me convenait. J'ai fait le tri avec ma vie d'avant, j'ai essayé d'oublier tout ça mais évidemment c'est plus facile à dire qu'à faire. Je crois que j'y étais pas arrivé, je me le persuadais juste.

Il était 22h25 quand je suis rentré, et comme d'habitude je recevais un message de mon ancien ami. C'était 1 fois par semaine, le vendredi soir vers 22h30.

*1 nouvelle notification*

Le stress me montait, et pourtant c'était toujours le même style de message. Mais ça me fendait le cœur, ça me le déchirait même. Ça m'a tuais en fin de compte. Ça me rappelait à quel point j'étais un gros con, et tous les vendredi soir à cette heure précise je versais une larme.

Jordan :"Max, tu lui manques. Mais tu manques surtout à tout le monde. Tu fais quoi là ? Ça fait plus de 2 mois, t'imagines même pas à quel point on est tous triste. Je sais pas ce que tu fais, mais bon. Tu sais, il va toujours pas bien, rien ne changera. Réponds s'il te plaît. " aujourd'hui, 22h29.

Et puis comme d'habitude, je ne répondait pas. Le courage partait et laissait place aux remords. C'était tellement compliqué, j'ai toujours pensé avoir prit la bonne décision mais au final je sais pas. Peut être que j'aurais pas du écouter mon cœur, ma tête, mais j'étais dans la précipitation. Enfin, j'ai aucune excuses je crois. Non, j'en ai pas. Je suis juste lâche et horriblement débile.

Je relisait encore et encore tous ses messages, il y a certains que je réalisait pas, parce que je savais que ça allait me faire beaucoup trop de mal..

Jordan : "Max, tu fais quoi là ?"

Il y a 2 mois, 22h33.

Jordan: "Tu me manques, Max."

Il y a 2 mois, 22h24.

Jordan : "Je te jure, reviens pas. Je te déteste. Tu fais quoi là BORDELLLLLL"

Il y a 1 mois, 22h45.

Jordan: "Je sais que tu lis mes messages connard, bordel je suis désolé si quelqu'un a dit quelque chose qu'il ne fallait pas mais vient on oublie tout et revient nous voir !"

Il y a 3 semaines, 22h12.

Jordan: " Maxime, tout le monde est entre tristesse et colère. Je ne sais même pas si c'est mieux que tu reviennes. Donne moi un signe de vie au moins. En fait si, reviens mais tu as intérêt à avoir la best explication. Maxime, répondit."

Il y a 2 semaines, 22h37.

Je me souviens précisément de tous mes sentiments : J'avais tellement de rage en moi et tellement de peine. Mon rituel était de me faire du mal, mal dans le sens ou je tapais les murs pour extérioriser. Après tout ça, je me mettais à pleurer, pleurer de rage, comme un enfant qui avait perdu son jouet. Et moi aussi j'avais perdu mon jouet, j'avais perdu mon cœur.

Run Again | VodkmixemWhere stories live. Discover now