Prologue

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Alors que la lune illumine de sa faible lumière blanchâtre la cime des arbres, les ombres de ses derniers forment une scène apeurante sur le sol de la forêt. Des visages terrifiants fait d'ombre, la gueule ouverte, qui glaceraient le sang à n'importe qui, qui jetterait vaguement un regard à terre. Pour se rajouter à cette atmosphère étouffante, des hurlements glaciales résonnent en écho dans l'espace emplit de conifères et de quelques petits feuillus. Alors que de nouveaux hurlements se font entendre, nous pouvons ouïr un soufflement rauque.

Même que certains, avec une ouïe surdéveloppée, pourrait entendre le battement beaucoup trop rapide d'un cœur essayant en vain de capter le plus d'oxygène possible pour le transmettre au cerveau.

Le jeune homme, à qui appartient ce cœur en pleine crise, semble affolé. Il regarde de tous les côtés dans le noir de la forêt de sapin, mais ne voit absolument rien d'autres que ce que de faibles rayons lunaires lui montre, soit rien de bien utile pour l'aider dans sa fuite. Tout en essayant de trouver une échappatoire, il tente avec beaucoup de mal de reprendre son souffle, qui est coupé. Cela fait bien une trentaine de minutes qu'il court à en perdre les jambes, il fallait bien qu'il s'arrête un peu pour reprendre un peu de force. Mais s'il s'arrête trop longtemps, ils risquent de le rattraper, ou il, peut-être est-il seul.

Il n'est même pas sûr que la fuite ait amélioré quoique ce soit à son funeste futur : la mort.

Il déglutit un coup puis se massent les jambes, se remet droit et s'accote avec son épaule gauche sur le sapin le plus proche alors que sa respiration semble s'être calmée légèrement. Il tend ses oreilles à l'attente du moindre bruit suspect : une feuille qui craque, des coups d'ailes affolés, un grognement ou pire un hurlement. Il craque ses doigts pendant que tous ses sens sont éveillés comme ils ne l'ont jamais été.

Un buisson bouge un peu plus loin, sur sa droite. Il se crispe puis tourne lentement sa tête vers la provenance du bruit soudain. Il refait craquer ses doigts, une mauvaise habitude du à son anxiété qu'il avait prise quand il n'avait qu'une dizaine d'année. Il refoula les souvenirs douloureux qui lui remontaient en mémoire, ce n'était pas le moment de pensée à cela.

Il se reconcentre sur le buisson présentement immobile, comme doit l'être un buisson. Il plisse les yeux mais ne voit rien de suspect, mais il ne vaut pas mieux prendre de chance. Il prend une grande respiration et recommence à courir tranquillement en direction inverse du buisson. Rapidement, il accélère et court avec de grandes enjambés.

Pendant que le jeune homme court, un autre hurlement résonne, plus proche que les autres fois, ce qui fait augmenter la vitesse folle de l'homme. On voit dans son regard que la peur à pris la place à toutes réflexions, c'est l'instinct qui agit. Il s'arrête tout-à-coup; une falaise se présente devant lui, il ne peut plus avancer. L'homme se retourne et recule un peu en s'assurant de ne pas tomber, quoique ce sera peut-être une meilleure fin. Au lieu d'être déchiqueté vivant. Mourir en se laissant tomber, la descente serait longue, assez pour qu'il puisse revivre tranquillement sa vie puis arriver au sol, plus rien, nada, tout serait fini, en une simple petite seconde.

Une idée alléchante.

L'entrée de la forêt rayonnante de lumière lunaire laisse entrevoir une immense masse sombre avec à son milieu deux petit points rouges. Les yeux sanguins de la créature à fourrure noire et hirsute fixent sa proie avec avidité. La gorge du loup géant laisse échappée plusieurs grognements féroces alors qu'il avance en direction de son casse-croûte, casse-croûte qui tremble de tous ses membres.

Le jeune humain est paralysé par la peur et n'arrive qu'à déglutir lentement et difficilement, manquant de salive. Il n'a pas bu depuis quatre heures de l'après-midi, un peu plus tôt dans la journée. C'est en voyant la bête n'être plus qu'à deux petits mètres de son visage, que l'homme ferme les yeux et laissent couler des larmes sur ses joues qui tombent sur son chandail sali et troué à cause de sa cavale en forêt. Il était tombé plus d'une fois à cause de roches ou de racines se trouvant sur son chemin. Ses épaules soubresautent à cause de ses larmoiements, rendant la vision de cet homme comme pitoyable.

Le canidé, qui est maintenant juste devant le garçon, le renifle et ressent la peur et la détresse de l'individu. Cela le fait grogner, grognement qui ressemble étrangement à un rire étouffé, hautain. Le garçon tremble encore plus, puis s'arrête, signe qu'il acceptait sa proche mort resassant sa vie en un flash-back.

Et sans crier gare, la bête se jette sur l'homme et le mord au flan. Mais malheureusement pour lui, il avait mal calculé son coût car il avait manifestement oublié la falaise dans son excitation meurtrière.

Le garçon et le loup, toujours accroché par la mâchoire au flan du premier, tombent de la falaise ensemble. Dans la chute, le loup se retrouve au dernier moment dos face au sol et s'écrase en premier en lâchant un râle de désespoir, amortissant alors la chute du jeune homme, qu'il avait relâché pendant qu'ils tombaient.

Deux jours plus tard, les corps de deux hommes furent retrouvés par un couple de randonneurs qui appelèrent directement la police à la vue de la carcasse et du supposé mort. Une fois sur place et le corps récupéré du plus jeune homme, il fut amené à l'hôpital puisque la jeune policière en charge avait vérifié une nouvelle fois son pouls avant de refermer le sac mortuaire et avait sentis miraculeusement celui du garçon.

Cela avait soulagé les ambulanciers ainsi que les policiers présents, le jeune de seize ans était toujours vivant, pour le moment. Avant de laisser partir l'inconscient, la policière susurra à son oreille, même s'il n'entendit rien, de ne pas abandonner et de continuer de combattre, pour survivre. Il avait tout de même plusieurs os brisés, rien d'irréparable, et ne pourrait surement plus bouger, marcher, pendant un bon bout de sa vie, voir plus jamais.

Ce que personne ne savait, c'était que le corps du jeune homme se transformait tranquillement et s'adaptait déjà à ses nouvelles capacités, alors que l'ambulance redémarrait et se dirigeait vers l'hôpital le plus proche.

Entre griffes et crocsWhere stories live. Discover now