Chapitre 1

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Le tintintement de la porte de La Librairie Magique, une petite boutique de livre dans laquelle je travaille depuis le début de l'été, annonçant l'entrée ou la sortie d'un client, me fait tourner le regard vers la dites porte. Une madame dans la soixantaine habillée d'une robe blanche fleurit et un grand chapeau de paille tressée s'avance tranquillement vers la première rangée de bouquins. Je la regarde un peu défiler mais me lasse assez vite, me souvenant que de mon côté j'ai encore plein de travaux à faire. Je replace mon regard en direction de mon ordinateur, derrière le comptoir et souffle de découragement en prenant ma tête entre mes mains.

J'ai tellement hâte que l'université commence, je pourrais quitter ce job. Pas qu'elle me déplait, c'est assez relax la majorité du temps : pas beaucoup de clients ni de nouvelles marchandises. Je passe le plus clair de mon temps sur les réseaux sociaux à « tchatter » avec mes amis ou à lire les résumés de livres par-ci par-là.

En ce moment je suis en plein check-up de l'inventaire, vérifiant les ventes et le stock, puis les caméras de surveillance si on a des pertes. Et là, je viens de trouver qu'il manquait trois livres dans notre stock, tous des livres différents. Ils sont arrivés il y a deux semaines ; donc cela fait bien deux heures que je regarde finement les vidéos des caméras, on les enregistre toutes puis on les garde un mois avant de les effacer. En fait, c'est une idée que j'avais eu en parlant avec Jacynthe, une autre employée dans la quarantaine; longs cheveux blonds, yeux bleus, bouche voluptueuse et seins proéminents, une vraie déesse de conservation en soi. Je la taquine souvent avec ça. Elle pourrait être mon genre, si elle avait une dizaine d'année en moins. De toutes manières, elle est déjà en couple, quoique ça ne m'a jamais vraiment arrêté avant. Son mari est vraiment sympa, on rigole bien ensemble lors des partys de job; je ne vois donc pas l'intérêt de la draguer.

En bref, on parlait de ce qu'on voudrait améliorer à la job et j'avais lancé l'idée sur un coups de tête. Elle avait été assez enthousiaste et m'avait poussé à en parler au gérant. Il avait tout aussi bien pris l'idée. Du coup, ayant une connaissance qui commençait à travailler pour une compagnie de surveillance, j'en avais profité. On avait payé le trois-quarts du prix, prix d'ami qu'il avait dit. Matthias m'avait expliqué légèrement comment tout régler et utiliser et depuis je ne me débrouillais pas si pire, pour quelqu'un qui n'est pas nécessairement à l'aise avec les technologies.

Donc, je regardais les caméras à la recherche d'un quelconque signe de vol, mais ne trouvais absolument rien depuis quelques heures, d'où mon soufflement.

Je sors mon cellulaire, un Iphone 6 noir, et l'ouvre avec mon empreinte. Je me connecte au réseau du magasin : c'est peut-être le seul point négatif, il faut toujours se reconnecter au réseau si on ferme l'appareil. C'est emmerdant à la longue, j'imagine que c'est un moyen comme un autre de dissuader ceux qui voudrait utiliser leur cell. Pas moi et Albert, le gérant, n'a jamais rien dit non plus sur mon habitude.

Je vagabonde un peu sur différents médias en lâchant des J'aime au passage sur les publications qui me font rire ou sur les belles photos. Alors que je suis sur le point de liker une millième photo Instagram, je sens un regard persistant. Je lève les yeux de mon appareil et recherche un regard quelconque.

Rien.

Bizarre, j'étais pourtant sûr d'avoir ressentis quelque chose d'étrange comme un picotement dans tout mon être, mais tant pis. J'ai dû l'imaginer. Je me replonge dans mes réseaux sociaux et ressent une nouvelle fois l'étrange sensation. Je relève une nouvelle fois la tête et fais le même stratagème que la dernière fois mais toujours rien. Je rabaisse la tête et commence à craquer les doigts d'une de mes mains, par réflexe, souffle d'agacement et sens mon pouls s'accéléré lentement puis je regarde mon écran à nouveau.

Entre griffes et crocsWo Geschichten leben. Entdecke jetzt