La réalité qui se fond dans l'illusion

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CHAPITRE I

Grey sentait un poids sur son corps nu. Un poids agréable, un poids qu'il aimait. Il sentait aussi son odeur de fleur d'oranger l'enivrer. Dans son rêve, il était avec cette femme dans un lit. C'est en ouvrant les yeux qu'il découvrit les cheveux bleus de son amante, ses yeux clos, son visage serein bercé par les rayons du soleil matinaux. Belle, voila ce qu'était Juvia Lockser.

Dans un élan absurde, il se décida à poser ses lèvres froides sur sa tempe blanche. Juvia grogna mais Juvia resta endormi. Il appréciait la vue de son visage endormi contre son torse. Son téléphone sonna et il répondit rapidement, pour éviter un réveil trop brusque à la femme.

– Docteur Fullbuster ? Une urgence, Fernandez a un empêchement et il n'y a que vous..s'il vous plaît. Faites vite.

La voix de l'hospitalier était pressée, angoissée à l'idée qu'il ne vienne pas.

– J'arrive. Répondit sans discuter le brun qui, après avoir raccroché s'habilla rapidement.

Grey essaya de ne pas faire de bruit alors qu'il se préparait en vitesse. Mais il n'y arriva pas et sentit celle qui était dans son lit émerger lentement. C'est le bruit du frottement des draps qui lui avait fait comprendre.

– Tu pars ? Sa voix douce était un peu cassée du matin et aussi à cause de la nicotine. Il adorait sa voix, il rêvait de l'entendre tous les matins.

– Boulot. Répondit-il rapidement alors qu'il enfilait sa veste. Il s'empara de son trousseau de clé et ouvrit la porte.

– On se revoit bientôt ?

Son pas se stoppa nette sur le pas de la porte, étonné. Ses sourcils se froncèrent discrètement.

– Bientôt. Répéta-t-il pour affirmer ses propos.

– Sois prudent.

Puis il referma la porte derrière lui. Ce n'est qu'après la première opération que Grey avait pu réfléchir aux paroles de Juvia. Son travail l'empêchant de penser à elle. Grey était ce qu'on appelait un mordu du travail, en soit un fou qui aimait son métier, un passionné.

Sois prudent avait-elle dit. Sur la route? Pour l'avenir ? Il sentait que le rêve était fini, c'était le moment, elle s'envolait. Il le sentait c'était comme ça, quand il rentrerait elle ne serait plus là. Disparue comme toutes les autres fois.

Grey avait finalement bossé jusqu'à dix-neuf heures, le temps que son collègue se dépêtre avec ses affaires personnels. Ça ne l'avait pas embêté. Parce que d'une part il adorait son métier et d'une autre le travail retardait son retour à l'appartement. Il n'avait aucune envie de le découvrir vide et de se coucher dans un lit froid. Peut-être appellerait-il Kanna ce soir.

– Fullbuster. Le docteur Fernandez apparut devant lui et lui serra la main. Désolé du retard ma femme a accouché aujourd'hui. C'était imprévu.

Grey haussa des sourcils, surpris. Il ne connaissait pas vraiment ce chirurgien et ne le soupçonnait pas d'avoir une famille. L'information passée, elle lui sembla plutôt normale.

– Félicitations. Dit-il.

Un grand sourire collé au lèvres, l'homme aux cheveux bleus, ça se voyait, était fière.

– Merci. Ça a été un peu éprouvant pour elle mais ça y est, c'est fini.

Grey comprit que c'était bien fini en avisant les épaules du bleu se détendre au fur et à mesure des paroles qu'il exhibait.

– Un petit garçon ? Grey se surprit lui-même à poser cette question.

– Deux. Répondit son collègue. Vous avez du feu ?

Il fit signe que non et son collègue grimaça. Sa cigarette industrielle dans la bouche. Ils se saluèrent poliment et le brun vit son collègue mendier au personnel de l'hôpital un briquet. Grey s'en alla. Ce n'était pas une personne sociable. Il était un handicapé de la vie, maladroit autant dans ses propos que dans ses actions. Il n'y pouvait rien, c'était presque héréditaire chez les Fullbuster. Sur le chemin du retour, il pensa à appeler Kanna. Puis il se ravisa, il avait sommeil.


Il chercha sous le paillasson le trousseau de clé. Il n'y était pas. Surpris, le chirurgien poussa lentement la porte de son appartement. La lumière était allumée. Et la femme était là. Assise sur le canapé, son ordinateur portable sur ses genoux et une tasse dans la main. C'était curieux comme vision. C'était inattendu. C'était Juvia.

Mais il se méfiait. Demain, elle ne serait plus là. Alors sans un bruit, il referma la porte derrière lui. Il se déchaussa lentement et étira ses bras vers le haut pour détendre ses muscles. Il avisait Juvia.

– On commande ? Demanda-t-elle.

Le brun pensa qu'elle souhaitait des pizzas. Elle aimait bien la cuisine italienne Juvia, des souvenirs de sa Nonna qu'elle aimait tant. 

– Si tu veux. Tu travailles sur un nouveau projet ?

Grey était curieux. Elle semblait bien concentrée sur son ordinateur. Juvia était journaliste indépendante et touchait à tout; nouvelles du jour, reportage, article, cinématographie. C'était une instable.

– Une critique de film...banal. Tu me remets du café ? Elle lui tendit sa tasse.

Il s'en saisit. Juvia était une accro à la caféine: le matin pour le petit-déjeuner, à dix heures pour le travail, à midi pour le déjeuner, à quatre heures pour le goûter. À partir de vingt heures, Grey ne comptait même plus tant le nombre était exubérant.

— Une tasse seulement. Il décida.

Et il la servit. Juvia était toujours concentrée et lui adressa un léger remerciement du bout des lèvres. Grey bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il était crevé. D'un pas fatigué, il s'en alla dans sa chambre se changer et chercher son livre. Bric à Brac, il s'appelait. Une histoire sans queue ni tête qui le tenait en haleine. Un thriller. Après s'être changé, il retourna dans le salon. Juvia était toujours là. Ça l'étonnait presque. Mais il ne s'en plaignit pas.

Toujours en silence et avec sa flegme habituelle, il s'assit à ses côtés. Elle emmêla ses doigts fin aux siens. Ils étaient froids. Grey apprécia. De son autre main il porta ses lunettes de vue à son nez. Une hypermétropie qu'il avait découvert il y a deux ans. Il se plongea finalement dans sa lecture. Juvia tapait toujours sur le clavier de son ordinateur, d'une seule main. Ça prenait plus de temps, c'était moins facile, mais plus agréable. Ils oublièrent les pizzas. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'il s'endormit. Le visage sur l'épaule de la femme, leur doigts emmêlés. Sa chaleur et son odeur le berçant. Il était bien.

Le matin, il se réveilla sur le canapé avec une couverture qu'il n'avait pas la veille sur le dos. Et sans grande surprise, Juvia s'était envolée.

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N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!

Les passagers Where stories live. Discover now