CHAPITRE 2

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Je sursaute lorsque j'entends mon téléphone sonner. Les yeux fixés sur mon ordinateur, je décroche et porte le combiné à mon oreille.

— Café ?

La voix d'Isabelle me sort immédiatement de ma concentration et je souris en entendant la voix plaintive de ma meilleure amie - et accessoirement collègue. Je la connais depuis l'année où j'ai été diplômée. Nous avons été embauchées dans la même entreprise lorsqu'elle est arrivée de Boston. Quand je l'ai vu pour la première fois j'étais loin d'imaginer que sous ses petites boucles brunes se cachait une jeune femme pleine de vie, bavarde, sociable et extravagante

Le courant est vite passé entre nous, le boite était plutôt petite et nous nous retrouvions souvent sur le même dossier malgré son poste dans le secteur comptabilité. Les tâches ingrates et longues étaient pour la plupart données aux assistantes et nouveaux. Les heures passées aussi bien au boulot qu'à l'extérieur ont forgé notre amitié. Elle a été embauché chez Patience deux ans avant moi, et lorsqu'elle a entendu parlé d'une place vacante, elle s'est précipitée pour m'en informer.

— Dure journée ?

— In.ter.mi.na.ble ! déplore-t-elle en accentuant chaque syllabe.

Je glousse puis constate que mon PC indique quinze heures passées. Effectivement, j'aurais bien besoin d'une pause moi aussi.

— Dans le hall dans dix minutes ?

— Vendu ! conclut-elle avant de raccrocher.

J'enregistre l'intégralité de mon travail effectué depuis ce matin et éteins l'écran. J'effectue des mouvements de tête afin de détendre les muscles de ma nuque puis me lève de ma chaise avant de récupérer mon manteau.

J'ai la chance d'avoir un bureau personnel grâce au poste que j'occupe. Ce n'est pas la pièce la plus grande, mais cela me convient amplement. J'ai une magnifique vue sur Chicago grâce aux grandes fenêtres d'angle et un petit espace où a été installé un canapé, un fauteuil et une table basse. Même si ce coin ne m'a encore jamais servi, - je n'ai clairement pas le temps pour m'y détendre - j'aime l'atmosphère reposante qu'il dégage. Mais ce que j'aime le plus, c'est la grande verrière qui donne sur le couloir, ainsi je n'ai pas l'impression d'être enfermée entre quatre murs. Si cette ouverture donne sur l'espace de travail dédiés aux assistants commerciaux et marketing, elle offre également - malheureusement - une vue plongeante sur le bureau de mon boss. Le sien n'est pas comme le mien. Pas d'ouverture lumineuse (hormis les énormes fenêtres qui donnent sur l'est de la ville et par ailleurs la meilleure vue de l'immeuble), ou de verrière qui donnent sur ses subalternes. Non. Lui c'est cloisonnée, délimité - comme s'il voulait prouver à tout le monde qui il est - seule sa porte reste ouverte. Je suis sûre que c'est sa façon de garder un oeil sur nous. Et moi ça me donne une vue sur lui.

Forcément.

Un désastre pour la concentration.

J'ai bien tenté de changer la disposition de mon bureau, mais quoi qu'il arrive je l'ai dans mon champ de vision autant qu'il m'a dans le sien.

Dans mon malheur, j'ai néanmoins une certaine chance : pour accéder aux ascenseurs de l'immeuble, je n'ai pas à passer devant la porte de l'Imperator. C'est donc d'un pas assuré que je traverse la grande salle animées par le bruit de doigts qui dansent sur les claviers, les quelques sonneries de téléphones et le faible claquement de mes talons sur le sol en vinyle.

Il me faut un peu plus de cinq minutes pour descendre les soixantes étages de building et c'est sans surprise que je vois Isabelle en bas avant moi. Elle m'attend à l'extérieur du bâtiment, au soleil avec une cigarette à la main. Je fais glisser mon badge pour que les portiques s'ouvrent et traverse le hall en direction de ma meilleure amie.

BOSS : beau, odieux, sexy, snob [aux Éditions Addictives]Where stories live. Discover now