et entendre ton rire.

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Je voulais seulement

te voir sourire

sous le soleil de printemps

et entendre ton rire.

Le toit n'avait pas changé. Il était toujours aussi terne et sale, et il n'y avait toujours personne qui était dessus, ni qui surveillait qui entrait et sortait dans ce bâtiment étroit.

Encore une fois, Lise inspira une bouffée d'air frais. On était fin octobre, les feuilles des arbres tombaient de plus en plus vite, l'automne reprenait ses droits sur l'été, comme les études reprenaient le cours après les vacances.

Elle pencha sa tête en arrière et regarda le ciel. On était le soir, il était aux alentours de vingt-deux heures vingt-cinq et les étoiles étaient toujours aussi cachées par les nuages. Paris restait Paris, les lumières par milliers qui se trouvaient ci-contre étaient toujours les mêmes, allumées comme des chandelles.

Lise alluma une cigarette. Une malheureuse cigarette qu'elle aurait préféré ne pas prendre dans sa main, mais depuis quelques semaines maintenant, c'était devenu un automatisme. Tu te sens mal ? Prends une cigarette. Tu te sens nostalgique ? Prends une cigarette. Ton cœur s'essouffle soudainement ? Prends une cigarette. La cigarette n'arrange rien, mais elle réchauffe lorsque rien ne le peut. En tout cas, c'était ce que Lise ressentait.

Elle écrasa sa cigarette une fois finie. Cela ne faisait pas un an jour pour jour, cela aurait été trop douloureux de venir à la date précise. On était juste fin octobre, juste à une heure approximativement proche, juste à la presque même période. Lise était juste là. Elle était, étrangement, beaucoup plus mélancolique qu'elle n'en avait l'air. Bien plus qu'Hélène. Et cette mélancolie lui avait ordonné de venir ici, pour peut-être enfin faire son deuil. Et si enfin, Lise passait à autre chose ? Tourner la page, comme elle l'avait fait il y a presque un an avec sa fabuleuse vie professionnelle. Il ne restait plus qu'une étape à franchir, le bar.

La clochette sonna et Lise entendit un léger rire qu'elle ne sut trop bien reconnaître. Près de la fenêtre, à cette table qui les avait si chaleureusement accueillies. Hélène. Elle était de dos, elle ne l'avait pas vue, mais le barman lui l'avait vue. Il avait vu Lise, il avait suivi son regard, et il se retourna vers ses bouteilles pour pousser un petit soupire penaud.

Maintenant que Lise voyait bien la femme avec qui Hélène discutait, elle la reconnu comme celle étant dans le parc, comme celle étant la sœur d'Hélène. Son cœur relâcha soudainement une certaine pression. Elle était étonnamment soulagée.

Elle entendit son rire, son merveilleux rire, cristallin par milliers. Et elle sourit, c'est tout ce dont elle avait besoin pour tourner la page. Elle commanda un coca, puis sortit.

Ratées d'amourWhere stories live. Discover now