pretty

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"Tu es jolie", me disent les gens. Tu es belle. Mignonne. Magnifique. Sexy, m'a-t-on dit plusieurs fois.

Ces compliments me mettent mal à l'aise. Certes, je suis toujours un peu contente de les entendre, mais cela laisse bientôt place à un malaise oppressant. Pour être franche, je ne m'aime pas beaucoup. Oui, j'ai du respect pour mon corps, ma personne et moi. Mais il y a toujours une différence entre s'aimer et s'accepter.

Je m'engage sur ce chemin sinueux. Seule, la plupart du temps. Je tombe, m'écorche, recule. J'avance, me relève et essaye encore. Quand je me regarde dans le miroir, parfois je me trouve belle. D'autre fois, je me trouve moche à en pleurer.

Mes proches me rassurent. Peut-être qu'à leurs yeux, ils ont raison. Peut-être même qu'ils disent vrai. Mais je ne vois et ne perçois pas la même chose qu'eux. Après tout, ne dit-on pas que quand on aime, la personne nous apparaît plus belle que n'importe quel mannequin ?

Je me rappelle d'une phrase qui m'a profondément marquée. En plus milieu d'un harcèlement, la personne m'avait dit, mot pour mot : "C'est pas parce que t'es jolie, avec tes grands yeux de biche et ton visage adorable que le monde est à tes pieds, que tu peux faire tout ce que tu veux !" Ce n'est que maintenant que j'ai découvert les ravages de la jalousie.

Ah, cette bonne vieille jalousie ! Qui rabaisse les autres, te fait totalement perdre confiance en toi quand tu la subis. Alors oui, je l'assume : je n'ai pas beaucoup de confiance en moi. Mon passé et les injures subies me collent à la peau. Je fais tout pour ne pas redevenir une proie. Celui qui se joue de moi, je joue avec lui. La souris devient chat. Le chat devient souris. Je suis moi-même. Plus personne ne me dictera quoi que soit. Et ce chemin de l'acceptation, je le gravirais. Coûte que coûte.

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