Chapitre 7

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Rien ne s'était passé depuis mon essai de parler à Valentin devant sa porte avec un peu trop d'alcool dans le sang et l'histoire du cauchemar.

Ma nuit avait été courte. Très courte. Comme toutes les autres. Je me réveillais toutes les heures, j'avais l'impression de l'avoir au bout de mon lit. Me regardant avec ses yeux noirs, prêt à me tuer, comme avant. 6h34, je me réveille. J'avais peur, mais au final comme tous les matins. Comme tous les jours depuis que j'étais revenu.

Vers 17h j'étais arrivé à l'hôpital. J'allais rentrer dans la chambre, je m'attendais à être seul mais j'y vois Théo, je pensais qu'il allait me sauter dessus pour me frapper mais le seul truc qu'il a fait c'est me tourner le dos avant de me lancer un regard de dégoût mélanger à de la fatigue. Il avait l'air endormi, content mais inquiet. Théo à jamais vraiment exprimer ses sentiments autre que par la colère avec moi, j'ai jamais entendu Théo dire qu'il était triste. Il nous a toujours dit que dans ces cas-là il préférait être seul mais que ça arrivait pas souvent qu'il soit mal. Alors on le laissait essayer de se rattraper en pleine chute.

Quand je le voyais là, à côté de Jordan qui dormait, j'avais envie de lui parler, mais aucun mot ne sortaient. C'était peut être un instinct de survie, peut être que mon âme me disait "ferme ta bouche sinon il te tue." et je comprennais qu'il avait de me tuer d'ailleurs, tout le monde aurait envie de me tuer. Mais en fait, le truc qui me perturbait le plus c'était "pourquoi théo est la aussi tôt ?" alors j'ai pris le risque de le lui demander.

Théo :"Il va sortir dans 20 minutes. Neoxi va bientôt arriver."

J'ai pris l'information, mais une autre question me trottait dans la tête. Si Neoxi n'y répondait pas, peut-être que Théo allait pouvoir me donner une réponse, en s'énervant sûrement, mais il fallait qu'il finisse sa phrase d'hier...

Moi :"Valentin, il est où ?"

Un petit moment de silence s'est installé. Son regard a changé "d'émotion", il avait l'air d'avoir pitié de moi. Comme si je devais le savoir, au fond peut-être que je le savais, mais pas à ce moment.

Quand soudain j'entends Neoxi arriver de loin. Mais Théo m'avait déjà dit la vérité. Il avait craqué, ou alors il ne s'était pas concerté avec son cher ami Valentin.

Il s'énerve d'un coup, ne se contrôlant plus et me lâchant tout à la gueule.

Théo :" Valentin ? Valentin il est où ? Il est là où tu l'as laissé Maxime. C'est à dire chez lui enfermé dans le noir en pensant que son meilleur ami voulait plus de lui. Il est passé de la tristesse à la haine depuis que t'es partit sans rien dire. On lui a dit que t'étais revenu, et sa première réaction c'était « je veux pas le voir, je veux pas, je vais le frapper sinon. Il m'a laissé comme une merde je peux pas voir sa tête. » Si tu savais comment on s'est occupé de lui pour pas qu'il sombre. Là bas, où tu étais et même ici j'espère que t'avais honte toi aussi ? J'espère qu'il te manquait ? Même pas. Je suis sûr que non. T'es parti et puis c'est tout, ça t'a suffit."

Il a attendu qu'il finisse son caprice pour rentrer et l'engueuler comme d'habitude.

Neoxi :"Théo, je pense que c'est moi qui vais te frapper. Tu connais le mot « secret »?"

D'un coup Théo s'est arrêté de parler. Il avait compris qu'il avait fait une grosse connerie. Et puis d'un côté t'avais moi au bord des larmes prêt à leur dire la vérité. Mais si seulement j'avais les mots pour raconter l'histoire. Je suis sur qu'ils m'auraient écouté, peut être. Mais tout ce que j'ai fait c'est raviver les mauvais souvenirs, leur rappeler que j'ai été con, que le con est devant eux.

Moi :"C'est quoi ce bordel ? Il est où Valentin ?"

Neoxi :"Écoute Maxime, il veut pas te voir. Il ne va pas se cacher éternellement mais la il veut pas te voir. Si Jordan est là c'est parce qu'il s'est trop occupé de Valentin. Normalement on se relayait, mais ces derniers temps, bêtement Théo et moi on se trouvait des excuses pour ne pas avoir à faire à la tristesse de Valentin. Ça nous déchirait le cœur et on a laissé tout le boulot à Jordan. Si il est là, c'est parce qu'il faisait tout pour que Valentin aille mieux mais il oubliait son propre bonheur, alors il a fait un malaise, sûrement par manque de sommeil ou tout simplement de saturation. Et celui qui l'a emmené ici c'est Valentin. Mais quand on lui a dit que t'allais sûrement arrivé, on l'a plus vu. Plus de signe de vie. Je crois qu'il pense qu'on va le forcer à te parler, mais ce n'était pas le but. Voilà, maintenant tu connais la vérité Maxime. T'as vu, faut croire que les vérités sont bonnes à dire. T'étais où ? C'est peut être le moment tu penses pas ? "

J'étais partagé entre, prendre les informations qu'il me disait, pleurer et me rouler par terre. C'est peut être le moment ? C'est vrai. Non. Ça ne le sera jamais. J'essaie d'oublier, alors je pensais qu'en gardant tout pour moi ça allait m'aider à effacer tout ça de ma mémoire. Autre chose me trottait dans la tête que de répondre à sa dernière question.

Moi :"Il vous répond plus ?"

Demandais-je d'un ton sûr, j'avais une idée derrière la tête.

Neoxi :" Non, mais on insiste pas. Au fond on comprend et-"

Et d'un coup, un silence glacial, tout s'était arrêté dans la pièce, dans les couloirs, dans l'hôpital. Le temps s'était stoppé, nos respirations s'étaient presque arrêtées et les battements de nos cœurs s'enchaînaient à un rythme spectaculaire. Nos regards étaient intenses et la tristesse prenait petit à petit possession des lieux. Valentin avait ouvert la porte, ne pensant évidemment pas qu'il allait tomber sur son ancien meilleur ami, moi. Nos corps figés, nos regards vides, une larme roula sur la joue du rider, ses sourcils se fronça signe d'incompréhension et de tristesse. Ce mélange entre "je vais te frapper" et "reviens".

Il ne fallut pas attendre plus longtemps pour que Valentin fasse marche arrière, le cœur lourd. J'avais oui, de la honte, de la tristesse mais surtout la détermination de retrouver mon meilleur ami et de pouvoir lui dire tout ce qu'il s'était passé mais surtout la raison de mon absence. Je sortit de la pièce, couru vers la sortie de cet hôpital à la recherche de Valentin. Mais aucun signe, bien sûr, sinon ce serait vraiment trop beau. Il était parti sans rien dire, comme j'avais fait. J'ai pris soudain conscience à ce moment-là que je n'allais sûrement jamais le revoir. Je m'arrêta là, désespéré, tremblant et surtout mort de l'intérieur encore une fois.

"Pourquoi je n'ai pas écouté Neoxi ?"

Run Again | VodkmixemWhere stories live. Discover now