sous le soleil de printemps

34 16 7
                                    

Je voulais seulement

te voir sourire

sous le soleil de printemps

Le siège était bleu marine, un peu délavé, pas très large mais assez confortable pour un trajet de six heures et demi. Ça y est, Lise y était, dans l'avion. Avec ses camarades, elle s'apprêtait à sortir du pays, quoiqu'elle fût déjà en dehors puisqu'elle avait passé la douane. Mais Lise ne paraissait pas tant joyeuse de ce retour.

Toutes ses pensées dérivaient vers Hélène... Et ce depuis deux mois. Hélène, la si douce Hélène. Elles ne s'étaient pas revues avant le départ, elles ne se reverraient peut être jamais. Lise n'avait pas voulu insister, elle ne savait pas vraiment qu'elle était la réelle finalité de leur relation... Même si elle la devinait fortement. Elles ne s'étaient pas contactées depuis, Lise avait tenté une carte postale avec un petit message bienveillant pour relancer une quelconque discussion, elle avait même mis l'adresse de séjour des deux mois passés, mais aucune réponse n'était revenue.

Le printemps était terminé à présent et faisait place à l'été. Ah, l'été, la chaleur étouffante, les plages remplies de beige et de sourires. Non, définitivement, Lise n'avait pas la tête à ça.

Tout d'abord parce qu'elle n'aimait pas l'été, ensuite parce que cet été français serait sûrement et malheureusement particulièrement dur pour elle. Le passer sans la femme qu'elle aimait et à laquelle elle pensait sans cesse, inlassablement. Les pensées qu'elle possédait la faisaient souffrir mais elle ne pouvait rien y faire, et elle ne se serait pardonnée si elle n'y avait plus pensé. Pourtant, qui lui garantissait qu'Hélène était du même avis ? Et si celle-ci l'avait oubliée ? Si elle était passée à autre chose ? En deux mois difficile à dire, mais peut-être ne voulait-elle plus rien avoir en commun avec elle.

Et malgré toutes les interrogations, toutes les évidences de la rupture silencieuse qui s'était faite entre elles, Lise continuait de rêver à un rendez-vous parfait où toutes les deux se réconcilieraient avec un pique-nique au bord de Seine, dans un de ces petits parcs où personne ne va, sous un grand marronnier qui leur prêterait son feuillage comme ombrage. Elles se reparleraient enfin comme avant, Hélène ne pleurerait plus, elle sourirait et rirait. Et voilà, Lise était repartie dans ses illusions fantaisistes de sa vie parfaite. Mais la vie n'est pas lisse, elle est semée d'embûches et d'imprévus auxquels Lise y fera face bien vite. Car après tout, nous n'étions plus en printemps, mais en été.

Ratées d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant