CHAPITRE 5

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Grande adepte du poisson d'avril depuis des années, je n'ai jamais manqué cette date pour faire une blague à mes proches. C'est la tradition chez les Barnett : celui qui réussit son tour, réussit son année ! Même si chaque premier avril c'est le même cinéma, au moins un membre de mon entourage tombe dans le panneau. L'an dernier c'était ma mère, qui a cru June lorsqu'elle lui a dit s'être fait percer le téton. Elle est tombée dans le panneau comme une débutante, bien trop aveuglée par son aversion contre les tatouages et les piercings, pour réfléchir quelques secondes à la probabilité que l'information soit vraie. Ou pour regarder la date du calendrier...

Si avec Isabelle j'ai souvent joué la carte de la farce, cette année j'ai voulu innover. Fini les beignets à la mayonnaise plutôt qu'à la crème, le café au piment ou la langue chinoise activée sur l'ordinateur. Non, je voulais quelque chose de plus marquant. De plus improbable.

Et on dit souvent que plus le mensonge est gros, plus il est facile à croire. J'étais persuadée que c'était faux, jusqu'à maintenant.

— Il a quoi ?

La porte claque derrière ma meilleure amie, ce qui a pour effet de me faire pratiquement bondir de ma chaise. Je ne l'ai pas vu arriver dans mon bureau. Elle semble être aussi surexcitée que choquée. Ses joues sont rouges, son souffle est irrégulier.

— T'as pris les escaliers ?

Elle ne répond pas et me fixe les poings sur les hanches.

Je lance un coup d'oeil en direction du bureau de monsieur Perkins, afin de vérifier qu'il est bien au téléphone avec l'un de nos partenaires que j'ai basculé sur sa ligne quelques minutes auparavant. Puis m'assure que la lumière rouge clignote toujours de mon côté, que le combiné de mon téléphone est bien décroché du socle et surtout qu'il est en pause. Tout semble correct et mon patron n'a pas l'air d'avoir remarqué l'arrivée d'Isabelle. Heureusement. Je n'ai clairement pas envie d'essuyer une nouvelle remarque sur mes pauses ou mon travail bâclé.

— Comme je te l'ai dit par message, nous n'avons pas su nous contrôler, éludé-je.

— Nous ? Mais attend, on parle bien du même homme ?

J'acquiesce, retenant mon rire devant la crédulité de mon amie. Comment est-ce qu'elle peut marcher dans une blague aussi grotesque alors que dimanche encore je lui disais Ô combien je le détestais ? Rien que d'imaginer que mon histoire puisse être vraie, j'en frissonne.

De dégoût, bien sûr.

— On parle de celui qui te fait rester jusqu'à pas d'heure le soir ?

Je hoche la tête.

— Qui ne te remercie pas pour ton travail ? Qui te traite comme une incompétente ? Qui te parle comme si t'étais une merde ?

— C'est bon j'ai compris, merci.

J'étudie Isabelle un instant, elle fait les cents pas devant la verrière, les mains toujours sur les hanches. Elle s'arrête dans l'angle, fixe un point au loin puis reporte son attention sur mon bureau. Son excitation semble s'être calmée, elle s'approche de la chaise en face de moi et pose ses deux mains manucurées de rouge sur le dossier.

— Et t'as réagi comment quand il t'a plaqué contre le mur des archives pour te rouler une galoche ?

J'explose de rire, plus devant l'expression qu'elle emploie que par sa naïveté. Elle devrait me connaître, savoir que je mens. Comment fait-elle pour ne toujours pas comprendre la supercherie ?

— Eh bah, j'étais contente !

— Contente ? tonne-t-elle. Contente c'est quand on ouvre un cadeau qu'on veut depuis des mois. Contente c'est quand on va se faire masser dans un institut. Mais on n'est pas contente quand on se fait prendre par un mec.

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⏰ Ostatnio Aktualizowane: Jun 12, 2020 ⏰

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BOSS : beau, odieux, sexy, snob [aux Éditions Addictives]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz