Chapitre 14 : L'hôtel de la L'Oie

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Personne n'ose dire quoi que ce soit dans la pièce après avoir assisté à l'échéance des dés. Est-ce que c'est notre fin ? Est-ce que je vais mourir après tout ce chemin ? Mais non c'est impossible... Je suis encore trop jeune pour mourir moi ! Alors que ces pensées négatives me tiraillent, Ayano se lève et claque des mains pour attirer l'attention.

— Allez hop hop hop, prenez vos affaires on a que quelques minutes avant la téléportation automatique.

— Mais et la stratégie ? On ne va pas y allez sans que tu nous dises face à qui on va se battre ? je questionne plein de doute et d'angoisse à l'idée de devoir encore me battre.

Ayano me regarde bizarrement comme si j'ai dit quelque chose de travers. Vu qu'elle ne répond pas Moona insiste.

— Oui Bike a raison. On est très peu reposé et encore un peu blessé, nos adversaires eux, n'ont subi aucune bataille pour l'instant, on est clairement en désavantage. Alors tu dois nous dire ce qu'on doit faire pour...

— Mais bordel je viens de vous le dire ! Prenez vos affaires on va être téléporté dans moins d'une minute !!! s'énerve Ayano qui se lève et commence à monter l'escalier pour rejoindre sa chambre.

— Mais-

— Il n'y a pas de "mais". tranche-t-elle. Je suis votre maîtresse alors vous m'obéissez et dépêchez-vous je veux que tout le monde soit prêt dans trente secondes.

Ayano disparait de mon champ de vision. Alors qu'on se regarde tous plus ou moins au dépourvu, Moona est la première à se lever pour aller dans sa chambre suivie par Grande Gueule. Blondy et moi restons silencieux sur le canapé. Je la prends alors vivement dans mes bras et lui murmure.

— Ne t'inquiète pas. Je ne nous laisserai pas mourir, pas maintenant.

Puis je me lève et laisse Blondy seule dans le salon. J'ouvre la porte de ma chambre, qui n'est pas vraiment rangée, cherche un sac ou une valise pour y mettre quelques vêtements et réfléchis. Ayano ne nous a même pas dit quelles affaires prendre exactement. Soudain ce qu'elle a dit à propos de cette case me reviens "Il n'y a pas de défi mais l'équipe et le joueur ne peuvent pas utiliser le moindre artefact ou pouvoir. Quiconque ne respecte pas cette règle meurt immédiatement."

Me basant sur ces informations, je me dirige vers la cuisine et prends un couteau bien aiguisé. J'ouvre tous les placards pour prendre tout ce qui peut me servir d'arme : ciseaux, alcool, verre, plateau pour se protéger, passoire, etc. Oui réflexe de survie vu qu'on n'a pas le droit d'utiliser nos artéfacts. J'hésite un peu puis je décide d'aller dans la salle de bain pour y prendre du fil dentaire : ça marche dans les films alors pourquoi pas ici ? Dans la trousse de secours je prends quelques bandages et un kit de couture, j'espère avoir la place pour tout mettre dans mon sac ! Puis je retourne dans ma chambre mais à peine je pose le pied à l'intérieur qu'un faisceau de lumière m'aveugle pendant quelques secondes.

Quand je réussis à rouvrir les yeux, je suis dehors avec les autres dans une grande allée dont le long des deux côtés est parsemé d'arbrisseaux taillés en forme d'oie colorée en jaune, vert, rouge et bleu. Au-delà de l'allée, un vaste jardin digne de celui de Versailles nous entoure donnant l'impression que la case est immense. En face de nous se trouve le fameux hôtel plutôt luxueux avec ces énormes balcons et son toit couleur corail reflétant les derniers rayons du soleil couchant.


Ayano s'avance laissant rouler derrière elle son énorme valise bleu ciel. Nous la suivons en restant sur nos gardes même si je ne comprends pas pourquoi Ayano ne nous dit absolument rien sur la stratégie à adopter. On s'arrête devant les géantes porte de l'hôtel et un écran virtuel s'affiche alors au-dessus de nous : Bienvenue dans l'hôtel de la L'Oie. Pendant votre tour vous devez respecter les règles sinon vous mourrez. La règle principale est « aucun joueur ou pion ne peut utiliser son artefact ou son pouvoir ». Comme une nouvelle équipe est présente à l'hôtel au même moment, « il est également interdit de se battre ou de porter atteinte à la vie d'une personne ». Des lois peuvent s'ajouter pendant votre séjour alors rester sur vos gardes. Nous vous souhaitons un agréable moment parmi nous, tant que vous vous montrez respectable vous pouvez rester autant de temps que vous voudrez ! Merci pour votre attention.

On ne doit pas se battre ? Alors cela veut dire qu'on ne va pas faire une bataille ? Je n'ai pas eu le temps d'interpeller Ayano qu'elle ouvre les portes du grand bâtiment. On entre dans une grande salle de réception et en face de nous, dans l'escalier géant, se trouve la cheffe des rouges. Nous restons tous sur nos gardes, les deux joueuses ne bougent pas d'un pouce et se fixent intensément. Même si l'on ne doit pas se battre, je dois protéger Ayano car en face on a quand même une équipe ennemie et même si la peur de mourir prend le dessus, je n'hésiterais pas à sacrifier ma vie pour Ayano... Mince c'est vrai ça, pourquoi je veux absolument la protéger au péril de ma vie ? Qu'est-ce que je ressens pour elle exactement ? Ah ! Je n'aime pas me poser ce genre de question ! Pourquoi je réfléchis autant avec elle ? Il y a quelque chose qui m'attire, mais je ne sais pas... En tout cas l'heure n'est pas à cette réflexion. En face de nous il y a la cheffe des rouges et je ne peux pas la laisser nous surprendre...

— Ayaaaaanoooooo ! crie-t-elle en sautant du haut des escaliers.

— Ryaaaaaaa ! répond Ayano en se jetant dans ses bras.

Les filles se font un câlin en tournant sur elles-mêmes nous laissant ébahis dans cette situation. Une fois qu'elles ont fini, la joueuse rouge se tourne vers nous d'un air circonspect.

— Eh bien, ils font une drôle de têtes tes pions. Pourquoi ils ont l'air si menaçants ? Tu ne leur as pas dit qu'on ne peut pas se battre ? demande-t-elle en tournant la tête vers Ayano. On est en terrain neutre vous savez, personne ne tue personne ici.

Ayano commence alors à rigoler puis carrément à se tordre de rire. L'autre cheffe rigole aussi puis Ayano se tourne vers nous et fait signe de s'avancer.

— Allez, ne vous inquiétez pas, ma stratégie pour cette bataille est tout simplement : du repos ! Dans l'hôtel on ne se bat pas et Rya est la joueuse avec laquelle je m'entends le mieux dans cette partie on va dire donc pour ce qui est de la tension ambiante il n'y a pas de souci à se faire.

— Roh t'es gonflé ! Tu pourrais lors dire qu'on est amie quand même ! rétorque-t-elle en faisant la moue.

— Je te l'ai dit Rya, tu te trompes, on est certes amie mais pour cette partie nous sommes ennemis. Si on avait été sur un autre case, tu n'aurais pas fait ce genre d'accueil je te rappelle. répond Ayano reprenant un semblant de sérieux.

— C'est sûr, j'aurais même pas eu le temps de le faire vu à la vitesse où vous auriez perdu. confirme-t-elle en riant légèrement de façon assez moqueuse.


Les filles se lâchent alors et Ayano reprend sa valise. Elle nous ordonne de la suivre et nous nous exécutons. La cheffe rouge l'arrête avant de monter les escaliers.

— Je sais je sais tu as raison. Mais votre équipe a souffert et on a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'arriver à la fin du plateau alors mieux vaut faire une trêve et laissons nos deux équipes respectives se reposer, d'accord ? demande-t-elle à notre maîtresse avec un grand sourire.

Ayano passe derrière elle et juste avant de monter sur la première marche elle lui répond avec un ton grave.

— Ça marche mais dès que c'est ton tour, la trêve s'achève.

Puis elle monte les longs escaliers suivis par nous tous en laissant son amie toute seule en bas, dans la grande salle de réception de l'hôtel. À l'extérieur, l'hôtel fait certes luxueux, mais à l'intérieur cet adjectif est un euphémisme comparé à l'immense palais dans lequel nous étions rentrés : de longs couloirs avec au sol un tapis rouge tinté sans fin, des rideaux brodés de couleur dorée accrochés aux grandes fenêtres, de géants lustres en diamants au plafond nous éclairant le chemin interminable vers nos chambres. Même les portes en bois massif blanc ont les poignées en or ! Et mon flair me dit que ce n'est en aucun cas du toc ! Ma main me démange pour dévisser toutes les poignées et les vendre car avec tout cet or je pourrais facilement devenir riche ! Heureusement ma lucidité me reprend : je suis dans un jeu, je suis là pour survivre et non pour devenir riche.


Alors que mon sac commence à se faire lourd à cause de cette longue marche, Ayano s'arrête enfin devant un énième couloir. Je pose mon sac, légèrement essoufflé avec le bonus mal de dos puis, quand je relève la tête, j'observe le même couloir interminable qui m'attends mais cette fois-ci le tapis et même les lumières sont dans une teinte de bleue. Ayano se retourne et annonce.

— Voilà nos quartiers. Toute la partie bleue de l'hôtel est à nous, la rouge de tout à l'heure est à l'équipe rouge et vous avez de l'autre côté une partie verte et jaune. La salle de réception et tout ce qui est en blanc ou en or est partagé par tout le monde. Si je me souviens bien dans chaque partie destinée à chaque équipe, il y a seulement les chambres, une cuisine et une salle à manger, le reste il faudra le partager avec les autres dans la partie centrale de l'hôtel.

— Du palace tu veux dire ! C'est énorme ici je vais me perdre sérieusement ! s'exclame Grande Gueule.


Tout le monde rigole puis chacun part dans sa chambre respective. Devant chaque porte, notre nom est écrit sur un écran virtuel qui se ferme une fois qu'on ouvre cette dernière. Je rentre donc dans ma chambre située entre celle de Grande Gueule et celle de Shadow.

— Waouh ! dis-je impressionné.


La chambre est trois fois plus grande que celle que j'ai dans le chalet. On dirait une chambre d'un roi : dans les teintes de bleue toujours, une table au milieu est entourée de quatre chaises rembourrée, un bureau bleu marine brillant, commode et armoire géantes bleu clair aux bordures en or. Bien sûr la chambre est illuminée d'un lustre aussi énorme que ceux dans le couloir et le lit... Trop cool ! Dès que je m'affale dessus j'ai l'impression de m'envoler pour le paradis. Celui-ci est un lit à baldaquin avec ses rideaux en soie et la couverture avec des motifs d'oies, est extrêmement douce. En me relevant je remarque également qu'il y a un tapis aux pieds de la porte en forme d'oie.

Luttant contre l'envie de me blottir dans ce lit, je me relève et sors les affaires de mon sac. J'avais pris pas mal d'outils pour me défendre mais finalement, dans cette situation, je n'en ai plus besoin et surtout il ne faut pas que je les utilise sinon je risque de mourir. Alors que je suis sur le point de rejoindre Ayano et mon équipe, je remarque un papier posé sur le bureau : "Règle additionnelle pour Bike : en aucun cas tu ne dois voir de filles nues ou de poitrine féminine. Si vous ne respectez pas cette règle vous mourrez."


— C'est quoi ce charabia ? je me demande sans réponse évidente.

Pendant que je reste figé devant cette nouvelle règle imposée par cet hôtel, la lumière de la chambre fait apparaître le derrière du papier où est inscrit autre chose que je n'ai pas encore lu. Je retourne sans plus attendre le papier : "Si vous dites à quelqu'un d'autre votre règle, vous mourrez également. Bon séjour parmi nous." Soudain on frappe à ma porte, et j'entends Ayano annoncer.

— Bike, Rya organise un repas entre nos deux équipes mais avant on se rejoint tous dans les bains communs ! Alors prépare-toi et viens nous rejoindre !

Puis je l'entends partir avant même que j'ouvre la porte... Mais deux secondes... Comment je vais faire moi avec cette nouvelle règle ?!







Le jeu de l'oieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant